Même si le secteur continue de faire rêver des milliers de personnes, le monde de l’animation demeure un univers dans lequel il faut batailler sans jamais trop compter les heures de travail. Si nous avons pu avoir, dans notre magazine AnimeLand ou via notre site, l’interventions d’acteurs du milieu (avec plus de 100 artistes/producteurs interviewés), il est toujours intéressant d’entendre de nouvelles observations. Attention, il faut bien prendre ces témoignages comme autant de repères/indications, et non comme une vérité absolue s’étendant à l’ensemble de l’industrie.
Ainsi, la chaîne NHK annonce dans son programme Close-Up Gendai+ que l’industrie de l’animation a beau engendrer près de 18,2 milliards de dollars, les animateurs et/ou entreprises impliqués estiment que “tel quel l’animation Japonaise n’a pas d’avenir“. L’émission a ainsi donné la parole à plusieurs acteurs, comme le réalisateur Yasuhiro Irie ( FMA Brotherhood). Via le graphique ci-contre montant l’augmentation des bénéfices de l’animation, les barres jaunes symbolisent la portion reçue par un studio japonais. Il faut bien rappeler que ce sont souvent les comitee (Comités de Productions) qui récupèrent un retour sur investissement (ou plus), selon le prorata de leur implication dans un projet/part des droits détenus.
D’autres chiffres viennent accompagner le programme. Par exemple, la NHK dévoile qu’un intervalliste (dessin entre les pauses-clés) est payé 200 yens (soit environ 2 euros) par dessin. Attention, on ne sait pas s’il s’agit d’un vrai dessin d’interval ou si c’est un dessin rendu clean (line à repasser, nettoyer le dessin). À ce rythme, et avec 20 dessins maximum réalisés par jour, l’artiste ne peut prétendre à plus de 810 euros (environ) par mois. En 2015, l’association JAniCA a révélé qu’un animateur travaillait 11 heures par jour et recevant en moyenne 4 jours de repos par mois. Un animateur a par exemple quitté son emploi à cause de cette cadence, enregistrant près de 100 heures supplémentaire dans le mois. Co-fondateur de Production I.G, Mitsuhisa Ishikawa estime que l’industrie manque de compétence pour monétiser un fonctionnement pareil.
Par ailleurs, nous retrouvons aussi quelques orientations plus réjouissantes. Par exemple, la société Polygons Pictures (Ajin, Knights of Sidonia) éteint même ses locaux à 22h pour pousser ses employés à rentrer chez eux. Il faut rappeler que les animateurs indépendants, non salariés, doivent très souvent travailler sur plusieurs séries en même temps (et parfois, dans des locaux concurrents!). Ainsi, le réalisateur Taiki Nishimura (Medabots, Ergo Proxy), dans le milieu depuis 20 ans, a gagné environ 800 euros par projet sur lequel il avait travaillé (le temps d’un épisode ou plus). Voilà pourquoi il ne peut se concentrer sur un seul anime à la fois.
Source : ANN
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