Personnalité de la semaine : Leiji Matsumoto

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Légende du manga depuis plus de soixante ans, Leiji Matsumoto a conçu un univers qui a fait rêver des générations… et va continuer sous les pinceaux d’artistes contemporains.

Akira Matsumoto a tout juste 15 ans en 1953, année de création de son premier manga, Mitsubachi no bôken (Les aventures d’une abeille). Il est alors repéré par son idole, Osamu Tezuka, qui en fait son assistant. Quatre ans plus tard, au sortir du lycée, le jeune homme quitte son île natale de Kyushu pour s’installer à Tokyo, où il gagne sa vie en dessinant des shôjo mangas – il en gardera un goût prononcé pour des héroïnes longilignes à la chevelure en cascade. C’est au début des années 60 qu’il expérimente de nouveaux genres, comme le western ou le récit de guerre, soutenu par son épouse également dessinatrice.

Pour bien marquer ce virage dans sa carrière, il choisit le pseudonyme Leiji Matsumoto (leiji signifiant « guerrier zéro ») sous lequel il signe son premier succès, Sexaroïd. En persévérant dans la science-fiction, il devient une star avec Galaxy Express 999 (éd. Kana), épopée spatiale à bord d’une locomotive à vapeur inspirée du Train de la voie lactée du romancier Kenji Miyazawa. Rapidement, le mangaka tisse des liens avec ses œuvres suivantes, notamment Albator (éd. Kana), maquisard de l’espace luttant à bord de son vaisseau pour le bien de l’humanité malgré l’autorité d’un gouvernement tombé sous la coupe de l’envahisseur. Le Leijiverse était né.

Pendant les années 80, cette diégèse conquiert le monde à travers de nombreuses adaptations animées (notamment les deux séries Albator) que l’auteur supervise, laissant de côté sa table à dessin. Il y revient en 1992 pour un hommage à Wagner avec L’anneau du Niebelung qu’il publie sur Internet, en pionnier de 64 ans ! Le 21e siècle sera l’occasion pour la France de remercier Matsumoto pour son œuvre, que ce soit à travers le film Interstella 5555, gigantesque clip qu’il réalise pour l’album Discovery de Daft Punk en 2002, ou la remise de l’ordre de Chevalier des Arts et des Lettres dix ans plus tard. Cette relation privilégiée avec notre pays se prolonge avec une trilogie BD reprenant Albator sous les pinceaux d’un fan de la première heure, Jérôme Alquié (disponible aux éditions Kana) en 2019 ! Cette supervision sera l’un de ses derniers travaux, puisque le maître a poussé son dernier soupir le 13 février 2023. Il est parti en éclaireur sur la mer d’étoiles, où nous le reverrons “là où se referme la boucle du temps”.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon