PorCité : trois petits cochons

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PorCité nous raconte la vie de trois cochons adolescents aux préoccupations proches de celles des jeunes d’aujourd’hui: l’école, la famille, les sorties…
Mickey, jeune cochon de la campagne, est envoyé chez son oncle et sa tante, qui vivent dans la grande ville de PorCité. Il va devoir s’habituer à cette nouvelle vie citadine, ainsi qu’à sa nouvelle école et ses nouveaux amis. Mais surtout, il va devoir vivre avec ses deux cousins, aux caractères diamétralement opposés: Reggie, le hard-rocker et Martha, la pourrie-gâtée, placés sous l’autorité de tuteurs pendant les (trop) longues absences de leurs parents, toujours en voyages d’affaires (nous ne les verrons d’ailleurs jamais). Au fil des épisodes, on retrouve des personnages récurrents comme Brian (le petit génie), Betty Carbonara (le “canon” du lycée), Link Cormorant (le bellâtre) ou Dave et Trish (les tuteurs de Reggie et Martha). Suivant de près la mode actuelle des dessins animés télévisés mettant en scène des héros auxquels les jeunes spectateurs peuvent s’identifier (ici, des jeunes adolescents), mais tout en décalant le principe par le biais d’un design “porcin” (tous les personnages sont des cochons), d’éléments humoristiques rappelant leurs place dans le règne animal (comme une piste de danse qui ressemble plus à un bain de boue), mais aussi de scénarios au traitement très “sitcom”, PorCité est une série qui, sans révolutionner le genre, reste très agréable à suivre.

Alors que la première saison s’articulait autour de Mickey et du lycée, la deuxième saison apporte quelques changements. La grande nouveauté, c’est que cette saison, à la différence de la précédente, se veut plus ouverte. Alors que l’école était le sujet central, cette fois, Mickey et sa bande s’évadent. Nous les retrouvons dans l’ouest canadien, en forêt, en train, près d’un lac, au ski, dans l’espace…et même dans un univers virtuel.
Au niveau des personnages, et même si il acquiert plus de caractère, Mickey reste le personnage “straight” de la série. Reggie, par contre, qui est devenu le personnage préféré des téléspectateurs en raison de son côté rocker naïf, se voit accordé plus d’importance. Martha reste fidèle à elle-même, c’est-à-dire une fonceuse féministe et râleuse. Les histoires ont été écrites par des habitués de la première saison, ce qui a permis une véritable unité dans les scénarios. Connaissant bien l’univers et les personnages, ils ont pu aller plus loin. En effet, cette deuxième saison fourmillera de situations diverses, de lieux différents, de références à des personnages existants, comme EINSTEIN, la Reine d’Angleterre ou l’astronaute canadien Marc GARNEAU. De subtils clins d’oeils cinématographiques seront aussi présents. Ainsi, nous aurons droit à une parodie de la Matrice, mais différente de ce qu’on avait pu voir alors. Pour une série qui reste tout de même linéaire, avec des personnages aux motivations constantes, PorCité deuxième saison s’annonce comme un très bon divertissement.

Entretien avec Danielle MARLEAU, productrice de PorCité.

AnimeLand : Danielle, peux-tu nous parler de ton rôle de productrice?

Danielle MARLEAU : Je dois dire qu’il y a beaucoup de paperasse. La production, c’est comme jouer avec gros puzzle; il faut mettre en place les équipes (du côté créatif et artistique autant que du côté administratif), établir et vérifier les échéanciers, gérer les communications avec les différents partenaires et diffuseurs, éviter les problèmes et jongler avec les contraintes afin de développer le projet au mieux et dans les temps. Tout ça sans oublier l’aspect légal de la gestion de production et des contrats. En somme, c’est un vrai travail de chef d’orchestre. Ça, c’est le côté le moins glamour du poste de producteur. Sinon, j’interviens au niveau de la vérification des designs, des story-boards (ou scénarimages), et des autres étapes créatrices et artistiques, en consultant régulièrement le chef-réalisateur. Je voudrais aussi préciser que je n’avais pas en charge la première saison de PorCité; donc, pour cette nouvelle saison, beaucoup de choses étaient déjà en place au niveau créatif. Ma tâche était donc de poursuivre la série avec une continuité dans le style et l’esprit, mais tout en évitant d’être redondant.

