Wanted : Zombie Powder

0

Elwood feint de s’accoquiner avec des malfrats pour amasser suffisamment d’argent et payer l’opération de sa soeur aînée, Sheryl Ann Shepher, atteinte d’une maladie cardiaque. Il endure les brimades de sa bande mais pense pouvoir les quitter sans encombre. Gamma met en garde Elwood car le jeu qu’il croit mener à l’insu de ses ” collègues ” est dangereux. La prédiction se vérifie car les bandits viennent semer la pagaille chez Elwood et tuent sa soeur. Gamma se débarrasse des intrus et prend le garçon sous son aile. KUBO-sensei confie que « Elwood » est le nom du directeur d’un label de disque américain. L’étoile sur ses vêtements (à la Terry Bogard de Fatal Fury) est, quant à elle, le symbole d’une marque qui fabrique des habits bon marché. Le jeune garçon est de nature sincère. A n’importe quel moment, son comportement extérieur traduit exactement ce qu’il est intérieurement. Sa volonté de ne pas être un poids pour ses compagnons de route le fera triompher d’un adversaire redoutable. Sa sincérité convaincra ce même adversaire de changer de voie ! De par sa jeunesse, Elwood est peu patient mais sait souffrir, endurer et supporter afin d’atteindre l’objectif fixé. Pourtant, Gamma abandonne Elwood à la fin. Souhaitant qu’il décide par lui-même de la tournure à donner à sa vie. Séparation momentanée ou définitive ? Les paris sont ouverts !

La tête de Gamma est mise à prix partout dans le pays. Considéré comme un dangereux criminel et surnommé ” La mort au bras noir “, son périple est jonché d’ennemis qui le harcèlent. De plus, il est l’hériter officiel de l’arcane Karinzanjutsu issu du Pays de l’Est. Seules 15 personnes ont acquis cette technique propre aux assassins durant les 2000 années passées. Il faut en moyenne 32 ans pour la maîtriser pourtant Gamma l’a fait en 4 années ! Au vu des premières planches, Gamma n’apparaît pas comme un mauvais bougre. Certes, il râle souvent mais intervient, toujours de manière assez théâtrale, pour sauver la veuve et l’orphelin. Est-ce un criminel en quête de rédemption ? L’impitoyable et facétieux Balmunk, un assassin qui voyage sous couvert d’un cirque, certifie qu’une odeur de sang plane autour de Gamma, un faucheur d’humains. Gamma assure qu’il a changé. Néanmoins, il libère un bref instant son aura maléfique quand sieur Balmunk ironise sur la mort d’une femme chère à Gamma. Se retenant in extremis, il argumente être en quête de force et non de folie comme par le Passé. Les rapports entre son âme et son corps sont balancés, via l’ingestion d’un médicament. Même s’il ne veut, ou peut l’avouer, Gamma contient encore des caries mentales telles que : complexe, refoulement, agressivité et angoisse. La mystérieuse femme qui lui sert de garde-fou est décédée, toutefois elle le hante. L’a-t-il tuée « accidentellement » ? Se reconnaît-il en Elwood qui cherche à redonner vie à sa soeur ? Il se pourrait qu’il ait envie d’agir pareillement. Elwood est un humain, Gamma ne l’est plus…

D’âge inconnu, parfaitement ambidextre, C.T.Smith est le partenaire de Gamma. Son accoutrement très ” british ” et ses allures de représentant commercial cachent en réalité un tireur d’élite. Usant de ses automatiques avec dextérité et justesse, faisant preuve d’un comportement impitoyable lors des combats et se déplaçant plus vite que son ombre, Smith recèle bien des secrets. Une certaine nonchalance se dégage de l’individu. Sûr de lui-même, l’énergie se dépense sans agitation ni effort. Pourquoi se hâterait-il puisque son talent lui permet d’abattre les obstacles avec une déconcertante facilité ? Hors des rixes armées, son humeur est permanente, calme, égale. En arrière plan, une question se pose sur son compte : Est-il là pour surveiller Gamma? En effet, Smith est celui en charge des médicaments, il contacte le « médecin » quand il est à court. Gamma refuse le défi, même quand Smith lui fait la leçon sur Elwood.

Wolfgangina Lalla Getto, alias Wolfina, est journaliste à scandale et traque les mines patibulaires. Son arme : les photos compromettantes ! Sachant se défendre, elle manie habilement un trépied d’appareil photo. La police de la ville a un total respect envers elle. Wolfina est une sorte de madone de la Justice à ses yeux. Selon Wolfina, son métier sert à protéger les faibles du Pouvoir qui l’a empêché de sauver son jeune frère, Emilio, tombé inexplicablement dans le coma. Ayant un vieux compte à régler, elle a donc fait du redressement de torts son cheval de bataille. Le problème, c’est qu’elle vit pour Emilio et s’est enfermée dans une cage. Lorsque le Roi de l’illusion, Balmunk, veut mettre à sac l’hôpital et récupérer la « bague des morts », la cause du coma d’Emilio, Wolfina s’interpose. En elle, Wolfina culpabilise pour l’état pitoyable de son frère car c’est elle qui l’a envoyé chercher la bague. Elle rejette la faute sur les autres, le Pouvoir, les autorités, qui l’ont retenue le jour de l’accident. Veut-elle réellement réveiller son frère ? S’il se réveille, il la haïra certainement pour ses tourments. Wolfina préfère-t-elle être tourmentée par un type vivant qu’être aimée par un mort ? Gamma lui redonne espoir en affirmant connaître un « médecin », Nazna Gemini, capable d’ôter la monstruosité qui ruine le corps d’Emilio. Pour cela, elle acceptera d’être un cobaye humain pendant un an dans un laboratoire de recherches.

Pour connaître l’une des significations du titre Zombie Powder, il faut aller chercher du côté du volume 6 de Psychometrer Eiji. Shima y explique ceci en conclusion de l’affaire « Cadavres hilares » : En Amérique du Sud, un homme appelé « le sorcier » pratique la magie noire au sein de sectes locales et concocte un mélange d’herbes médicinales lui permettant de manipuler quiconque consommerait la mixture. Les victimes, complètement lobotomisées, deviennent des pantins entre ses mains… La potion du sorcier se nomme « zombie powder » et se rapprocherait des drogues les plus dures. Dans le manga, les ” bagues des morts ” sont assoiffées de vie et font leur proie des « zombie powder ». Les êtres vivants qui entrent en contact avec de pareils anneaux, sont gagnés par un sommeil profond aux allures de coma, jusqu’à leur mort les malheureux ressentent une terrible douleur ronger leur organisme. D’ailleurs, la case montrant Nazna se préparant à opérer, suffit à faire comprendre qu’une belle boucherie se prépare… Au Japon, le mot « Bakemono » convient davantage aux fantômes et revenants qui occupent une large place dans le théâtre Nô, le Kabuki et la Littérature du 17e au 19e siècle. A noter que les « objets fantômes » sont également qualifiés par ce mot. Parfois, « bakemono » est employé en argot japonais. Très populaires dans la littérature enfantine, les bakemono ont traditionnellement une bonne raison, justifiée ou pas, d’apparaître et d’agir comme ils le font. L’ « Obake », terme désignant un fantôme à la silhouette humaine, appartient aux légendes et contes populaires. A ce propos, un sympathique fantôme, nommé Oba-Q, est le héros d’un manga destiné aux enfants.

Zombie Powder est un Shônen manga pur et dur. Peut-être même un peu trop…ce qui expliquerait sa courte existence. KUBO-sensei plante un décor intéressant, campe des personnages qui laissent présager le meilleur, distille une action forte et sans concession, et pourtant l’histoire a du mal à décoller. Les scénarii des 4 volumes sont répétitifs : Gamma fait une rencontre imprévue, Gamma joue les durs, mais Gamma surgit systématiquement au moment où sa nouvelle connaissance se destine à une mort « certaine ». L’unique rebondissement (?) survient à la fin, quand Gamma quitte Elwood (alone poor cow-boy). Que s’est-il passé KUBO-sensei ? Jugement impitoyable des jeunes japonais qui aurait précipité la coupure ? Décision éditoriale ? Souhait de l’auteur ? Quoi qu’il en soit, le pauvre lecteur reste incontestablement sur sa faim. Dommage car le trait du maître est agréable, se rapprochant d’un Saiyuki. Les protagonistes ont une silhouette effilée, la gueule allongée et un peu cassée arborant une légère expression « je m’en foutiste » irrésistible. Les formes généreuses de Wolfina rappellent Fujiko, la dangereuse et séduisante rivale de Lupin III. Les trames sont intelligemment exploitées, sans excès, rendant les planches aérées et lisibles et rappelant parfois le Shôjô. L’humour côtoie les combats sans fausse note. KUBO-sensei parsème les volumes reliés de crayonnés et de fiches d’identités exposant de savoureuses informations sur ses personnages. Un gros travail a été effectué sur les noms de chacun, ainsi que sur les titres des chapitres et des volumes, souvent liés au monde de la musique (titres et paroles de chansons, petites phrases chocs lancées par les artistes, etc.). D’ailleurs, le morceau « Zombie Powder » conclut l’histoire. Des nouvelles anecdotiques, sans intérêt, exceptée celle de Bad Shield United, font tâches ! La dernière création de KUBO-sensei est le manga Bleach où l’auteur paraît mieux se dépatouiller dans l’exposition de son développement. Espérons qu’il ne l’achèvera pas en ” queue de poisson “…
Le manga traite tous les clichés du western, via un présent et un monde fictif. Si l’idée de départ est alléchante, son exploitation reste inachevée… Fautes de réponses claires, Zombie Powder est conseillé seulement pour son graphisme.

Parlez-en à vos amis !

A propos de l'auteur