Il y a vingt-cinq ans, les disciples de Tezuka lui rendaient hommage avec un film original autour de son héros Black Jack… qui résonne particulièrement avec notre actualité !
On n’avait jamais vu ça ! Aux Jeux Olympiques de 1996, les records tombent comme des mouches, dépassés par les performances inimaginables d’athlètes exceptionnels. Bien vite, ces capacités hors norme franchissent le simple cadre sportif pour atteindre les domaines artistiques (notamment la musique) ou scientifiques. Grâce aux talents de ces « surhommes », l’humanité progresse à toute allure. Mais à quel prix ? Engagé par l’austère Joe Carol Brain, Black Jack découvre avec effroi, en disséquant le cadavre d’une jeune surdouée que ses organes ont atteint le degré d’usure d’une personne de 90 ans ! Derrière ce nouveau phénomène, se dissimule en vérité un virus qui pourrait bien nuire à la totalité de l’espèce humaine…
Il faut remonter aux années 70 pour comprendre l’origine de Black Jack. Face à la montée du gekiga, Osamu Tezuka décide de s’aventurer à son tour sur le terrain des histoires sombres à destination d’un public adulte. Pour ce faire, le « Dieu du manga » s’inspire de sa formation de médecin même si, malgré son diplôme, il n’aura jamais le temps de pratiquer, entièrement consacré à sa carrière artistique. Il crée ainsi le personnage de Black Jack, médecin clandestin qui négocie son talent hors pair à des sommes astronomiques auprès de mafieux atteints de maladies a priori incurables. Reconnaissable entre mille à son visage balafré ayant subi une greffe de peau noire, Black Jack est toujours accompagnée de Pinoko, jeune femme dont le corps est à jamais figé au stade enfantin pour assurer sa survie. Outre la noirceur de chaque histoire indépendante, Black Jack subjugue par la qualité et le réalisme des interventions chirurgicales effectuées par son héros !
Publiée entre 1973 et 1983, le manga ne sera adapté en dessin animé qu’à partir de 1993, dix ans après la parution du 17e et dernier volume, à travers une série d’OAV. Et qui de mieux pour rendre hommage à Osamu Tezuka qu’un de ses disciples ? Et quel disciple ! Osamu Dezaki, qui avait rejoint le studio Mushi Production en 1963, a imposé son style unique en trois décennies (Lady Oscar, Cobra, Rémi sans famille, Jeu set et match, Très cher frère…), notamment à travers les « postcard memories », qui figent un instant crucial pour mieux en transcender l’intensité. Durant la production des OAV, Dezaki réalise un long métrage qui sortira dans les salles nippones le 30 novembre 1996, il y a vingt-cinq ans. Développant un scénario inédit, le film impressionne par sa technique, notamment les plans des sportifs dont la peau laisse transparaître l’anatomie interne durant leurs épreuves d’athlétisme. Aujourd’hui encore, et malgré deux séries (2004, 61 épisodes et 2006, 17 épisodes) et un long métrage (2005) bénéficiant de technologies plus modernes et réalisés par le fils de Tezuka, Makoto, c’est en premier lieu au long métrage de Dezaki que l’on pense quand on évoque les adaptations animées de Black Jack !
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.