Chaque année, à Angoulême, a lieu le Festival International de la Bande Dessinée. C’est l’occasion pour le manga de s’ouvrir à un public plus large qui pouvait être de prime abord réticent au genre grâce à des expositions et conférences sur le médium. Si l’édition de 2015 a marqué les esprits de part sa magnifique exposition dédiée à Jiro TANIGUCHI, celle de cette année n’est pas en reste.
Hibana, dans les coulisses d’un magazine manga
Successeur du magazine Ikki (dans lequel était publié Sunny, Levius ou encore Les enfants de la mer), le mensuel Hibana, lancé au printemps 2015, était à l’honneur au Festival d’Angoulême. Une exposition présentait des dessins originaux des séries phares de la revue. Dorohedoro (publié en France chez Soleil) était bien évidemment mis en avant par le biais de nombreuses planches. C’était aussi le cas de Yukibana no Tora d’Akiko HIGASHIMURA et de Yuushatachi d’Inio ASANO, deux nouvelles séries d’auteurs que nous connaissons bien en France.
Pour représenter le magazine, Ayako NODA a fait le déplacement. L’auteur de Le monde selon Uchu (publié par Casterman) était elle aussi mise à l’honneur puisqu’on pouvait y découvrir Ikazuchi Tooku Umi ga Naru, sa nouvelle série, à travers la présentation de plusieurs planches originales.
Voilà donc une exposition plus que bienvenue dans le but de promouvoir un manga autrement mais accessible à tout le monde. L’occasion également de découvrir un magazine à la croisée des genres, proposant du contenu aussi bien pour les femmes que pour les hommes, dans lequel sont publiés des auteurs mixtes, débutants ou confirmés.
Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer que certains manga exposés aient tapé dans l’œil d’un des nombreux éditeurs français présents sur le festival.
Hommage à Katsuhiro ÔTOMO
Voici une information qui n’a échappé à personne : Katsuhiro ÔTOMO, le papa d’Akira, était le président de la 43e édition du FIBD. Pour l’occasion, une exposition regroupant des illustrations de 42 auteurs lui était dédiée. Un seul Japonais dans le lot, et pas des moindres puisqu’il s’agissait de Jiro TANIGUCHI, qui a dessiné une version de Kaneda bien dans son style…
Dans l’ensemble l’hommage était de bonne facture, d’autant plus qu’on a eu la surprise d’y découvrir deux illustrations originales de Katsuhiro ÔTOMO en personne.
Le seul véritable bémol étant le lieu (le sous-sol du théâtre), le maître méritant sans doute plus de visibilité.
A noter que Glénat a tiré à 999 exemplaires d’un magnifique guide de l’exposition et offrait un ex-libris sur son stand. Une initiative plus qu’appréciable qui ferait presque passer la pilule du report de la nouvelle édition d’Akira.
Jiro ISHIKAWA en marge du festival
Si Katsuhiro ÔTOMO était la tête d’affiche du Festival d’Angoulême, le coin off de l’événement a également mis à l’honneur un Japonais en la présence de Jiro ISHIKAWA.
Communément appelé FOFF, ce lieu regroupe des éditeurs et auteurs de BD underground dans un local à l’entrée gratuite et l’ambiance détendue. C’est l’occasion de découvrir des œuvres différentes, notamment grâce à une grande exposition qui était, cette année, dédiée à l’auteur nippon.
Des dessins originaux étaient bien évidemment affichés. Sur le stand du Dernier Cri, on pouvait trouver des livres auto-édités de Jiro ISHIKAWA ainsi que Shinko giron, magnifique ouvrage que l’éditeur français a publié pour l’occasion.
Cette exposition fait écho à Mangaro et Heta-Uma, qui avaient eu lieu l’an dernier respectivement à Marseille et Sète, dans son objectif, à savoir promouvoir une vision du manga différente, transgressive et décadente, expérimentale et intellectuelle. En somme, le FOFF régale les visiteurs qui osent s’y aventurer, en proposant un contenu que l’on pourrait qualifier simplement d’alternatif.
On a donc fait le tour des expositions liées au manga d’un festival qui s’est avéré passionnant, comme à son habitude. Si on ajoute à celles-ci les différentes conférences de Katsuhiro ÔTOMO, Ayako NODA ou encore Minetaro MOCHIZUKI, les nombreuses séances de dédicaces, les concerts de dessins et cetera, il y a forcément de quoi intéresser les amateurs de manga que vous êtes.
Joan Lainé
Toutes les photos sont © Thomas Chauvet
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