AL: À propos du contenu, quelles sont les nouveautés offertes par la seconde saison de PorCité pour les spectateurs, mais aussi pour les artistes qui y travaillent?
DM: PorCité a une bible graphique établie que nous n’avons pas modifié. En partant sur cette base solide, ce sont les histoires qui ont été peaufinées, les caractères des protagonistes approfondis. Ainsi, Mickey, qui est un cochon de campagne venu s’installer en ville dans la première saison, a acquis beaucoup plus d’assurance. Il se place désormais comme un équilibre entre les deux extrêmes que sont Martha et Reggie. Ce dernier est toujours très impliqué dans son groupe de musique, et reste le personnage préféré. En ce qui concerne les artistes, il faut considérer le fait que tous les personnages de PorCité sont créés sur le même gabarit. La forme est identique pour chaque personnage, selon qu’il soit enfant, adolescent ou adulte. On les différencie ensuite par des modifications de visage (oreilles plus ou moins longues, groin), d’expressions, de costumes et d’accessoires. Cette particularité de la série permet de donner plus de jeu aux dessinateurs et animateurs; en effet, plus besoin de créer ou de s’adapter à de nouvelles formes de construction, dont il faudra ensuite trouver la façon de bouger. Avec cette forme porcine répétitive, une habitude s’installe. C’est un gros avantage pour la rapidité d’exécution, mais aussi pour se concentrer sur le mouvement et l’expression. Finalement, tout le mode y trouve son compte.

AL: Tu parlais du créateur de PorCité, qui est-il ?
DM : PorCité est un projet développé par Andy KNIGHT qui possède son propre studio, Red Rover Studios. Il est venu avec son idée; une collaboration s’est alors mise en place. En tant que créateur et chef-réalisateur, il a toujours un droit de regard sur la série; il crée et approuve, mais CinéGroupe coordonne. Il s’occupe donc de la réalisation à distance, vérifie les scénarios; il garde ainsi certains story-boards pour les exécuter dans son studio. Il contrôle le design de chaque épisode (les costumes, les décors, les effets et les accessoires) et demande un changement si besoin. Mais l’avantage avec PorCité et l’équipe en place, c’est le fait que tout le monde connaît bien la série et il y a rarement de commentaires négatifs de la part d’Andy KNIGHT. Tout s’est très bien passé sur la première saison, la seconde se déroule tout aussi bien.

AL : Combien de temps dure une production, telle que PorCité, et combien de personnes y travaillent ?
DM : Il faut compter 39 semaines par épisode; bien sûr, ces semaines se chevaucheront à mesure que nous recevons les scripts et avançons dans les différentes étapes de production. Dans une semaine, nous aurons certains épisodes en design, d’autres en story-boards, certains seront déjà en Chine pour l’animation, en correction de coloration dans nos locaux ou en doublage. Chez CinéGroupe, il y a une soixantaine de personnes qui travaillent sur une telle production. Si nous combinons avec les partenaires (Canada, France, Asie, etc.) et en incluant l’artistique et l’administratif, nous pourrions atteindre un chiffre de 300 personnes, avec des temps de travail plus ou moins longs dépendant des postes. Impressionnant, non?

AL : Tu n’as donc pas rencontré de problèmes majeurs ?
DM : Généralement, les problèmes que l’on rencontre sur une série d’animation concernent les échéanciers qui sont toujours serrés. Il faut que toutes les étapes de production soient bien planifiées afin d’éviter tout retard, mais aussi trouver une équipe artistique performante et efficace. Vous savez que produire une série animée est très long: nous parlons de création, de design, de story-board, de layout, d’animation, de coloration, de montage, de sons, de musiques, de voix. Sans oublier tout le côté administratif dont je vous parlais précédemment. Si tout est bien planifié, ça roule. Dès le début, PorCité s’est révélée une série sans conflit sur le contenu ou dans son partenariat. Mais il est sûr que nous ne sommes pas à l’abri des problèmes, surtout dans le contexte très aléatoire des co-productions. On en a vu de tous les genres.

AL : Pourrais-tu nous donner des exemples?
DM : Chez nous, à Montréal, il y a eu la crise du verglas de 1997. Elle nous a privé d’électricité sur plusieurs jours. Et sans électricité, pas de travail sur ordinateur ou sur table à dessin lumineuse. À l’étranger, dernièrement, nous avons composé avec le SRAS en Chine. Notre superviseur à l’étranger a été très chanceux car il a voyagé de Séoul à Shanghai, se fiant aux autorités chinoises qui avaient affirmé que les seuls cas de contamination se trouvaient à Hong Kong; ce qui est totalement faux, comme chacun le sait maintenant. J’ai appris que récemment, ils auraient coupé l’air climatisé dans le studio, en raison de la menace de contamination du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), ce qui a provoqué de nombreux évanouissements chez les dessinateurs. Dans le passé, en Inde, j’ai connu la mousson (saison des pluies) avec des inondations spectaculaires; la boue était partout et bloquait tout, au point de devoir fermer le studio. On a eu aussi des équipes en Croatie, prises sous les alertes à la bombe, attendant dans des bunkers de pouvoir enfin être rapatriées. En Inde, les conflits relatifs au cachemire (territoire fédéral frontière entre l’Inde et le Pakistan) ont secoué Bombay, au point que la ville a été fermée en raison d’une manifestation pour la paix. Finalement, tous ces évènements sont, de par leur nature, difficiles à prévoir. Par contre, il y a quelque chose de fascinant, au niveau humain, de pouvoir prendre conscience de ce qu’il se passe ailleurs, hors de nos frontières, et plus encore d’en être témoin.

CinéGroupe : Montréal s’anime.

CinéGroupe est une des plus importantes compagnies de productions indépendantes au Canada. Spécialisée dans le divertissement, elle développe, produit et distribue des longs métrages et des séries télévisées d’animation et de fiction ainsi que divers produits numériques interactifs pour les marchés canadien et international. Réputées pour leur grande qualité et récipiendaires de nombreux prix internationaux, les productions de CinéGroupe sont vues dans plus de 125 pays. La société a son siège social à Montréal, dans une rue du centre-ville, mais elle a également un bureau à Los Angeles et une représentation à Paris.

Au cours des dernières années, CinéGroupe a produit de nombreux dessins animés télévisés tels que Sagwa, Spirou, La Classe en délire, Sacré Andy, Méga-bébés, Princesse Sissi, La Bande à Ovide ou Jim Bouton. En matière de longs métrages, il y a eu Métal Hurlant 2. CinéGroupe produit aussi des séries en prises de vues réelles avec intégrations de 3d, comme Franchement bizarre (Canal J) ou Galidor (diffusé sur la BBC). Aux États-Unis et au Canada, Sagwa a remporté un énorme succès et a gagné un Emmy (prix récompensant un apport à l’industrie télévisuelle). Enfin, en Europe, la série Princesse Sissi a obtenu un excellent taux d’écoute.

Toujours actif, CinéGroupe ne semble pas vouloir s’endormir sur ses lauriers et continue de jongler avec de nouveaux projets. Ainsi, outre la deuxième saison de PorCité, la production d’une deuxième saison de Sacré Andy est sur le point de se terminer. Mais c’est avec la 3d que CinéGroupe se montre plus ambitieux. Tout d’abord avec Pinocchio 3000, un long métrage de science-fiction, réalisé par Daniel ROBICHAUD (qui a travaillé sur les effets numériques du Cinquième Élément et de Terminator 2), qui revisite le célèbre conte italien. Mais aussi avec Tripping the Rift, une série 3d de science-fiction parodiant Star Wars, pour laquelle CinéGroupe s’est associé avec le géant de l’animation Film Roman, producteur des séries à succès The Simpsons et X-Men Evolution.

Remerciements à Marie-Christine DUFOUR, responsable marketing et communications chez CinéGroupe.

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