Réaliser un film d’animation dont l’histoire se déroule dans une maison de retraite et dont le personnage principal comprend peu à peu qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer, il fallait oser ! C’est pourtant ce que propose La Tête en l’air (Arrugas), un film espagnol de Ignacio Ferreras qui s’avère malgré tout drôle et touchant.
En réalité, l’histoire a d’abord existé sous la forme d’une bande dessinée de Paco Roca, publiée en France en 2007 chez Delcourt. On suit Emile, un homme âgé que sa famille confie aux soins d’une résidence pour le troisième âge. Au début, l’homme ne comprend pas bien pourquoi on le met avec tous ces vieillards, dont certains sont déjà bien mal en point. Il va alors apprendre à vivre dans cet endroit et se faire quelques amis…
Traité avec un certain décalage, le film ne sombre pas dans les clichés glauques et morbides, même si le propos vise tout de même à dénoncer les conditions dans lesquelles ces personnes se retrouvent. Mais le réalisateur parvient aussi à nous faire sourire. L’animation n’est pas forcément le point fort de ce long métrage, le design est simple, mais cela suffit à faire passer le message.
Sélectionné au dernier festival d’Annecy, La Tête en l’air avait reçu la Mention spéciale du jury en juin 2012. Sa distribution reste toutefois modeste : une quarantaine de copies, uniquement en VOSTF (BAC Films).
Pas de commentaire
Je suis allé le voir ce samedi, à Paris (pas diffusé à Évry).
Même si on devine que ce film n'a pas eu un gros budget, je trouve effectivement qu'il compense par la justesse du ton et du propos : comment le héros et ses camarades sont peu à peu gagnés par la maladie, le personnel de la maison de retraite qui se démène comme il peut et qui semble parfois impuissant… on prend conscience que ce n'est pas facile, mais l'humour de certaines situations évite à l'histoire d'être pesante.
Et non seulement le film met en scène un héros peu à peu gagné par la maladie d'Alzheimer, mais en plus il montre les différents comportements des pensionnaires : le cynisme (?) de Miguel, compagnon de chambre d'Emilio (le héros); ou encore la vielle dame qui regarde par la fenêtre…
L'évocation des souvenirs de jeunesse de certains pensionnaires est touchant, et en voyant l'adolescence de deux d'entre eux, je n'ai pas pu m'empêcher de penser "pouvaient-ils se douter qu'ils seraient atteints de cette maladie ?", et aussi, et surtout "ça peut nous arriver". Ce qui est effrayant, c'est effectivement que le héros a eu une vie professionnelle bien remplie avant d'en arriver là, comme beaucoup d'entre nous.
Cette peur, les pensionnaires l'ont aussi, mais ce qui est bien, c'est qu'elle est montrée avec humour, par les réactions de Miguel.
Le film réussit à dédramatiser la maladie d'Alzheimer, et on en sort comme soulagé. Personnellement, il m'a fait réfléchir sur les réactions anodines des adultes plus jeunes, mais qui peuvent blesser les personnes âgées; et sur le fait aussi que la vie urbaine de nos jours fait qu'on ne consacre plus de temps à ses propres parents vieillissants…
Quand j'y suis allé, il y avait peu de monde dans la salle. Ce qui m'a surpris, c'est une mère qui a amené ses enfants voir ce film Les enfants semblaient n'avoir pas compris grand-chose, et c'est dommage … Comme quoi, le raccourci "animation / dessin animé = programme jeunesse / pour les enfants" a encore la vie dure !
Sinon, les adultes de la salle, moi compris, ont apprécié ce film. Une personne a même applaudi à la fin, et ce film le mérite bien !
"Réaliser un film d'animation dont l'histoire se déroule dans une maison de retraite et dont le personnage principal comprend peu à peu qu'il souffre de la maladie d’Alzheimer, il fallait oser !"
En effet !
Je viens juste de voir la bande-annonce, et ça a l'air intéressant. J'irais bien le voir.
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