#TBT : NANA

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C’est sans conteste le shôjo de l’an 2000 ! Adapté en anime et en live, NANA est devenu un phénomène de société international, et particulièrement en France.

Puisque leur train vers Tokyo est coincé par la neige, deux voisines de siège entament une conversation pour tuer le temps. À priori, tout semble les opposer : la première est une oie blanche souriante partie retrouver son petit ami, la seconde une punkette renfrognée bien décidée à conquérir la scène musicale. Pourtant, elles partagent le même âge, 20 ans, et le même prénom, Nana. En se séparant sur le quai, les jeunes femmes ne s’attendent pas à se retrouver durant la visite d’un même appartement ! Nana Komatsu et Nana Ôsaki deviennent alors colocataires et, grâce à leurs différences, vont mutuellement se soutenir à travers leurs déroutes sentimentales et professionnelles. Car le monde du show-business est impitoyable…

Depuis 1992, Ai Yazawa faisait les beaux jours du magazine shôjo Ribon de Shueisha (Je ne suis pas un ange, Gokinjo). En 2000, à 33 ans, elle y publie Paradise Kiss, mais crée en parallèle une autre série pour une revue plus mature du même éditeur, Cookie. Avec NANA, son ton se fait plus sombre, en s’axant sur le côté obscur des relations humaines, notamment avec la dépendance affective ou sexuelle. La mangaka joue ainsi sur le contraste entre les zones d’ombre de la psyché de ses héro(ïne)s et les spotlights, contraste accentué en surface par leurs tenues vestimentaires. Dans NANA, la mode n’est pas une façon de vivre, c’est la vie ! Ode à Vivienne Westwood, le manga n’en reste pas moins en phase avec la jeunesse féminine japonaise hyper-consumériste du début du millénaire : derrière leur T-shirt griffé à 10 000 yens, bat un cœur sensible.

Et la jeunesse féminine japonaise le lui rend bien, en accueillant le manga à bras ouverts dès son premier tome, le 15 mai 2000. Auréolé du glamour chic et urbain de Tokyo, le titre conquiert instantanément les otakettes à travers le monde, les ventes cumulées flirtant avec les 50 millions d’exemplaires. Quand il paraît dès 2002 en France, NANA finit en apothéose le travail de sape entamé par Card Captor Sakura et Fruits Basket, apportant une mixité bienvenue à un public jusqu’ici majoritairement masculin. Gravitant dans l’univers de la musique, le manga était du pain bénit pour être adapté à l’écran, grand (deux films live en 2005 et 2006) comme petit (série de 47 épisodes animée chez Madhouse en 2006 disponible chez ADN) : leurs bandes originales ont également contribué à l’implantation de la J-Pop sur le marché français. Mais la source s’est tarie. Les problèmes de santé qu’Ai Yazawa partageait dans ses notes ont rattrapé la mangaka, qui a mis en pause NANA à son 21e tome en 2009. Depuis dix ans, les fans sont dans l’expectative : souhaitent-elles vraiment connaître la conclusion annoncée comme particulièrement tragique ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon