Personnalité de la semaine : Hisashi Eguchi

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L’imposant programme du Festival d’Angoulême pourrait presque occulter la venue d’un mangaka majeur, mais méconnu en France. AnimeLand offre un coup de projecteur mérité à Hisashi Eguchi !

Âgé d’à peine sept ans, Hisashi Eguchi se fait happer en 1963 par les premières séries tokusatsu et les premiers dessins animés japonais diffusés à la télévision, notamment Astro le petit robot qui l’incite à se plonger dans les livres d’Osamu Tezuka. Dès son CE2, il dessine ses premières bandes dessinées, se destinant au métier de mangaka ! A 21 ans, en 1977, il se fait remarquer avec deux histoires courtes lauréates de deux concours différents. Eguchi entame aussitôt sa carrière professionnelle dans les pages du Shônen Jump, avec Susume ! Pirates.

L’intrigue, focalisée sur le coup de collier d’une équipe de baseball professionnelle en plein déclin, les Chiba Pirates, passionne le Japon, mais pas autant que le style graphique de l’auteur. Malgré l’atmosphère virile qu’on attend d’un shônen sportif, Eguchi prend un malin plaisir à glisser de nombreux personnages féminins, partant du postulat qu’un titre avec de jolies filles sera populaire. Pour en dessiner les courbes, il opte pour l’épure et la sobriété, s’inscrivant dans la mouvance pop-art, et particulièrement les œuvres de Roy Lichtenstein et Andy Warhol. Après ce bouleversement graphique en 11 tomes, Hisashi Eguchi s’attaque aux codes du shônen : dans Stop ! Hibari-kun !, le héros adolescent, fils de yakuza… se sent fille !

Abordant avec humour mais sans moquerie l’identité de genre dès 1981, Stop ! Hibari-kun ! tirera sa révérence au bout de quatre petits tomes. Non pas par manque de popularité, bien au contraire : une adaptation anime de 38 épisodes sera produite chez Toei ! Eguchi ne parvient tout simplement pas à tenir ses délais, et le Shônen Jump préfère arrêter la série que la publier une semaine sur deux. Le mangaka se tourne alors vers son autre passion, l’illustration. Outre de nombreuses collaborations publicitaires, il signe ainsi les designs pour les anime Roujin Z et Spriggan. Proche de Katsuhiro Otomo, il obtiendra sa participation au premier numéro de Comic Cue en 1994, pari éditorial laissant carte blanche aux auteurs. Eloigné depuis vingt ans de l’industrie, Eguchi pourra être découvert par une nouvelle génération au Festival d’Angoulême : édité par Le Lézard Noir, Stop ! Hibari-kun ! n’a jamais été autant d’actualité !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon