Le manga, pourquoi ça marche ? par Jean-Marie Bouissou, in revue Cités

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  • Bub
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    bub le #113628

    La revue Cités, éditée par les PUF, dans son tout dernier numéro 27, se penche sur le Japon d’aujourd’hui.

    Ce qui nous intéresse ( enfin moi en tout cas ^^° ) en particulier, ce sont la dizaine de pages rédigées par Jean-Marie Bouissou qui s’interroge sur les raisons du succès des mangas dans l’hexagone. Il s’agit des conclusions tirées d’une enquête réalisée auprès de 161 internautes âgés de 16 à 31 ans ( 60p100 d’étudiants environ, 24p100 d’actifs, le reste étant composés de lycéens et de collégiens ; rapport filles/garçons 50-50 ). Cette enquête prend le contre-pied exact de celle réalisée par M6 et mérite le coup d’oeil, car beaucoup de choses relevées me semblent justes.

    Pour résumer, malgré les limites de l’échantillonage ( surtout parce que l’enquête s’est réalisée par le biais d’Internet ), il y a vraiment des enseignements à tirer :

    – l’article commence avec les raisons économiques, marketeuses et éditoriales qui expliquent le succès du manga chez nous. Là dessus, pas grand chose à dire ( mais tout de même, quelques chiffres impressionnants ! Le manga représente un marché 15 fois plus important au Japon par rapport au marché des comics aux USA ! ).

    – Ensuite, l’auteur nous donne les sempiternelles explications psychanalytiques qui seraient la clef de compréhension d’un tel engouement auprès des jeunes. Toujours les mêmes concepts passe-partout : identification du lecteur, besoin d’évasion, volonté de puissance, bla-bla-bla… Là où je ne le suis plus du tout, c’est qu’en tant que chercheur il a un peu trop tendance à surinterprêter les intentions des auteurs : NON, Mr. Bouissou, la fin d’Akira n’est pas volontairement ouverte pour caresser dans le sens du poil le lecteur. Le problème qui se présente pour TOUT auteur quand il ne peut gérer comme il l’entend le développement de son propre récit, c’est que plus les pages s’alignent, plus il sera difficile de conclure l’histoire de façon satisfaisante. A la base, les auteurs ont un scénario qui dans leur tête ne dépasse pas les 1000 pages, mais le succès fait qu’ils doivent concéder à leur éditeurs et fans souvent des sagas de plus de 15 tomes et improviser ainsi de nouvelles pistes dans un scénario qui était déjà tout tracé. Résultat ? des fins bâclées les 3/4 du temps ( surtout au niveau des shonen ), qui arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. Parvenir à poser un point final à une longue histoire sans être totalement maître du scénario relève du génie. M’enfin je ne vous en veux pas pour si peu, Mr.B. ^^

    – JM Bouissou note qu’à la grande différence du milieu des fans de BD, le “milieu” du manga est plus socialisant, plus facteur de sociabilité. Merci Mr.Bouissou ! Puisse votre article être lu par tous les journalistes du pays.

    – Autre point remarquable de cette enquête : le manga a acquis sa respectabilité auprès d'”institutions” telles que Télérama, Technic’art ou encore le Figaro Madame ( si, si, il le dit. ^^ ). Mais en revanche, les auteurs reconnus par ceux-ci, ne sont pas ceux plébiscités par les sondés : petit classement des enquêtés : 1/ Nana, 2/ 20th century boys, 3/ GTO et viennent ensuite Dragon Ball, One piece, Naruto, Fruit basket, Monster, et je ne sais plus quoi. Comme le précise JM Bouissou, il ne s’agit pas du tout d’une différence d’appréciation de la qualité des oeuvres due à une différence de niveau culturel ( pour rappel, ces titres sont majoritairement salués par des étudiants au bagage plus que correct ), mais tout simplement que ces oeuvres ont la préférence des lecteurs de manga. D’où un décalage entre amateurs de manga et critiques plus généralistes.

    – Les amateurs de mangas qui travaillent reconnaissent qu’ils ne révèlent pas spontanément leur passion pour ce médium à leur “collègues” : ceux-ci déclarent avoir déjà fait les frais de mépris, de moquerie, d’incompréhension, parfois d’hostilité.

    Voilà, en gros, résumé cet article très intéressant. Je vous invite à le lire car j’ai oublié des passages. Le reste de la revue se penche sur des sujets plus en rapport avec l’actualité de l’archipel : Le jeu dangereux du nationalisme : les Japonais à l’épreuve de leur rivalité avec la Chine (K. Takashi) ; Le pacifisme de la Constitution japonaise est-il un simple optimisme ou une lumière au XXIe siècle ? (H. Nakamura) ; Comment la société japonaise se relève après la crise (G. Campagnolo)…

    Saluons cette initiative et espérons qu’elle donnera lieu à d’autres études du même acabit.

    Trouvez-vous cette enquête juste ?

    Avez-vous d’autres explications à apporter pour expliquer votre attrait aux mangas ?

    Edit : y en a-t-il parmi vous qui ont participé à cette enquête ?

    Edité par bub le 14-10-2006 à 20:30

    Sakureiko
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    Sakureiko le #113629

    aurais tu un lien vers cette enquete ?

    Bub
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    bub le #113630

    Désolé, mais les résultats de cette enquête sont seulement publiés dans la revue Cités pour l’heure : Ici tu as un court extrait du début de l’article et là sa couverture et son sommaire. Tu peux trouver cette revue dans les bonnes librairies ou les excellentes maisons de la presse.

    Voici une interview réalisée l’année dernière par le site Artelio pour se faire idée du portrait de cette personne : http://www.artelio.org/art.php3?id_article=1267

    Son enquête à la base se présentait comme un questionnaire proposé sur plusieurs forum mangas. J’espère qu’il donnera des nouvelles sur les forum en questions.

    Sakureiko
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    Sakureiko le #113631

    Merci pour les liens 😁 , en particulier l’interview .

    Je vais essayer de jeter un coup d’oeil sur cette enquete (ou la trouver en bibliotheque)

    Bub
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    bub le #113632

    Citation (darthantos)
    -Franchement, on n’a trop tendance à parler du prix bas du manga.

    Cela n’est pas aussi vrai que cela. (Il y a des collections chères comme Le gen d’Hiroshima édité par Vertige, ou les Tezuka édité par Cornélius).

    De même ce prix bas me semble relatif.

    Un volume de Bd japonaise coute moins cher qu’un tome de Bd franco-belge. Mais là ou la Bd franco-belge dure 4 tomes, le manga atteint aisément 20 tomes….

    Le coût total de Monster est donc infiniment plus élevé que les quatres volumes de la Quête de l’Oiseau du Temps de Loisel, par exemple !

    Nous sommes d’accord sur le fait qu’à l’arrivée, le manga réclame un certain investissement. Mais malgré tout, le manga, c’est comme les clopes : tu as toujours 5/6 euros en poche à claquer pour un volume à l’occasion, plutôt que 12/15 euros pour une bd qui sort une fois par an… Au final tu dépenses plus, mais il y a toujours ce sentiment que le manga reste une bonne affaire. C’est du pur ressenti.

    Cependant, JM Bouissou étudie l’aspect économique du manga au japon et s’interroge sur le pourquoi du comment d’un tel succès chez nous : nous n’avons pas du tout le même rapport aux mangas que les japonais et pourtant ça cartonne chez nous ( surtout chez nous ) depuis le début des années 90.

    Citation (darthantos)
    – Je ne m’embarasserai pas des explications pseudo-psychanalytiques, avec les mythes adulescents de toute puissance et ce baratin.

    On oublie par là le génie de certains mangakas.

    Tezuka, Nakazawa, Miyazaki, tiennent la comparaison face à Moebius ou Kirby. Ce sont comme Breccia des génies du neuvième art, leur nationalité n’a que peu d’importance.

    (…)

    -On note, comme tu rapportes, une reconnaissance du Medium manga: “Autre point remarquable de cette enquête : le manga a acquis sa respectabilité auprès d'”institutions” telles que Télérama, Technic’art

    Mais l’auteur va vite en besogne. Qui est le plus acclamé, décoré?

    Une personne comme Taniguchi qui n’est pas représentative du manga.

    C’est une des conclusions très intéressantes de son enquête, comme je l’ai déjà signalé : les enquêtés plébiscitent des titres boudés par Télérama & cie qui eux préfèrent justement Taniguchi et consorts. A vrai dire, ce résultat ne surprendra pas grand monde : ce qui se vend le mieux c’est plutôt fruit basket et naruto que l’homme sans talent… Mais c’est officialisé par une enquête : ceux qui lisent du shonen et du shojo ne sont pas tous des ados. Loin s’en faut ( et en premier chef JM Bouissou lui-même ). Et c’est cela qui est passionnant.

    L’auteur ne va pas du tout vite en besogne car il comprend bien lui aussi que les titres auteurisants servent généralement de caution auprès des quelques critiques qui se penchent sur le manga, mais que malgré tout, le lectorat préfère lire Monster ou GTO que des titres bien plus sophistiqués. Note bien que JM Bouissou apprécie plutôt les mêmes titres que les étudiants sondés ( GTO en particulier ).

    Donc, il est clair que le manga a acquis ses lettres de noblesses auprès du grand public par les auteurs les moins représentatifs des succès de librairies ( et que l’on se croit chaque fois obligés de citer quand on veut dire du bien des mangas… ). Et c’est justement sur le succès de DBZ auprès de lecteurs de tous horizons que s’intéresse JMB, pas de la reconnaissance de Taniguchi, respecté certes, mais loin de soulever autant d’enthousiasme que clamp ou Hojo. de la part des amateurs.

    Citation (darthantos)
    A mon sens, si le manga marche, c’est qu’il aborde des thèmatiques délaissées par notre production qui s’est trop repliée sur l’enfance.

    Le manga parle aux ados (FMA, Naruto) et aux jeunes adultes (Monster, Real, Vagabond).

    De même il ose des choses dingues, Inho ou Maruo ne peuvent laisser indifférents !

    Enfin, comme le montre les études, il attire un public rétif à la Bd que sont les femmes, grâce à de bons titres comme Fruit Basket et Nana.

    C’est ce qu’ont répondu quasiment tous les enquêtés à cette question : “qu’est-ce qui vous plaît dans le manga ? ”

    Je n’aurais moi non plus pas répondu autre chose.

    Plus le fait que l’on bénéficie d’un catalogue de très bons titres qui lorgne sur plusieurs décennies, un peu comme si tout à coup on découvrait le cinéma américain d’après-guerre à aujourd’hui. J’exagère, mais bon, quand tu vois l’impressionnante production nippone…

    Citation (darthantos)
    -Comme tu dis l’article semble des plus interessants, je vais me plonger dedans, merci de la référence !

    Bah de rien, j’ai tenu à parler de cet article car d’une part il prend le contrepied des reportages TV habituels, et d’autre part parce que l’enquête de JM Bouissou paraît voir été oubliée par les intéressés… ( mais p’têt qu’je me trompe )

    La revue coûte 15 E, mais l’article ( 10 p ) se lit en 5 minutes… 😁

    Kaiser-Panda
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    Kaiser Panda le #113633

    12h40. Je sors du boulot, allume l’auto-radio : l’heure du « Buzz » de la radio rock Le Mouv’. Me préparant joyeusement à zapper (je hais le bla bla à la radio), j’attends quand même le sujet, histoire de. Bien m’en a pris : le « Manga : pourquoi ça marche ? ». Finalement curieux de connaître le nombre de sottise à la seconde qu’on y entendra (cf M6 récemment, si je ne m’abuse ?), je laisse pisser. Petite intro, quelques chiffres (ou j’apprends d’ailleurs qu’en pourcentage de BD totale le manga représente 30p100 en France (ça c’est connu), soit beaucoup moins qu’en Italie ou en Espagne (75p100 : ça je savais pas : ils ont pas de BD nationale la bas, ou alors ils sont réellement 2 fois plus accrocs que nous ?). Bref, je souris bientôt quand soudain un invité téléphonique a la parole, un certain journaliste à AnimeLand. Si je m’attendais à ça, Nico ! C’est la première fois, après moult interviews lues, que j’entends ta voix suave à la radio ! C’était du direct ou pas ? A quand la TV (si ce n’est déjà fait, of course. U_U) ?

    Alors au programme on a eu : pourquoi ça marche, la précision manga VS anime (merci de la précision, si on devait attendre les braves gars du studio on y serait encore), le marché énorme & la véritable nature (industrielle) de cet art au Japon, l’émergence et une petite analyse du « manga français » (j’attendais le laid mot « franga » mais il n’est pas apparu), le fait qu’on touche au plus profond du lecteur (C’est si joliment dit, Ô Nico !), ainsi que la sectorisation du public (d’ailleurs bravo la frustration de se faire couper dans cette si brillante démonstration de diversité, pour une question soi disant « urgente » : le manga français se lit il a l’endroit ou a l’envers ? Des fois, j’vous jure… 😪)

    Bonne surprise donc, pour ma pause casse croûte : bon appétit à tous !

    NB : désolé de poster ça ici, mais je n’allais pas créer un topic exprès… J’ai hésité a le mettre à coté de ça mais ça a l’air plus justifié ici…

    (Je réagirai aux (intéressantes) idées d’ici un peu plus tard, désolé ^^°)

    Darklara
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    Darklara le #113634

    J’ai longuement réfléchi pour taper cette réponse. Je ne suis pas satisfaite du résultat de ma cogitation, mais comme la question m’intéressait, j’ai essayé. Je n’ai pas encore lu l’article, mais voici ce que j’ai tiré de mon cerveau mono-neuronal.

    J’ai essayé de me demander “Pourquoi j’aime le manga?”

    “Parce que c’est drôlement dynamique comme façon de représenter l’action”, me suis-je dit. Faux. “Les lamentations de l’agneau”, dynamique? ça se passe presque en temps réel, ce truc*… Donc, non, mauvaise raison.

    “Parce que je suis une personne drôlement ouverte d’esprit, et curieuse.” Faux, ou du moins, pas entièrement vrai. J’ai pensé des stupidités sur le manga comme n’importe quel abruti. J’ai même pas pensé du tout.

    “Parce que j’y trouve une variété d’histoires bien plus étendue que chez nous, tiens, l’histoire du boulanger, “Yakitate Ja-Pan”, par exemple, ah, ça, personne n’aurait osé!” Et cette histoire de bière, alors, dont le titre m’échappe? Bon, j’ai pas aimé cette bédé, mais ça causait de bière. Et là encore, j’ai pas entièrement raison, nous sommes bien fournis niveau SF, humour et aventures, sans compter le reste. Mais nous sommes fournis différemment.

    J’ai essayé de réfléchir, pour me donner des pistes, à un autre problème. Pourquoi aimè-je le chocolat? Parce que c’est bon et réconfortant. Voilà, le manga, ça doit être réconfortant! Mais non. “Vitamine”, ça ne me réconforte pas, “Gunnm” non plus, “Lone Wolf and Cub”, pas davantage.

    Donc: ce n’est pas réconfortant, ce n’est pas forcément pêchu, c’est comment exactement? Je décide donc de changer d’approche.

    Qu’est-ce que j’ai ressenti la première fois que j’ai lu un manga?

    Le premier manga que j’ai lu, c’était GTO. Première réflexion: “Attention le sens de lecture, pas le même que pour Astérix. Euh… je pige pas… on relire dans un autre ordre, tiens… ah, ça va mieux…”

    Seconde remarque: “Mais pourquoi ils me mettent aussi près des personnages, c’est étouffant à la fin!” Et oui, je découvrais les gros plans de visages à outrance, j’étais jeune, naïve, tout me semblait beau et merveilleux….

    Le manga, ça implique physiquement dans l’histoire. J’ai l’impression qu’on a moins de distance avec les personnages dans un manga qu’avec ceux de la bédé “normale”. Moins de distance à la fois à cause de la forme, la façon de raconter, et aussi à cause du point de vue. L’histoire est racontée de “plus près”, j’ai presque envie de dire “on montre l’intérieur des personnages avec de l’extérieur, par exemple:

    “S’ils flippent à mort et qu’ils ne le disent pas, ça va se voir à l’extérieur à cause d’un détail en apparence insignifiant, mais que la mise en scène va intensifier jusqu’à l’insoutenable”(‘paraît qu’Adachi est spectaculaire pour ça, si quelqu’un peut confirmer…). Je n’ai pas d’exemple précis en tête, je n’ai pas encore assez lu pour ça, mais c’est une possibilité. Mouais. La grande force du manga, c’est qu’il “sympathise” (au sens de “souffrir” ou “subir avec”) le lecteur avec les personnages. Il me plonge en plein dans la douleur des gens dessinés sur les pages.

    Mouaip, ça doit être ça, la raison: le manga est plus intense émotionnellement que la “bédé normale”, parce que la façon de raconter, de représenter nous rapproche davantage des personnages.

    Citation
    le manga est plus intense émotionnellement que la bédé normale

    Mais là encore, j’ai tort. Ou du moins je ne peux pas généraliser, de la BD intense en émotions, il y en a ici aussi, j’en veux pour preuve “Le combat ordinaire” qui m’a faite pleurer, chose qui m’arrive rarement dans le dessin.

    Peut-être qu’avec cette façon de représenter “l’intérieur des personnages vers l’extérieur”, ça leur donne une épaisseur, une résonnance chez le lecteur que ne possèdent pas les héros européens. En fait, ce que dit Morvan dans l’article de Télérama me semble très juste. Je ne trouve pas mieux.

    Citation (Nicolas à travers la radio puis par KP)
    “le fait qu’on touche au plus profond du lecteur”

    Après réflexion et relecture attentive de ce topic, je me rends compte que je répète un peu ce qui est dit, mais tant pis, je dis ce que j’ai conclu avec mes p’tits mots.

    *Ne me faites pas dire que je trouve ça nul, je me moque, c’est tout.

    Edité par Darklara le 02-11-2006 à 23:36

    Bub
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    bub le #113635

    Citation (darthantos)
    Cela n’est que mon avis, mais j’avoue avoir trouvé plus de matière à reflexion dans une oeuvre comme Phenix que dans Astérix.

    Celle-là elle est un peu facile non ?

    Sinon, vos propos sont intéressants.

    Toutefois, je ne suis pas certain qu’il faille aller chercher une explication dans le manga en lui-même : ses qualités, on les retrouve aussi dans le franco-belge ou le comics ( dessin, originalité, intimisme des histoires, liens avec les personnages, etc… ).

    En revanche, je pense que le manga supplante les super-héros Américains et les guerriers Européens au niveau du rythme de parution. L’intérêt reste fort si tu sais que tu auras la suite de ton histoire très prochainement, et non pas tous les ans, au mieux, comme dans le franco-belge, où l’intérêt se dileu avec le temps. Pour les comics, c’est plus subtil. En général, les histoires de comics sont des one-shots avec souvent les mêmes méchants qui reviennent d’une semaine à l’autre. Si l’auteur n’a pas un grand talent pour renouveller l’intrigue, ça lasse vite. Là encore, j’accorderai un point pour le manga, qui fonctionne plus sur le mode du feuilleton et propose un panel de personnages plus ambigüs ( tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir ).

    Edité par bub le 03-11-2006 à 12:14

    Darklara
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    Darklara le #113636

    Citation (Darthantos)
    Je doute que les auteurs veuillent réconforter, ils veulent faire penser.



    Je me suis contredite aussitôt, Darthantos. Bien sûr que non, le réconfort n’est pas le but de ces auteurs, je l’avais bien compris, lis-moi plus lentement!

    Citation (Darthantos)
    Je pense que le manga marche par ce biais, en brouillant les certitudes morales, il fait prendre conscience de la complexité du réel.

    En voilà une idée qu’elle est bonne…

    Citation (Bub)
    Toutefois, je ne suis pas certain qu’il faille aller chercher une explication dans le manga en lui-même : ses qualités, on les retrouve aussi dans le franco-belge ou le comics ( dessin, originalité, intimisme des histoires, liens avec les personnages, etc… ).

    Voilà pourquoi je me contredis tout le temps.

    (Soupire)

    Je crois que la meilleure explication, qui en même temps n’en est pas une, c’est le talent.

    Vous allez me dire que je ne pense qu’à manger (je vous répondrai le plus tranquillement du monde que c’est vrai), mais qui peut expliquer cet engouement pour les fraises*? Si vous aimez les fraises, vous pourriez dire pourquoi exactement? Oh, vous pourrez toujours répondre que vous adorez sa forme idéale qui assure une bonne prise du fruit, qu’elle n’a pas besoin d’être cuite, que ça rafraîchit… mais le goût? Concentrez-vous sur le goût, et essayez de dire pourquoi s’il vous plaît?

    Vous pourriez dire “Au goût, c’est frais et sucré, c’est bien agréable, et en plus, visuellement, c’est joli, une fraise.”

    Je vous dirais que la pastèque aussi, c’est frais et sucré, pourtant, c’est pas pareil. Et surtout, que votre raison ne tient pas, ça semble dingue, mais il y a des gens qui n’aiment pas les fraises. Alors, pourquoi vous, pourquoi la fraise?

    On ne peut pas parler du goût de la fraise. On aime la fraise parce c’est une fraise, une bonne, donc, une fraise de talent (parce qu’évidemment, il y a de mauvaises fraises, attention, elles sont pas toutes de la même qualité).

    Edith: Bravo, Dkl, tu nous parles très bien des choses comestibles de la vie, mais quel rapport avec le manga?

    Et bien, le voilà. Je pense qu’on aime le manga pour tout un tas de choses qu’il rassemble: le bon dessin, le propos, la proximité histoire/lecteur bla bla… Cependant, ces raisons ne sont pas suffisantes, car elles concernent aussi d’autres bédés, elles peuvent s’appliquer à des films ou des séries. Exactement comme le terme “sucré” n’est pas seulement applicable à la fraise, mais aussi à plein d’autres fruits.

    Au-delà de ces raisons, il y a le plaisir que l’on a de lire ou de voir de la bonne image. Et celui-là est inexplicable. Par-dessus, on y ajoute le talent d’un dessinateur et le génie d’un scénariste. Et ça devient encore moins explicable, parce que pas tout le monde n’a les mêmes critères d’appréciation, de même que pas tout le monde n’aime les fraises. “Nana”, il paraît que c’est absolument génial. Il m’est pourtant impossible de le lire.

    J’aime le manga pour ce qu’il a de spécial et que je ne peux pas dire. J’aime Gaston Lagaffe parce que je trouve ça désopilant, mais je ne peux pas dire pourquoi ça me fait rire. J’aime les fraises, et pourtant, je ne peux pas décrire exactement en quoi leur goût diffère d’un autre fruit.

    Voilà mes conclusions.

    *pour changer un peu de mon cher chocolat qu’on trouve en toutes saisons…

    Edité par Darklara qui se maudit, car elle a beau se relire 50 000 fois, elle trouve toujours des fautes ou des oublis le 03-11-2006 à 20:22

    Edité par Darklara le 03-11-2006 à 23:47

    Darklara
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    Darklara le #113637

    Citation (Darthantos)
    Mais faut-il une justification ?

    Somme toute, si j’enseigne de l’histoire et de la géographie c’est que j’aime ces deux matières et l’enseignement. Oui, mais… Pourquoi n’ai je pas opté pour le français, ou la physique ? Pourtant, j’aime aussi ces matières !

    Je ne pense pas qu’il faille chercher d’explications, on aime, on aime pas c’est ainsi.

    Certes non, il n’y a pas besoin de justification. Mais si on fait des études pour essayer de comprendre “Pourquoi le manga ça marche?”, j’en conclus qu’il y a besoin de justifier quelque chose, comme si c’était fondamentalement incompréhensible.

