U (Le titre chiant dans le moteur de recherche…)

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Posté dans : Anime / Manga

  • Kaiser-Panda
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    Kaiser Panda le #147323

    Ce métrage est une perle.

    U est un film d’animation français, issu du même studio (& réalisateur je crois) que Loulou & Autres Loups, compilation de courts sorti il y a quelques temps déjà. Je conseille ce film à tous. Sous son air enfantin & bon enfant se cache une histoire traitée avec une sensibilité, une pudeur & une simplicité inoubliables.

    Le contexte en deux mots : U, la Licorne, débarque du jour au lendemain (d’une seconde à l’autre serait plus proche de la vérité) dans la vie de Manon (jeune rate traitée comme une quiche par son reste de famille), ce dans le but d’être « toujours a ses cotés ». OK. Normal. On accepte ce fait, sans se poser plus de questions. Quelques années plus tard, débarque une joyeuse & hétéroclite troupe de « musikiens », Les Oué Oué : deux lapins, un loup (Rouge, comme par hasard), une souris, un chat & un lézard. Ceux-ci vont bien entendu changer leur vie, tout en révélant finalement au passage la vraie nature de U…

    Au début, je l’avoue, j’y suis allé un peu pour « soutenir » le truc, d’autant plus qu’une personne que je respecte beaucoup a travaillé dessus (quelle étrange sensation que de voir son nom au générique !!) : je n’ose dire son nom sans autorisation, mais sachez juste qu’elle traîne parmi nous régulièrement (salutations à toi, et félicitations sincères d’avoir bossé sur ce sacré projet, si tu me lis !). Le design guère attirant (je l’avoue) et une intrigue totalement inconnue ne m’encourageaient donc pas, mais au bout de cinq minutes, on est déjà dans l’enchantement, sans se forcer une seconde.

    Les dessins & décors simples (simplistes ?) sont très (très) largement compensés par une mise en scène maîtrisée dans les moindre détails, à commencer par ce qui saute immédiatement aux… oreilles : le doublage. Franchement, c’est réellement un film à entendre plus qu’à voir, et c’est assez rare pour être souligné : les acteurs sont tout simplement énormes de crédibilité, les manières de parler sont extrêmement… J’hésite entre « bien travaillées » ou au contraire « super naturelles », mais en tout cas on est (très) rapidement charmé, ce quelque soient les personnages. Deuxième chose à écouter : la qualité des dialogues qui parsèment le film. “Spontanéité” & “répondant” semblent être les maîtres mots : les répliques s’enchaînent à une vitesse folle, et font toujours mouche, c’est assez impressionnant. Sélection :

    « C’est quoi ton nom ?

    – U…

    – Ah…

    – Non, U.

    – Ah ! U ! »

    « Je m’appelle U. U, comme Unique !

    – U ? U comme Umour ? Ou comme dans amUUUUr ? Ya plein de U dans amUUUr !!

    – Exactement !

    – Tu veux dire que tu es dans tous les mots où il y a U ?

    – Tout à fait !

    – Dans les gros mots aussi, alors ?

    – Ah non ! Ça, sûrement pas ! »

    « Dites, si il reste au fond [de l’eau], il faudrait aller le chercher…

    – …

    – …

    – Dites, il reste au fond, il faut aller le chercher… »

    « Dis, j’ai un secret a te dire…

    – Ah ? Ben vas y…

    – Dis, j’ai une dernière chose à te demander, avant…

    – Quoi donc ?

    – Tu pourras me faire rire, après… ? »

    « Suis moi, et surtout attention à ne pas tomber, avec ton ventre !

    – Non mais oh ! Qu’est ce qu’elle a, la maigrichonne ? »

    « Les jeunes filles DOIVENT connaître le bonheur…

    – Les lézards aussi. »

    Bref. Ça a l’air nul, dit comme ça, mais… Un grand respect pour le dialoguiste, qui donne toute sa saveur au film. Il y a aussi tout un tas de magnifiques jeux de mots autour de « U », que j’évincerai ici pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte… (mais j’en sourie encore)

    Pour rester dans l’auditif, n’oublions pas la musique, riche & entraînante, signée Sanseverino. Je ne suis pas fan de ce charmant monsieur, mais il avait déjà pondu un bon travail sur Loulou, et remet ici le couvert de manière convaincante, à base de guitare sèche & de violon essentiellement, dans des rythmes toujours entraînants, entre deux passages plus mélancoliques… J’ai cru reconnaître un thème connu (qui réapparaît dans le générique) mais je ne m’avancerai pas plus, ne connaissant pas réellement la discographie du bonhomme. Bref, une OST tout a fait achetable.

    Coté mirettes, c’est assez simple, donc, tout en étant compliqué. On a affaire à de la 2D pure pour les persos, mais pour les décors c’est autre chose a mon avis. Ça ressemble à de vulgaire cellulos découpés grossièrement (je pense particulièrement aux plans de forets, ou de nuages), mais on sent quand même l’usage de l’informatique, notamment dans quelques effets (très) discrets d’eau, d’herbes ondulant au vent ou de colorisation (effet aquarelle, mais en mouvement). Pas de surenchère, ceci dit, ce n’est pas la philosophie ici.

    Coté animation, j’avais un peu peur, mais non, c’est très fluide & agréable à l’œil.

    L’histoire, en apparence banale, trouve en définitive une identité propre, et intéressante. Les personnages développent tous leur propre personnalité, allant de la directe U à la (très) égoïste Mona, en passant par le chat blasé, le lézard optimiste & le père frustré. Une belle galerie, quoi. Le rôle de U & son évolution sont pleins de symbolique au final, et le récit se termine en tout cas de manière inattendue et donne une touche unique à ce bijou. U est pleine de vie & ses coups de blues voire les moments où elle craque, sont très (très) bien rendus : fussoirs garantis, j’ai frissonné plus d’une fois. Je n’en dis pas plus, pour éviter l’apparition du démon spoil. Le jeu d’acteur est encore une fois monumental. J’assume chaque mot utilisé : c’est du jamais entendu (pour moi) dans un DA (à part Loulou peut être, justement, et encore).

    Coté (mini) regrets, à part que c’est toujours trop court (95 minutes), quelques designs eurent quand même pu être améliorables. Déjà l’aspect général de cartoon ne plaira pas a tous, c’est sur, mais moi je pense plus à ces nez géants dont je ne suis pas très fan. M’enfin, je pinaille, quoi… Surtout que malgré tout, j’ai adoré le dessin de U (très charmante : un nez en patate mais des yeux de toute beauté, et quand ses cheveux volent, oulala !), du chat & de Mona enfant.

    Chose sympathique, si vous allez voir ce film, vous pouvez vous amuser à essayer de trouver dans le film le plan ou apparaît… un (sacré) clin d’œil à Loulou & Autres Loups : c’est discret bien sur, mais toujours rigolo ce genre d’initiative (un peu comme dans Pompoko, en fait)

    Conclusion : ça a l’air d’un film pour enfant, ça a la musique d’un film pour enfant, ça a le dessin d’un film pour enfant, mais l’efficacité redoutable de l’humour, du jeu d’acteur & le traitement intelligent des sentiments de chacun en font définitivement un film pour adulte (ou ado, si on n’est pas trop wesh wesh), que je conseille au plus grand nombre ! La preuve, le gars de 50 ans qui était à coté de moi était mort de rire tout le long (il était sans gamin, NDLR)… Un conte pour grand, en quelque sorte.

    De la part d’un film français, moi je dis…

    … Bravo.

    Darklara
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    Darklara le #147324

    Citation (Kaiser Panda)
    jeune rate traitée comme une quiche par son reste de famille

    C’est pas une chienne? elle ressemble quand même pas tellement à un rat… elle me fait plutôt penser à un genre de cocker. En tout cas, je la trouve fort agaçante, la Mona. Dommage, elle aurait gagné à être un peu moins insupportable. Enfin, le choix est respectable. Pis les rats sont pas ses parents, si?

    Citation (Kaiser Panda)
    les répliques s’enchaînent à une vitesse folle

    En effet. A tel point que je ne sais pas si c’est facilement suivable par les petits. Mais effectivement, ‘y’a du bon dialogue, tendrement poétique. Ou “gentiment niais”, si vous n’aimez pas. J’ai préféré voir ça comme “tendrement poétique”.

    Je n’ai pas trouvé le jeu d’acteur impressionnant, enfin, si, il l’est, mais ça ne m’a pas surprise. “La prophétie des grenouilles” est lui aussi excellent au niveau du doublage.

    Ce qui m’étonne, par contre, c’est cette impression que j’ai… l’impression que les dessins animés pour enfants parlent de choses très …euh… délicates à aborder pour les dits enfants. Comme c’est confus, je vais exempler:

    L’incourtounable référence en matière d’animation enfantine, c’est Walt Disney, n’est-il pas? “Blanche-Neige”, “Cendrillon”, “Aladin” etc…

    Or, à ma souvenance, les longs-métrages disneyens sont… euh… très lisses et propres. Un héros, une héroïne, une histoire d’amour plus ou moins possible, ou une famille qui voyage/subit des deuils, l’amitié, le courage… vous suivez, jusque-là? Parfait.

    Et ensuite, j’ai vu Kirikou, qui s’ouvre sur un accouchement. Qui continue sur un village de femmes qui portent leurs seins nus. Autrement dit: de l’inconcevable dans une oeuvre tout public chez le géant américain.

    Donc, voici ma conclusion: à côté de ces héros complètement désincarnés de tonton Walt, j’ai l’impression qu’on en fabrique d’autres qui disent autre chose, qui plaisantent sur le physique, qui parlent d’angoisses légitimes, qui ne savent vraiment pas comment c’est d’être amoureux (très belle définition dans “U”, d’ailleurs…), et comment on fait dans ces cas-là (c’est vrai, quoi, c’est pas évident…), ou qui causent ouvertement des choses sexuelles de la vie (“La prophétie des grenouilles”).

    Attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis point: certes, je suis une perverse polymorphe, mais je ne réduis pas ces trois longs-métrages à ce propos. Simplement, je constate c’est un aspect qu’ils ont, et que cet aspect ne se retrouve pas chez Disney, et c’est tant mieux, youpi la diversité.

    Pour conclure, j’ai rangé “U” dans la catégorie “long-métrage d’animation intelligent qui ne prend pas les gosses pour des abrutis, même si je doute qu’ils pigent les blagues en anglais”. Pour le côté visuel de la chose, c’est vrai que ça a l’air moche en photo, mais l’animation rend les personnages très gracieux. Cela change agréablement de toute cette troidé…

    Edité par Darklara le 22-10-2006 à 20:47

    Darklara
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    Darklara le #147325

    Citation (Darthantos)
    La fin de Blanche Neige est ambigue. Blanche Neige se reveille et part dans un chateau celeste.

    Il ne semble pas exister, pas plus que son retour à la vie, n’est-elle pas réellement morte ?

    Remarque judicieuse, mais comme elle fait partie pour moi du long cortège de cruches, elle peut bien gagner le Paradis, je m’en fiche un peu, et elle a ma bénédiction. Je sais, je n’ai pas de coeur, méchante Dkl, tout ça. Fin de la digression.

    D’accord, d’accord. Je vais me reprendre. Soit, c’est pas tout lisse, je te l’accorde, mais que voulez-vous, entre un festin cannibalique grec et un pain corse à base de cervelle humaine (sans compter notre ami l’Ankou, la mort bretonne), c’est pas une mémé à pomme et à cheveux sales qui va me faire flipper (même si j’adore quand elle fabrique sa potion et qu’elle se transforme, nyark, nyark). Je suppose que je dois être un peu blasée, niveau horreur enfantine. Enfin, passons.

    Mais justement, ce n’est point mon propos, l’horreur enfantine, enfin, si, mais pas entièrement. Je constatais simplement, que, par le biais du conte, on parle aux gamins de choses dont on ne parlait pas “avant”. Tous les contes ont leur lot d’angoisses et d’abominations, et “U” ne fait exception à la règle (méchante rate!). Simplement, j’ai l’impression qu’on ne parle plus tout à fait des mêmes (angoisses et abominations), et qu’on parle ouvertement de choses dont on cause pas, à ma connaissance, dans les Disney, comme l’art difficile du baiser (“U”), ou la différence filles/garçons (“La prophétie des grenouilles”). Voilà ce que je voulais dire exactement.

    Me suis-je bien faite comprendre?

    Si vous ne me pigez pas, je chante, attention.

    “Un jûûr, mon prince viendrââââ…”

    Edith: “Et là, c’est le moment où vous partez en hurlant…”

    Edité par Darklara le 23-10-2006 à 10:07

    Edité par Darklara le 23-10-2006 à 10:08

    Edité par Darklara le 23-10-2006 à 10:16

    Neshi
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    neshi le #147326

    Citation (darthantos)
    La métaphore de la jeune Cendrillon qui se pique le doigt et fait couler un peu de sang est une annonce directe du début de l’adolescence des jeunes filles.

