Usagi Yojimbo, le lapin nippon

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C’est à Stan SAKAI que l’on doit cette oeuvre sans pareille. En 1987 l’auteur lance sa série aux USA, reprise par Fantagraphics Book INC dans une édition de 150 pages en moyenne pour un prix d’environ 16 dollars. 13 volumes en noir et blanc paraîtront, avant que Dark Horse ne reprenne la flambeau dans une édition équivalente en 1998. Il existe également un volume hors série intitulé : Space Usagi Spécial. En France, il faut démarcher les librairies travaillant l’import américain pour avoir une chance de tomber sur une de ces merveilles du chambara.

Du pur chambara
Usagi Miyamoto est un ronin, errant dans le Japon du 17ème siècle à la recherche d’aventures, de combats, et d’employeurs. Usagi est ainsi un Yojimbo, un garde du corps. On ne saurait réfuter l’analogie entre MUSACHI Miyamoto et Miyamoto USAGI, entre autres ressemblances. Tout au long de son périple, Usagi rencontre des grands bretteurs, des êtres fantastiques, des villages maudits, des bandits de grands chemin, des ninja assassins, des maîtres félons, des femmes guerrières, des moines. Comme on le voit, on retrouve nombre de personnages récurrents dans les oeuvres de chambara, donnant lieux à des histoires dont la narration, tantôt lente et contemplative, tantôt vive et énergique, répond aux codes du genre. Là où le travail de l’auteur devient réellement fabuleux, c’est dans sa peinture des gestes de la vie quotidienne d’alors. Dans l’épisode Daïsho, nous est par exemple détaillé tout le déroulé de la création d’un sabre de samouraï. Souvent, alors que les personnages discutent, on les voit s’occuper à tamponner le fil de leur lame ou à jouer dans une fête de village. Parallèlement aux histoires, Usagi Yojimbo regorge ainsi de ces morceaux de réalisme qui donnent toutes ses lettres de noblesses à cette oeuvre puisque étant purement gratuits et donc relevant d’une vraie démarche.

Le faux du vrai
Alors, Usagi Yojimbo peut-il être comparé pour autant à un Lone Wolf ou autre Kamui ? Et bien non. Car cette oeuvre a une particularité singulière : son dessin. Stan SAKAI se fait ainsi véritablement plaisir, posant sa marque dans l’histoire du chambara en optant pour un dessin fantaisiste, où les personnages sont des animaux. Usagi est ainsi un lapin, et les autres protagonistes des chiens, cochons, rhinocéros, sangliers, ours etc. On pourrait se livrer à une étude approfondie des choix de ces animaux selon les personnages qu’ils campent, leur caractère comme leur particularités physiques (Usagi est un lapin, symbole de rapidité, ce qui caractérise par ailleurs ce bretteur). Cette fantaisie n’est certes pas innocente. Les histoires proposées par l’auteur sont sombres et parfois très violentes, comme il se doit pour une oeuvre de chambara. Mettre en scène des personnages animaliers dédramatise inconsciemment les moments les plus durs, et la mort des seconds couteaux en devient presque humoristique au vue de leur mimiques. Usagi Yojimbo peut ainsi être lu par un plus large (et plus jeune) public. Autre sujet d’amusement dans cette oeuvre : comment apparaissent, dans ce cas, les animaux domestiques ou sauvages ? Là encore la fantaisie de l’auteur s’exprime sans soucis de réalisme et ajoute une touche de merveilleux supplémentaire. Stan SAKAI met ainsi en scène des mini-dinosaures et une hydre tricéphale. Les chevaux, éléments intégrés au personnage du bretteur, apparaissent eux en tant que monture comme il se doit.

L’auteur, récompensé par un EISNER Award pour son oeuvre, réussit donc le pari d’être rigoureusement fidèle à l’esprit chambara, n’en trahissant aucun code, et de s’amuser avec les éléments qui ne portent pas à conséquence quant à la véracité historique. Traduit en français, Usagi Yojimbo ne manquerait pas de remporter un franc succès, l’oeuvre pouvant s’adresser à un très large public.

© Stan Sakai

Le site de Stan Sakai : stansakai.com
Le site officiel de Usagi Yojimbo : usagijojimbo.com

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