    Attention, je ne condamne pas la démarche de J.M Bouissou, ni ce monsieur en lui-même qui dit des choses très intéressantes et instructives, contrairement à des gens que je mentionne implicitement pour ne pas qu’on les reconnaisse et qui bossent chez notre sixième chaîne favorite. C’est très bien qu’il l’ait fait, et j’espère, sans trop me faire d’illusions, que ça fera évoluer le point de vue des gens dans leur tête.

    Bien sûr, il y a des tas de facteurs qui font que “le manga ça marche”. Mais on ne peut pas réduire le succès du manga à ça. On ne peut pas réduire la réussite d’un gâteau à la liste de ses ingrédients, c’est ça que j’essaie de dire.

    Donc, en conclusion, je ne sais pas si les questions “Pourquoi le manga ça marche”, “Pourquoi aimez-vous le manga” soient de bonnes questions à se poser lorsqu’on est un converti. Mais ça peut être du questionnement utile pour celui qui connaît mal.

    Ensuite, pour la BD franco-belge et son rythme de parution digne de la vie trépidante du loir en pleine sieste, c’est vrai que je ne comprends pas très bien en quoi l’intérêt se dilue avec le temps. Quand la bédé que j’attends sortira enfin (et ça fait vraiment, vraiment longtemps qu’elle est attendue), nul doute que je me jetterai dessus comme le fauve affamé sur la gazelle.

    Enfin, je sais pas… quand on commence à collectionner une série, il me semble un peu absurde de renoncer à cette série parce qu’elle ne paraît pas assez vite, non?

    Bub
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    bub le #113638

    Citation (Darthantos)
    Le comics est en crise. Il y a trente ans, chaque numéro de Superman ou de Batman était vendu a des centaines de milliers d’exemplaires.

    Maintenant on est content si on en vend trente mille…

    Ah ouais quand même ! o_O

    Impressionnant.

    Citation (Darklara)
    Ensuite, pour la BD franco-belge et son rythme de parution digne de la vie trépidante du loir en pleine sieste, c’est vrai que je ne comprends pas très bien en quoi l’intérêt se dilue avec le temps. Quand la bédé que j’attends sortira enfin (et ça fait vraiment, vraiment longtemps qu’elle est attendue), nul doute que je me jetterai dessus comme le fauve affamé sur la gazelle.

    Enfin, je sais pas… quand on commence à collectionner une série, il me semble un peu absurde de renoncer à cette série parce qu’elle ne paraît pas assez vite, non?

    Oui mais non, si je puis dire. ^^°

    En gros, ça n’est que mon avis, j’ai le sentiment que le feuilleton est à nouveau au goût du jour. ça va au-delà du manga, si j’en crois le gros succès de séries télé comme 24 H ou Lost.

    En fait, je suis convaincu que le fait que les tomes d’une série de mangas sortent tous les deux contribuent largement à rendre addictif le lecteur. Si en plus il n’en coûte que 6 malheureux Euros, la tentation est grande. Le succès des scans sur Internet me conforte dans cet opinion : il y a une espèce de grosse attente de la suite, plus forte que dans le franco-belge.

    Dans le franco-belge, actuellement, et en dehors des séries classiques à la Spirou, XIII ou Astérix, il n’y a pas beaucoup de gros succès pour les nouvelles séries. D’ailleurs, les Lanfeust et Sillage commencent à dater mine de rien. En franco-belge, il n’y a pas non plus beaucoup de séries “feuilletonnesques” comme Lanfeust par exemple, et rares sont celles qui dépassent les huits volumes. Ainsi, Sillage est une “suite” d’histoires plus ou moins indépendantes.

    Tout ça pour dire que l’on ne renonce pas forcément à acheter une série de BD si elle nous plaît, certes, mais pour moi il est clair qu’un lectorat habitué à avoir son quota bimensuel de 200 pages ( pour les plus raisonnables ) va être plus réticent à se lancer dans la BD. D’ailleurs, j’ai plus le sentiment que c’est le lectorat de BD qui fait le pas vers le manga que le contraire en général.

    Mais bon, ce n’est que mon avis basé sur mes observations qui sont trèèèès discutables. ^^

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