    Ce ne serai pas plutôt la Belle au bois dormant? A moins que je ne confonde…

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #147327

    Tiens, voilà un moment que je voulais poster dans ce topic et je n’avais pas pris le temps de le faire.

    Concernant le film U en lui-même, je dirais que j’ai tout d’abord été charmée par son côté poétique sur l’adolescence. Les dialogues sont également LE point fort du film, avec des répliques qui fusent à tout va. Si vite qu’on n’a pas le temps de saisir toutes les subtilités d’après moi, après un seul visionnage. Je suis d’accord avec DKL pour dire que ce film ne prend pas les enfants ou les gens en général pour des idiots.

    Après, je pense que je ne peux pas trop rentrer dans le détail pour faire une critique car c’est très difficile quand on y a bossé dessus, même pendant un mois. Personnellement, par exemple, j’ai trouvé le rythme trop lent, mais c’est peut-être aussi et surtout parce que je connaissais des séquences par coeur, et que ni les dialogues, ni la musique, ni le graphisme ne me surprenaient plus (snif). Au lieu de penser poétique du film, je n’ai pas arrêté de penser technique pendant la projection… c’était affreux, j’étais toute conditionnée !!

    Voilà donc au niveau du film (merci jeune KP pour tes mots sympathiques ^^ !).

    Pour ce qui est de Disney, mouais, c’est peut-être / sûrement vrai que l’aiguille d’Aurore est une métaphore, mais le problème avec les métaphores c’est qu’on peut en voir partout et leur faire dire ce qu’on veut. D’ailleurs je ne vois pas trop ce que cela voudrait démontrer, ce que ça apporterait de plus au récit. Il faut aller la chercher relativement loin la métaphore… C’est clair que depuis, on est bien plus direct avec les enfants, U en est un très bon exemple, je pense par exemple à la séquence où Kulka apprend à Mona comment embrasser.

    Quant à la dimension peur enfantine, je dirais que Disney utilise une narration classique, avec des opposants et des adjuvants au héros. Tout ce qu’il y a de plus normal, puisque sans conflits, pas d’histoire. Et si on veut faire ressortir toute la beauté du héros, il faut que l’adversaire en soit d’autant plus moche (intérieurement comme extérieurement d’ailleurs, les méchants ont bien souvent “la gueule de l’emploi”… Ce qui n’est pas très fin je vous l’accorde). En cela, je ne pense pas que les films de l’après Walt Disney, comme La Petit Sirène, soient si navrants que ça. On reste dans une logique proche et on peut toujours voir des métaphores si on veut, la transformation, passage de l’enfance à l’âge adulte, toussa.

    A côté de ça, les studios Disneys se sont essayés à autre chose, comme Pocahontas ou le Bossu de Notre Dame, qui se veulent plus historiques. Je ne crois pas que ce soit une trahison de “l’esprit Disney”, qui lui même adaptait ses films de contes ou romans. C’est au contraire une envie d’aller plus loin que le conte classique, et même si je ne suis pas vraiment emballée, j’apprécie l’effort de tenter de faire du neuf, en gardant l’esprit du vieux… Pas facile.

    Anthos, quand tu dis que les productions des successeurs de Disney sont “lissées, jusqu’au risible “Petite Sirène” (si on le compare au conte d’Andersen, sinon il est réussi)“, je dirais que Disney aussi lissait sacrément et même plus, ce qui n’est pas forcément un tort, mais on ne peut pas jeter la pierre non plus à La Petite Sirène…

    Edité par akiko_12 le 20-12-2006 à 23:03

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #147328

    Pour ce qui concerne les oeuvres de celui que j’appelle volontiers “le vrai Disney”, je suis d’accord avec Darthantos, je ressens vraiment une grosse différence entre lles films d’avant sa mortt fin 1967 et tout ce qui a suivi. Pensons un peu au jeune Arthur changé par Merlin en écureuil dans le but de lui apprendre l’amour : il se retrouve pourchassé à travers tous les arbres par une écureuil femelle qui finit par le capturer et lui rouler un superbe patin ! il y a métaphore animale, d’accord Akiko, mais il y a aussi une belle audace et une affirmation “féministe”, dès 1963 en plus…

    Et pour ce qui est de U, lire ce topic m’a donné une bonne envie d’aller le voir.

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