J'aurais bien posté dans “Ah oui au fait j'ai vu…” mais cet anime est tellement grand, merveilleux et magique que j'en ouvre un topic.
Si ça se trouve, le topic existe déjà et il est invisible. Tant pis, ça sera pas ma première gaffe ici.
Vous avez certainement lu l'avant-dernier AL et êtes donc au point sur l'histoire; en ce qui me concerne, je n'ai rien, ou si peu, lu à ce sujet pour être certaine de le savourer comme il le méritait, si toutefois il le méritait.
Une âme se retrouve dans l'au-delà. Comme elle a commis une faute et qu'elle est chanceuse, elle doit descendre dans le corps de Makoto, un adolescent de 14 ans ayant mis fin à ses jours. L'âme, dans ce corps et dans cet environnement inconnus, aura pour tâche de comprendre pourquoi le jeune garçon a voulu mourir, en guise de rédemption.
C'est… c'est très habile et très fin. Très pudique aussi, le film touche sans cesse des sujets lourds sans jamais tomber dans le sordide, ni dans le jugement moralisateur de ses personnages. C'est un film doux et tendre, mais sans mièvrerie. De façon assez surprenante (et irritante pour les curieux impatients, disons-le), il n'attaque pas le sujet de front mais l'aborde de façon détournée. Makoto finit par ne plus s'intéresser à ses problèmes pour observer avec un oeil neuf et détaché ce qui l'entoure. Et toutes ses petites réflexions, apparemment sans lien avec le noeud de l'histoire, s'enchaînent et finiront par livrer la solution, naturellement.
Au fond, c'est l'histoire d'une renaissance progressive passant par les petits détails simples et adorables de la vie. Cela ne se fait pas dans la facilité, loin de là, les déceptions sont cruelles et les rapports entre Makoto et son guide céleste, empreints de violence et d'acidité tout en étant fort drôles 😂
J'ai trouvé particulièrement intéressant le traitement du suicide. On a pour habitude de le considérer un acte isolé, la volonté d'une seule personne sans que l'entourage soit concerné. Or, le suicide de Makoto est le symptôme de son mal-être, certes, mais aussi du malaise de toute une famille. Il n'y a pas que lui qui va mal, et, d'une certaine façon, son geste va causer l'électrochoc qui provoquera un changement positif chez ses proches. Le suicide est la conséquence logique -et cependant inadmissible- de tout un ensemble de situations troubles et douloureuses.
Je suis une pleureuse au cinoche. Je chouine toujours quand Chihiro prend le train pour voir Zéniba, je sanglote quand le Tombeau des lucioles se termine, c'est la fontaine à la fin de Millenium Actress. Colorful fut pour moi une expérience émotionnelle complètement inédite: en dépit de tout ce que j'ai pu reconnaître de vrai, malgré l'émotion profonde et poignante que cela suscitait chez ma petite personne, je suis restée incapable de verser mon quota habituel de larmes sharbettiques. C'est paradoxal, ce que je vais dire, mais l'émotion était bien trop forte pour cela.
Allez voir Colorful. C'est vraiment un grand moment de cinéma.