Jack et la mécanique du cœur

Les rouages sont-ils rouillés ?

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Trop. Trop de poésie, de chansons, d’onirisme, de personnages un peu fous et de romantisme juvénile. Jack et la mécanique du cœur ressemble à ces projets parfaits sur le papier mais qui, mis en image, semblent tanguer dangereusement sans arriver à se stabiliser.

La plus froide nuit au monde
En 1874, à Edimbourg, une maman sur le point d’accoucher se rend jusqu’à la maison de Madeleine, sage-femme de son état. Parce qu’il s’agit du jour le plus froid au monde, le petit Jack a le cœur gelé. Hop ! Madeleine lui installe une horloge à la place. L’enfant est sauvé, mais sa maman s’enfuie. Cela tombe bien : Madeleine a toujours souffert de ne pas en avoir un à elle.
Pour ses 10 ans, elle accepte d’emmener Jack à la ville. Mais avant leur départ, elle lui rappelle les trois règles à toujours respecter s’il ne veut pas voit son cœur exploser : premièrement, ne pas toucher à ses aiguilles ; deuxièmement, maîtriser sa colère : et troisièmement, ne jamais tomber amoureux. Mais voilà : sa rencontre avec une petite chanteuse des rues, miss Acacia, bouleverse ses émotions. Et, pour elle, Jack traversera l’Europe jusqu’en Andalousie afin de lui déclarer sa flamme.

Un projet original
À l’origine de Jack et la mécanique du cœur, on trouve un album du groupe Dionysos du même nom, ainsi qu’un roman, tous deux composés par son leader et chanteur, Mathias MALZIEU et sorti en janvier 2009. L’artiste imagine une histoire romantique situé dans un XIXe siècle steampunk. Olivia RUIZ, Arthur H ou Alain BASHUNG chantent les aventures de Jack. Mathias rêve d’un film d’animation. Un jour, sur le plateau du Grand Journal, il fait la connaissance de Luc et Virgine BESSON d’Europa Corp (Taxi, Le Transporteur…). « J’ai parlé de mon fantasme de cinéma et Luc m’a demandé ‘Tu veux vraiment en faire un film ?’ Et je lui ai répondu : ‘J’adorerais ! Mon rêve, c’est de faire un film d’animation à partir de mes chansons et de mon livre parce que j’aimerais utiliser le côté poétique de l’animation’. » Virginie BESSON-SILLA s’empare alors du projet pour en devenir la productrice. « Quand nous avons rencontré Mathias MALZIEU, (…) c’était comme une évidence : il fallait qu’on produise le film. » Il faut dire qu’elle tout d’abord découvert l’album. Or, confie-t-elle, « j’ai été émue et séduite, tout comme Luc et nos enfants qui ont écouté les chansons en boucle pendant plus d’un an ! » Voilà pourquoi « il semblait logique que [Mathias MALZIEU] prenne les rênes du projet car il était le seul à connaître l’histoire aussi intimement et à pouvoir agencer la musique et la narration. » Toutefois, comme Mathias n’a jamais réalisé de métrage, « on était favorable à l’idée qu’il soit épaulé par un co-réalisateur qui puisse l’aider sur l’aspect technique », à savoir Stéphane BERLA. « Lui non plus n’avait jamais fait de long, mais [il]avait réalisé des clips », confie Sylvie.

La mélodie de l’amour
Très soigné visuellement (réalisé dans une jolie 3D, le film donne une apparence de poupées de porcelaine à ses personnages dont le regard a particulièrement été soigné. On s’amusera même à trouver de l’animation d’origami ou en pop-up !), Jack et la mécanique du cœur bénéficie par ailleurs d’un casting vocal irréprochable (Grand Corps Malade, Jean ROCHEFORT, Olivia RUIZ, etc.). Mais alors, comment expliquer notre déception ? La première scène de la rencontre entre Jack et miss Acacia illustre bien le piège de l’excès dans lequel le film tombe. Ainsi, pour ses 10 ans, Jack se rend à Edimbourg. Il croise Acacia jouant de l’orgue de barbarie et c’est le coup de foudre ! L’enfant entame alors un duo romantique au possible avec la petite demoiselle, multipliant les plus belles métaphores amoureuses. Celui qui aura gardé son âme d’enfant n’aura pas de problème à croire qu’un garçonnet peut ainsi poétiser. Les autres se montreront plus circonspects. En fait, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un univers de conte et que les règles du genre s’appliquent pleinement à Jack et la mécanique du cœur.

Sélectionné pour la 64e Berlinale dans la catégorie « Génération », Jack et la mécanique du cœur semble séduire. Nous ne doutons pas que le film rencontrera le succès et plaira aux plus jeunes. Pas sûr, par contre, que les parents qui accompagneront leurs enfants à la projection en sortant soient convaincus. Bien que séduisant, ce film souffre d’un manque définitif de crédibilité.

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Les citations sont extraites du dossier de presse.

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A propos de l'auteur

Nicolas-Penedo