Le nouveau manga de Masashi Kishimoto fait la part belle à la culture japonaise. Plus précisément aux samouraïs et au shintoïsme qu’ils pratiquaient assidûment. En voici les principales références et les clés pour les apprécier au mieux.
Lors de la Jump Festa 19, Masashi Kishimoto avait déclaré que sa nouvelle série ferait honneur à la culture Japonaise et qu’il avait passé plus d’un an à se documenter. A la lecture du premier chapitre le travail d’orfèvre de la préparation du mangaka ne laisse aucun doute. Sur 69 pages, Kishimoto non seulement pose la trame de sa nouvelle saga, mais en plus glisse de nombreuses références à la culture nippone, notamment à la culture shintoïste.
Attention, la lecture de cet article est déconseillée aux gens qui n’ont pas encore lu le premier chapitre de Samurai 8 la légende d’Hachimaru.
- Le sabre Doji-kiri Takatsune : La référence ici est probablement le sabre Doji-kiri Yasutsuna. Ce sabre dont la légende remonte au 11ème siècle (ère Heian), à cette époque les routes de Kyoto (la capitale) ne sont pas sûre et des brigands enlèves les jeunes filles. Un démon “Shutendoji” devient le chef de ces bandits et ensemble ils terrorisent la région. A tel point que l’empereur charge Minamoto Yorimitsu de supprimer ce fléau. Minamoto se rends en pèlerinage au sanctuaire d’Iwashimizu Hachiman-gu avec ses 4 généraux (Sakoto no Kintaki, Watanabe no Tsuna, Urabe no Sutake et Usui Sadamistu). En chemin ils seront rejoint par Fujiwara no Yasumasa. En chemin, ils feront la rencontre de trois vieillards qui leur confieront trois objets : un casque, une corde et un vin aux vertus soporifiques. Ces trois vieillards sont en fait des déités shintoïstes venus aider les humains à chasser le démon Shutendoji.
La troupe part alors à la recherche de Shutendoji en se faisant passer pour des renégats. Ce dernier les invite à festoyer et à l’aide des trois objets ils arrivent à le tuer ainsi que ses sbires. L’épée avec laquelle Yorimitsu a tranché la tête du démon gagne alors le nom de “doji-kiri” littéralement “la tueuse de Dori”.
Le nom du sanctuaire Hachiman-gu semble phonétiquement très proche du nom du héros Hachimaru. Le clin d’oeil ne peut pas être annondin.
- Kongo Yasha Myoo : l’un des cinq grand roi sages de la mythologie shintoïste. Avec Gundari, Daitoko, Gozanze et Fudo ils protègent les cinq bouddhas de la sagesse des démons et des tentations. C’est pour celà qu’ils sont souvent représentés sous la forme de guerriers. Kongo Yasha Myoo possède trois visage, les deux latéraux ayant chacun trois yeux. Il est réputé indestructible comme le diamant.
- Fudo Myoo le samouraï : Fudo Myoo est le plus célèbre des 5 grands rois sages précédemment cités. C’est le seul à posséder un sanctuaire en Europe, en Bourgogne précisément. Fudo Myoo représente la sagesse immuable, il pourfend l’ignorance et les démons avec son sabre Kurikara. Avec sa corde cerclée d’anneaux il immobilise les mauvaises pensées et les empêche de se répandre.
Sa statue est souvent représenté sur un lotus à 8 pétales, symbole de l’éveil et de la compassion. Le temple principal pour le vénérer est le temple Kozenji à Komage. Transition parfaite pour la référence suivante :
- Hayataro le chien : Le chien d’Hachimaru porte le même nom que celui du chien sacré du temple Kozenji (où réside Fudo Myoo comme vu précédemment) à Komagane. La légende raconte que ce chien loup a chassé des démons qui menaçaient un village local. Il a depuis été déifié.
- Le magatama : la marque sur le front d’Hachimaru n’est pas sans rappeler la forme si particulière des magatama. Ce pendentif en forme de virgule, de neuf généralement taillé en jade ou en ambre. Ce bijou à valeur de talisman censé aider à repousser les mauvais esprits. Le magatama est déjà apparu à plusieurs reprises dans le manga Naruto, que ce soit le Sage des six chemins qui porte un collier de magatama, ou bien autour du coup de Naruto quand il a maîtrisé le renard à neuf queues. Voir même lors de l’usage du Sharigan. Le lecteur avisé ne passera pas à côté de cette forme si particulière au folklore japonais et chère à Kishimoto.
- Les 7 clés : La quête d’Hachimaru et de Fudo Myoo les entraîne à chercher sept clés. Au vu des références bouddhique et aux mythes de l’ère Heian, les septs clés qui viennent à l’esprit sont les 7 armes de Benkei.
Benkei un moine guerrier connu comme l’un des plus grands épéistes nippon. Géant à la mine patibulaire, il errait aux alentours de Kyoto afin de confisquer les sabres des samouraïs qu’il jugeait arrogant et indigne. Après avoir vaincu 999 d’entre eux, il perd un premier duel sur un pont contre Minamoto no Yoshitsune puis un second contre le même adversaire au temple de Kiyomizu. A partir de ce moment il devient le second de Minamoto no Yoshitsune (même clan que le premier guerrier cité dans cet article, la boucle semble bouclée).
Ces nombreuses références illustrent l’incroyable travail préparatoire de Kishimoto et l’attention apportée à chaque détail. La suite de l’histoire sera probablement elle aussi riche en légendes de l’ère Heian. N’hésitez pas dans les commentaires à enrichir la liste des références qui ont pu échapper à notre vigilance.
Valentin Paquot
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