Avec une adaptation animée de 50 épisodes diffusée il y a 25 ans, Gokinjo révélait au monde une mangaka au style particulier, Ai Yazawa. Retour sur une série phénomène.
Mikako Kôda et Tsutomu Yamaguchi sont plus que voisins : les deux adolescents sont également camarades de classe à l’école de mode Yazawa. Mais si Tsutomu s’est inscrit dans le prestigieux établissement, ce n’est pas par vocation, mais uniquement pour rester à proximité de Mikako. Serait-ce de l’amour ? Cela n’empêche pourtant pas l’adolescent de sortir avec une autre fille… ce qui déclenche aussitôt un sentiment de jalousie chez son amie qu’elle n’aurait jamais soupçonné. Alors, serait-ce vraiment de l’amour ? Il ne faudra pas longtemps avant que les deux jeunes de 17 ans ne finissent par former un couple, ce qui était une évidence aux yeux de leurs amis aux caractères bien trempés. Mais, si c’est de l’amour, que va-t-il devenir ? Les amoureux vont-ils connaître une histoire finalement banale ? Se déchirer dans la douleur ? Ou parviendront-ils à conserver leurs personnalités si particulières et les unir en harmonie pour le reste de leur vie ?
Dès son précédent manga qui l’avait révélée au grand public, Je ne suis pas un ange (disponible aux éditions Delcourt/Tonkam), Ai Yazawa développait en filigrane des thématiques chères à son cœur : des histoires d’amour entre adolescents créatifs et anticonformistes. Avec Gokinjo (disponible aux éditions Delcourt/Tonkam), en 1995, la mangaka pousse les curseurs à fond ! Ses héros sont ainsi des gravures de mode avant-gardistes, arborant des tenues réfléchies dans le moindre détail, y compris au niveau des accessoires – la marque imaginaire « Happy Berry » donnera lieu à des collaborations dans notre monde bien concret ! Mais surtout, ses personnages peuvent oser des audaces interdites dans la majorité des établissements (cheveux longs pour les garçons ou colorés pour les filles, piercings…), de quoi faire rêver les lectrices collégiennes de Ribon, mensuel shôjo de Shueisha qui a établi une relation de confiance avec la mangaka. Ces dernières peuvent d’ailleurs se projeter dans le personnage d’Ayumi, au look bien plus conventionnel, mais parfaitement intégrée dans le groupe d’amis extravertis.
Les sept volumes du manga donnent naissance à une série animée diffusée quasi en parallèle, à partir du 10 septembre 1995. Produits chez Toei Animation, les 50 épisodes sont réalisés par Atsutoshi Umezawa (Ghost sweeper Mikami), qui se tournera après l’an 2000 vers la production. Il y exploite une palette chromatique vive et bariolée, qui rend hommage aux illustrations d’Ai Yazawa, et grâce à laquelle le chara-designer versatile Yoshihiko Umakoshi (Baki, Marmalade Boy, Berserk, Doremii) peut transposer avec brio sur l’écran les looks pittoresques des personnages. C’est en revanche Junji Shimizu, futur réalisateur de One Piece, qui mettra en scène le long métrage animé de 1996, reprenant les chapitres 23 et 24 du manga. Outre ses qualités intrinsèques qui justifient son succès, Gokinjo se redécouvre avec plaisir, a posteriori, comme matrice de deux œuvres marquantes d’Ai Yazawa à venir. Comment ne pas voir dans les personnages de punkette de Risa et de jeune oie blanche de Pî-chan les modèles des futures héroïnes de NANA (disponible aux éditions Delcourt/Tonkam) ? Mais surtout, Paradise Kiss (disponible aux éditions Kana) projettera ses lectrices dans le même univers, quelques années plus tard, en s’offrant au passage des cameos des héros de Gokinjo, devenus adultes !
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