Personnalité de la semaine : Kazuko Nakamura

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Révélée par Osamu Tezuka, Kazuko Nakamura fut l’une des premières animatrices à obtenir le poste de réalisatrice. Retour sur le parcours d’une pionnière de l’animation japonaise.

Au milieu des années 50, le studio Toei ne cache plus ses ambitions de rivaliser avec Disney en produisant à son tour un long métrage anime, Le serpent blanc. Lançant une campagne de recrutement sans précédent, la toute jeune structure prépare en parallèle ses employés en les faisant travailler sur des courts métrages. C’est ainsi que l’on peut découvrir au générique de Yumemi Doji le nom de Kazuko Nakamura en tant qu’intervalliste – un poste que la jeune femme de 25 ans partage avec un certain Yasuo Otsuka, futur mentor de Miyazaki et Takahata. Avec sa camarade Reiko Okuyama, elle apporte une touche féminine à l’animation sur les trois premiers longs métrages du studio… avant de suivre une voie différente.

Osamu Tezuka, qui réalise Saiyuki en 1960 chez Toei, remarque en effet le talent de Nakamura, et lui offre un pont d’or pour rejoindre sa société Mushi Productions. Dès 1962, malgré un sexisme encore prégnant à l’époque, Kazuko Nakamura est propulsée directrice de l’animation sur le court-métrage Histoires du coin de la rue ! Bien qu’elle retrouve le bas de l’échelle en tant qu’intervalliste sur certains projets du studio (la série Astro le petit robot), la jeune femme continue d’obtenir des postes-clef sur les projets lui correspondant. On retrouve ainsi son nom au générique de la série Princesse Saphir en 1967, dont elle assure, selon les épisodes, le chara design, la direction artistique et/ou la direction de l’animation !

En moins de dix ans, Kazuko Nakamura trône dans le cercle réduit des animateurs principaux de Mushi Productions. Elle atteint alors le sommet de sa carrière en participant aux deux longs métrages « Animerama » produits par le studio à la fin des années 60 ! Sur Les 1001 nuits, elle dirige l’animation des deux amants Jalis et Aslan, notamment dans une mémorable séquence érotique. Mais c’est avec Cléopâtre que la sensualité atteint son pinacle, dans une scène de bain co-animée avec un ex-transfuge de Toei, où les courbes des corps se noient et se confondent avec les rides de l’eau. Après avoir supervisé l’animation de L’oiseau de feu, magnus opus de Tezuka sorti en 1980, Kazuko Nakamura, désormais quinquagénaire, disparaît peu à peu de la profession… qu’elle abandonne définitivement en 1989, à la mort de son mentor. C’est seulement le 26 septembre qu’a été annoncé son décès, en date du 3 août, à l’âge de 86 ans. Mais l’animatrice reste dans les cœurs des Japonais au travers du personnage d’Asako Ôsawa, dans le drama/biopic de NHK Natsuzora !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon