#TBT : Bleu indigo

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Paru il y a vingt ans, Bleu Indigo s’inscrivait dans la droite lignée des harem manga initiée par Love Hina… en étant bien plus explicite ! De quoi faire monter le rouge aux joues des plus nostalgiques…

La vie de Kaoru Hanabishi a basculé à l’âge de cinq ans, au décès de son père. Ce dernier, héritier du consortium familial, n’avait pas épousé sa mère ; Kaoru lui est donc retiré par son grand-père paternel afin de recevoir l’éducation nécessaire pour devenir son successeur. A commencer par lui imposer sa future épouse, Aoi Sakuraba, descendante d’une autre lignée bourgeoise depuis plusieurs générations. Au décès de sa mère, Kaoru finit par fuguer pour s’installer à Tokyo où, malgré ses traumas, il vit comme tous les étudiants de son âge, entre club de photo et petits boulots. Son passé le rattrape de la plus surprenante des manières : bien que leurs noces aient été annulées, Aoi, restée éperdument amoureuse, est venue le rejoindre à la capitale pour partager sa vie…

Publié à partir de 1998 dans les pages du Young Magazine, le mangaka Kou Fumizuki s’adresse à un public seinen avec Ai Yori Aoshi, dont le premier tome sort le 28 mai 1999 au Japon. Il franchit donc largement la ligne jaune des publications shônen dans sa représentation des formes féminines (les drapés épousent chaque repli et creux de leurs corps, les nuages de vapeur sont rikiki dans les salles de bain) sans sombrer dans l’érotisme graveleux. Mais le dessinateur s’affranchit surtout de l’humour, déclencheur habituel des situations équivoques propres au harem manga, et met en scène des personnages ayant conscience non seulement de leur sexualité, mais aussi des conséquences qu’entraînerait un passage à l’acte.

La médaille a néanmoins son revers : malgré tous les efforts déployés durant 17 volumes, aucune des nouvelles arrivantes dans l’intrigue ne fera vraiment vaciller le socle Kaoru/Aoi. L’adaptation animée Ai Yori Aoshi au studio J.C. Staff en 2002 souffre en conséquence d’un tiraillement constant sur 36 épisodes (2 saisons, 24 +12) entre le ton sérieux voulu par Kou Fumizaki, et l’humour habituel exacerbé dans l’animation. Edité dès 2003 par Pika sous le titre Bleu Indigo, l’un des pionniers sur le marché français a longtemps été oublié suite à la vague moe. Il trouve pourtant aujourd’hui de dignes successeurs avec des séries comme Love x Dilemma (alias Domestic na kanojo). L’occasion rêvée de comparer comment, en vingt ans, les mœurs du manga fripon pour grands ados ont évolué, tant sur le fond que sur la forme.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon