Avec toute la pub faite autour de ce film, on ne peut qu’en avoir entendu parler. Voilà des années que Luc Besson planche sur ce dixième et dernier film (du moins, annoncé comme tel)… Voyons voyons ce qu’il en ressort.
Tout d’abord, l’histoire dans ses grandes lignes : Arthur est un garçon de dix ans délaissé par ses parents, qui vient de passer une année en pensionnat et demeure chez sa grand-mère pour les vacances d’été. La vieille dame vit seule depuis la disparition mystérieuse de son mari voilà quatre ans, et a de graves problèmes pécuniaires qui la mettent à la merci d’un promoteur véreux. Pour sauver la maison, le jeune Arthur va alors tenter l’impossible : passer dans l’univers des légendaires Minimoys, et retrouver le trésor que son grand père aurait jadis enterré dans le jardin…
Je dois dire que j’avais un peu peur d’être déçue par ce film à la lecture du synopsis. L’histoire du trésor légendaire et des promoteurs sans scrupules, ça sentait le réchauffé à cent kilomètres et me faisait furieusement penser au cultissime film de Donner, Les Goonies. Quant aux lutins, même leur nom m’évoquait les Minipouss, ou le concept de l’humain qui rétrécit et part explorer son jardin, Chérie j’ai rétréci les gosses.
Après visionnage, et même si le scénario n’a rien de bien révolutionnaire effectivement, je suis ressortie avec le sentiment de ne pas avoir payé mon billet pour rien.
Le plus impressionnant est sans aucun conteste la partie technique. C’est un véritable spectacle pour les yeux. L’animation est superbe, digne des films Pixar ou Dreamworks sans aucun problème. Certains effets sont de toute beauté, je pense par exemple aux effets de lumière sur la bulle jaune quand Arthur passe chez les Minimoys, ou à la séquence dans le coquelicot. Les matières sont vraiment très bien rendues, on aurait presque l’impression de sentir la douceur du lit de pollen.
Le design des personnages est aussi très sympathique. Assez mignons, ils ont chacun leur particularités les rendant uniques : aucun lutin ne ressemble à un autre.
Le monde des Minimoys est également très inventif : les méchants ont des moustiques pour montures, on se sert de boules de poils lumineuses pour éclairer, la grande barbe imposante du roi est en fait un drôle d’animal vivant à fourrure blanche, accroché au cou du souverain…
Le films regorge de références et de clins d’œil. La première et l’une des plus évidente renvoie au roi Arthur (référence qui justifie peut-être le choix du prénom pour le personnage principal ?), avec la fameuse épée plantée dans le roc. On pourra voir ensuite des références à Fritz Lang avec M le Maudit (prénom du méchant), Harry Potter, Star Wars (j’ai adoré le personnage de Darkos !)… Un plan live, au début du film, m’a fortement fait penser à Dark Water (chute d’Arthur dans le réservoir), mais je vois peut-être des références partout aussi.
On peut donc vivement saluer la performance technique et imaginative de la partie animée.
L’autre grande partie est en prise de vues réelles. Le film mélange en effet les deux techniques, et très brillamment. Les transitions sont impeccables, et l’ensemble parfaitement homogène.
J’ai trouvé cette partie moins réussie que la partie « animation » cependant. On est ici dans le pur film pour enfant. Les gags sont assez peu recherchés, je pense à l’arrivée du promoteur par exemple. A ce niveau là, ça sent un peu les Goonies ou Maman j’ai raté l’avion avec des méchants débiles, mais en moins drôle. Les parents d’Arthur sont également très caricaturaux, limite grotesques : on n’y croit pas une seconde. Mais bon, on peut voir là la volonté de rendre les scènes un peu loufoques, comme dans Harry Potter par exemple (je pense à HP et le prisonnier d’Azkaban, avec la tante Marge au plafond). Reste que dans Harry Potter, et surtout quand on a lu le livre, les personnages ont tous une motivation et sont crédibles : dans Arthur, il est difficile de cerner les parents autrement que comme des bouffons, des caricatures de gens vénaux et égoïstes.
Mais je commence à toucher là au scénario. Comme je m’y attendais, cette partie était moins réussie mais pas non plus catastrophique. L’histoire tient la route, et même si elle ne propose rien d’innovant, pas de différents niveaux de lecture qui auraient pu contenter enfants et adultes, elle n’en reste pas moins divertissante. Les ficelles sont toujours les mêmes, et toujours efficaces : comme dans des tas d’autres films on aura droit à de l’action, à la petite histoire d’amour (vite bouclée tout de même dans Arthur !), à de multiples préparations au début avec paiement à la fin (exemple : le promoteur shoote dans une petite voiture au début du film, sans raison apparente d’ailleurs. La petite voiture tombe dans un trou… On la retrouvera en fin de film, et elle sera bien utile, comme quoi, le hasard fait bien les choses !).
On pourra noter, en point faible du film, des incohérences au niveau du scénario. Par exemple, Arthur tombe dans un réservoir d’eau, on se dit « aïe, il est dans la mouise » (d’autant que le plan est filmé comme Dark Water, et dans ce film la gamine y reste) et deux minutes après, il est de retour et fait comme si rien n’était, il est juste un peu mouillé. D’autre part, je n’ai pas compris d’où sortaient les africains en pleine nuit, si quelqu’un a vu le film et peut m’éclairer… L’histoire de la corde est assez moyenne aussi, pendant deux minutes les héros ont un problème car ils n’ont pas de corde (ce qui introduit un gag plus ou moins bon), et cinq minutes après, dans une autre situation, ils ont une corde cette fois…
Sur les choses que j’ai trouvées bof bof, au niveau des personnages, les personnages rastas et djeunz. On dirait que c’est une nouvelle « ficelle » des films d’anim en ce moment, il faut toujours un perso « chébran », dans la « vibe », avec un langage de « djeun » et une « cool attitude ». Bof, celui là était plutôt vulgaire, en tous cas, vu que le film s’adresse à un jeune public, le rasta qui se fait un joint, c’est moyen.
De même, la princesse est parfois trop poussée dans son côté guerrière j’ai trouvé. Le film mise aussi beaucoup sur son côté sexy. Je n’ai absolument rien contre les femmes guerrières et sexy, bien au contraire : mais tout de même, de la part d’une princesse on aurait aimé un peu plus de distinction dans l’attitude, où est passé la noblesse d’une Lady Oscar ???
Enfin, pour terminer, je dirais que la structure du film fait un peu fouillis parfois, pas assez poussée. On perd un peu le but de l’aventure (trouver le trésor) à force de péripéties. Le plan du méchant est un peu naïf. La structure du royaume (on nous parle de 7 terres) est trop peu évoquée et on a l’impression que tout se déroule dans un périmètre très limité, notamment à la fin du métrage.
Voilà, je crois que j’ai fait le tour.
En conclusion : un véritable festival visuel, une excellente technique, un scénario pas révolutionnaire, mais pas déplaisant et sans prétention. Un bon divertissement donc, à voir si vous voulez passer un bon moment !
Edité par akiko_12 le 16-12-2006 à 20:24
