L’histoire se situe dans la lignée de la série d’origine, durant la période où Dick Grayson a abandonné le costume de Robin pour celui de Nightwing, laissant le jeune Tim Drake prendre la relève auprès de Batman et Batgirl. Dans la scène d’ouverture, nous découvrons Batwoman, une femme vêtue d’un costume évoquant celui de Batman, équipée de gadgets similaires et dotée de la même farouche détermination. Malheureusement, ses méthodes expéditives et radicales ne sont pas du goût de Batman. Celui-ci ne connaît ni son identité, ni ses réelles motivations. Toutefois, il est convaincu qu’elle s’est lancée dans une guerre personnelle contre le Pingouin et Rupert Thorne, alliés dans un trafic d’armes illégales. Décidé à empêcher cette nouvelle justicière d’outrepasser la loi, notre chevalier noir se lance dans une double enquête sur l’identité de Batwoman et les agissements du Pingouin.
Le Bat-mystère
Qui est Batwoman? Tout l’intérêt de l’histoire se résume donc à cette question. Ce personnage est réellement intriguant, une ambiguïté règne toujours quant à la légitimité de ses actes. Batwoman semble toujours en avance sur Batman, son planeur lui permet de se mettre rapidement hors d’atteinte de ses poursuivants et son équipement est aussi efficace que celui de son modèle. Afin de brouiller les pistes, trois nouveaux personnages féminins sont introduits dans l’univers de Batman. Son alter ego, Bruce Wayne, va ainsi faire la connaissance de Roxanne « Rocky » Ballantine, jeune scientifique blonde et maladroite récemment intégrée dans les entreprises Wayne, puis de la séduisante Kathy Duquesne, fille du trafiquant d’armes Carlton Duquesne. Enfin, Batman rencontrera l’officier Sonia Alcana, nouvelle partenaire du sergent Bullock. Chacune de ses femmes va se révéler suspecte; l’une a un petit ami en prison par la faute du Pingouin, la seconde conteste les affaires illégales de son père, et les parents de la dernière ont tout perdu dans un incendie causé par Thorne.
L’intrigue principale est très bien développée, accumulant les fausses pistes qui font durer notre plaisir d’enquêteur et, pour peu de se laisser prendre au jeu, nous mèneront vers une conclusion surprenante. Les nouveaux personnages sont solides et leurs interactions avec Batman ou Bruce Wayne sont toujours intéressantes. On retrouve, dans le rôle des méchants, Rupert Thorne et le Pingouin, toujours adepte de parapluies meurtriers. Un autre personnage les rejoindra, le puissant Bane, un des plus dangereux adversaires de Batman. On appréciera les clins d’oeils aux personnages récurrents de la série tels que le commissaire Gordon et le sergent Bullock, ainsi que les répliques toujours avisées du distingué Alfred.
Une Bat-équipe
Nous retrouvons aux commandes une partie du staff de la série, dont le producteur Alan BURNETT et Michael REAVES, l’un des meilleurs scénaristes de la série, après Paul DINI, crédité ici comme consultant. La réalisation est confiée à Curt GEDA (aussi producteur du film), qui a déjà à son actif plusieurs épisodes de Batman ou Batman – la Relève, ainsi que le film Le retour du Joker. L’ambiance musicale est assurée par Lolita RITMANIS, compositrice sur Batman Animated et La Ligue des Justiciers, qui nous offre des partitions soignées, dont un joli thème pour Batwoman, qui rappelle celui du film Basic Instinct. Cette équipe permet ainsi une véritable continuité du film avec la série d’origine, conservant le design stylisé des personnages et l’ambiance néo-rétro de Gotham. Probablement accaparé par la série La Ligue des Justiciers, on regrettera l’absence au générique de Bruce TIMM. Brillant artiste, designer, scénariste et producteur de la série originale, Bruce TIMM est le créateur de des bat-séries, depuis 1992. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles on ne retrouve ni la splendeur graphique, ni l’ambiance sombre et l’audace novatrice de la série. Car, malgré ses qualités, La mystérieuse Batwoman ressemble beaucoup plus à un long épisode qu’à une oeuvre marquée d’ambition où se reflète le sentiment d’avoir voulu faire quelque chose de spécial, contrairement aux précédents films comme Batman contre le Fantôme masqué ou Le retour du Joker, qui conjuguaient qualités visuelles et scénaristiques.
Même un super-héros a des faiblesses
Si l’intrigue initiale est maintenue tout au long du film, l’intrigue secondaire est elle partiellement délaissée. On comprend l’acharnement de Batman à vouloir découvrir l’identité de Batwoman et mettre fin à sa vendetta, mais il est incompréhensible qu’il ignore le trafic d’armes de son vieil ennemi, le Pingouin. De plus, on nous présente un Batman moins ténébreux, vidé de cette substance sombre, à la limite de la psychose, qui caractérise sa popularité contemporaine et tout l’intérêt du personnage. Enfin, certains déploreront la présence trop discrète de Robin, ainsi que de la pétillante Batgirl/Barbara Gordon, dont l’appel téléphonique inquiet laisse peu d’ambiguïté sur ses sentiments vis à vis de son mentor. Si le film avait duré 90 minutes au lieu de 70, il y aurait sûrement eu matière à développer une histoire plus étoffée et un rôle plus significatif aux partenaires de la Chauve-Souris.
Sur le plan graphique, à quelques détails près, le design épuré et anguleux de la série, et surtout de la dernière saison, est respecté. Le personnage de Batwoman arbore un costume gris qui n’est pas sans évoquer celui de Batman – la Relève, et lui donne un côté nettement plus sexy et adulte que Batgirl. L’animation a été en grande partie conçue par ordinateur ; elle procure des lignes, des couleurs et des ombres tellement nettes que son intégration sur les magnifiques décors peints de Gotham City donne, dans certaines séquences, un aspect plat, sans relief, aux personnages. Les cycles de marche peuvent aussi parfois paraître « étranges », tout comme les perspectives parfois maladroites des véhicules. On retiendra alors le soin apporté aux explosions, ainsi qu’aux chorégraphies des combats, fluides et dynamiques comme celui de Batwoman contre les « femmes de main » du Pingouin.
Pour les voix, la version américaine a fait appel à des acteurs de télévision pour incarner les nouveaux personnages, tout en conservant les doubleurs attitrés de la série comme Kevin CONROY (Batman) et Efrem ZIMBALIST Jr (Alfred). Ce qui nous fera regretter une version française correcte, mais exempte de Richard DARBOIS, dont la voix posée et profonde collait si bien au personnage de Batman que son remplaçant nous devient très vite insupportable.
Le DVD offre 45 minutes d’extras dont le meilleur reste un court métrage musical, sans dialogue, illustrant une course poursuite entre Batman et Catwoman. À noter que le visionnage de certains extras n’est pas conseillé avant le film car on y révèle l’identité de Batwoman.
Cette nouvelle aventure de la Chauve-Souris, sans être la meilleure, reste un produit très fréquentable. Batman n’étant pas un dessin animé uniquement destiné aux enfants, les adultes pourront y prendre plaisir, en regrettant simplement le côté édulcoré du ténébreux chevalier. Un bonheur n’arrivant jamais seul, Batman va revenir bientôt dans une nouvelle série d’animation (prévue pour cet automne aux Etats-Unis) et un film live qui traiteront tous deux des débuts du justicier. Réjouissons-nous, Batman a encore de beaux jours devant lui !
A lire : notre article sur Teen Titans.
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