Depuis trente ans, Keisuke Itagaki entraîne ses lecteurs dans un monde empli de violence et de fureur, peuplé de combattants aux muscles saillants. Retour sur l’univers de Baki !
Qui est l’homme le plus fort du monde ? Personne n’hésite pour répondre : Yujiro Hanma. Surnommé « l’ogre » en raison du visage grimaçant que forme sur son dos sa musculature poussée à l’extrême, le colosse à la crinière rousse a massacré à mains nues plusieurs bataillons de GI et de Vietnamiens durant la guerre du Vietnam, dans le seul but de s’améliorer. Ayant hérité de ses gènes hors norme, son fils Baki est entraîné d’une main de fer par sa mère Emi Akezawa, qui le juge néanmoins trop faible pour arriver à la cheville de son père. Ainsi, lors de leur premier combat, quand Yujiro s’apprête à tuer Baki après l’avoir ridiculisé, seul le sacrifice d’Emi permet à l’adolescent de 13 ans de s’en sortir. Depuis, Baki n’a plus qu’un objectif : dépasser le niveau de son père pour prendre sa revanche ! Mais pour ce faire, il lui faudra affronter de nombreux combattants à la puissance surhumaine…
Depuis sa tendre adolescence, Keisuke Itagaki pratique le shôrinji kempo, art martial inspiré du zen affilié en occident au karaté. Durant ses cinq années de service dans les forces d’autodéfense, il découvre la boxe amateur, qui le mènera en compétition nationale ! Par conséquent, quand il décide de se lancer dans une nouvelle carrière, celle de mangaka, au début des années 90, il se tourne tout naturellement vers le genre de la castagne ! Il a donc 33 ans quand il débute Baki, œuvre à laquelle il dédiera le reste de sa vie. En effet, le premier tome, publié il y a trente ans, le 21 février 1992, marque le début d’une saga approchant les 150 volumes (143 à l’heure actuelle) écoulée à plus de 85 millions d’exemplaires. De prime abord, il était difficile de prévoir un tel succès ! Le dessin n’est pas le point fort d’Itagaki, qui enchaîne des perspectives pas très rigoureuses, et développe une musculature surréaliste à ses personnages, auxquels il invente des muscles qui n’existent pas. De même, malgré sa formation auprès de Kazuo Koike, l’intrigue de Baki peut parfois s’embourber dans des tournois interminables, avant de subitement changer d’arc scénaristique en passant du coq à l’âne !
Pourtant, comment ne pas être conquis par la fougue de la série ? Par ses personnages forts en gueule au charisme indubitable ? Par ses combats d’une sauvagerie rare ? Qui plus est, Itagaki s’améliore au fur et à mesure des cycles qui découpent sa saga : après les 42 tomes de Grappler Baki (1991-1999), commencent les 31 tomes de Baki. C’est d’ailleurs ce deuxième arc qui sera traduit en premier en France par les éditions Delcourt/Tonkam, ce qui laissera bien des lecteurs perplexes face à divers personnages supposés connus depuis le début. S’ensuivront Baki Hanma (37 volumes), Baki-dou (27 volumes) et Bakidou (10 tomes, en cours), toujours dans le Shônen Champion d’Akita Shoten. Après une timide OAV en 1994, Baki a donné naissance à une première série TV en 2001. Produite par le groupe TAC, elle se découpe en deux arcs de 24 épisodes distincts, réalisés respectivement par Hitoshi Nanba (Golden Kamuy) et Katsuyoshi Yatabe (Gundam Seed), le second se focalisant sur un tournoi. C’est grâce à Netflix que Baki marque un retour en force auprès d’une nouvelle génération, avec une première série de 39 épisodes en 2018 (Baki), et sa suite en 12 épisodes (Baki Hanma) diffusée en septembre 2021. La plateforme sourit donc particulièrement à la famille Itagaki puisque, en plus de l’œuvre du père, elle diffuse l’adaptation animé du manga de sa fille Paru, Beastars !
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