Masamune Shirow

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Une poignée de photos et de micro-teasers de l’adaptation live de Ghost in the shell a suffi pour enflammer la toile. Plutôt que spéculer sur la coupe de cheveux de Scarlett Johansson, AnimeLand vous propose de (re)découvrir l’auteur de cette saga-culte, Masamune Shirow.

 

Masanori Ota a longtemps cultivé le secret. Employé le jour, dessinateur la nuit, c’est sous le nom de plume Masamune Shirow qu’il se fait connaître dans le milieu du fanzinat. Black Magic, publié en 1983 dans le dôjinshi Atlas, démontre tout le talent graphique du jeune homme de 22 ans formé aux Beaux-Arts d’Osaka, mais avant tout son amour pour la science-fiction. L’univers cyberpunk de la série est détaillé sur la forme avec un dessin précis, et sur son fond, cohérent et dense.

La quantité d’informations à saisir y est telle que quand l’éditeur Seishinsha vient lui proposer un premier titre professionnel, c’est pour un volume relié, à contre-courant des prépublications en plein essor dans les années 80. Paru en 1985, Appleseed impose définitivement Masamune Shirow en maître du manga SF. Trente ans plus tard, la jolie Deunan et le cyborg Briareos sont encore en haut de l’affiche dans Appleseed Alpha ! Le manga, maintes fois adapté, repose sur les thèmes de prédilection de Shirow, dont le monde s’approche sans jamais les atteindre au fil des décennies : femmes au pouvoir, fusion homme-machine, société automatisée…

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Après Dominion, série potache, Shirow renoue avec ses obsessions dans Ghost in the Shell, son œuvre probablement la plus aboutie. En tout cas, la plus maniaque : les notes inondent les bas de pages, développant les informations sur, tour à tour, la nanotechnologie, les véhicules blindés, les réseaux informatiques, la psychanalyse… Ultra-documentée, la toile de fond de Ghost in the Shell est un écrin pour développer les enquêtes à tiroir du cyborg Motoko Kusanagi, à la tête de la section 9, prise au milieu de jeux de pouvoirs politico-économiques.

L’œuvre parue en 1991 est si riche que chaque adaptation peut développer une de ses facettes. Pour les films (1995, 2004), Mamoru Oshii a privilégié l’aspect philosophique lié au titre : le « ghost », ensemble de données définissant un cyborg quel que soit son corps, sa « coquille », est-il une âme ? La série Stand Alone Complex (2002, 2004) se concentre sur l’esprit cyberpunk de Ghost in the shell et plonge le spectateur dans un complot techno-politique. Quant à Arise (2013), elle développe la diégèse de l’œuvre en lui créant des origines, le prequel ayant pour objectif tacite d’unifier les adaptations passées.

Depuis un second tome de Ghost in the shell paru en 2001, Masamune Shirow n’a plus le temps de se consacrer à une nouvelle œuvre : il est réclamé pour superviser chaque adaptation et la recherche de documentation est chronophage. Il s’évade toutefois dans l’illustration, majoritairement destinée à un public adulte, où il exploite les nouvelles possibilités offertes par l’informatique. Fidèle à lui-même, Shirow reste tourné vers l’avenir.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon