Celui que l’on qualifie de digne héritier d’Osamu Tezuka, lui-même considéré comme le père de la BD nippone, est Naoki Urasawa. Modernes, intelligentes et formidablement narrées, ces œuvres dépassent le cadre du manga, faisant office de référence au sein du 9ème art.
Grand parmi les grands, Naoki Urasawa fait partie de ceux dont on se souviendra. Si aujourd’hui, le manga revêt l’habit d’un art plus digne, c’est en partie grâce à lui. Tout a commencé en 1988 avec Master Keaton, un formidable seinen mêlant à la perfection action et réflexion. Bien que régulièrement accompagné d’un scénariste, Naoki Urasawa s’est souvent plaint de la simplicité des premiers scénarii imposés, comme pour Pineapple Army en 1986. Ce qu’aime Urasawa, ce sont les thématiques fortes, les histoires à tiroirs, la mise en scène soignée, la documentation, la réflexion. Une combinaison qui sera celle de Monster (1995), un thriller prenant place en Allemagne, à l’époque du mur de Berlin, et que tout un chacun se doit d’avoir lu. À la qualité se lie la quantité puisqu’Urasawa a, presque toujours, travaillé sur deux séries en même temps, ce qui lui valut une grave blessure à l’épaule. L’auteur ne restera pas sans rien faire, profitant du temps libre pour enregistrer un album de rock (Hanseiki no Otoko).
Avec un graphisme relativement simpliste et une narration aux petits oignons, Urasawa se dote d’une bibliographie accessible, prouvant, si besoin est, que le manga sait se monter riche, réaliste et compatible avec un public étranger. Étudiant en économie durant ses années universitaires, Urasawa est qualifié de nouveau Tezuka via son accessibilité donc, mais surtout par l’universalité et l’intemporalité de son travail. Du maître Tezuka, Urasawa fera un remake d’Astro le petit robot, qui deviendra sa série/hommage, Pluto (2003). Mais le père d’Astro Boy n’en est pas, pour autant, l’unique source d’inspiration du jeune Naoki.
C’est un certain Katsuhiro Ôtomo qui aura eu un impact fort sur son identité graphique et son découpage : “Les oeuvres d’Ôtomo ont eu une grande influence sur moi. C’était à l’époque où je faisais mes débuts, mais le sens du mouvement dans ses mangas à cette période m’a enthousiasmé à un point que je ne peux toujours pas expliquer. J’aurais même pu envisager de me rendre dans ses bureaux à Kichijoji, pour demander à devenir un de ses apprentis. Mais je ne l’ai pas fait et c’est comme si je l’observais de loin depuis toujours.” (1)
Un parcours sans fausse note pour celui qui, au début des années 80, s’était présenté chez Shôgakukan pour devenir… éditeur !
Naoki Urasawa, c’est pour qui ?
Clairement, les œuvres d’Urasawa se prédestinent à un lectorat plutôt adulte. Cependant, même si vous n’avez jamais ouvert la moindre BD de votre vie, vous prendrez un grand plaisir à lire n’importe quelle histoire de l’auteur.
Bibliographie sélective :
- 1988 : Master Keaton – Kana
- 1995 : Monster – Kana
- 2000 : 20th Century Boys – Panini
- 2003 : Pluto – Kana
- 2008 : Billy Bat – Pika
(1) Propos relayés par le site français consacré à Naoki Urasawa, La Base Secrète, issus de l’article Katsuhiro Ôtomo vu par Urasawa.
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