#TBT : Aika

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Avec son fan-service tellement assumé et décomplexé qu’il en devient risible, Aika est un parfait représentant des séries B produites pour le direct-to-video il y a vingt-cinq ans au Japon.

Suite à une catastrophe écologique qui a engendré la fonte des calottes polaires, la montée des eaux a submergé une bonne partie de la Terre, et notamment le Japon, en 2016. Une vingtaine d’années plus tard, est apparue un nouveau corps de métier, les salvagers, qui plongent récupérer les objets engloutis dans les cités noyées. Accompagnée de la jeune Rion, admiratrice et fille de son boss Gozo Aida, Aika Sumeragi part ainsi à bord de son bathyscaphe pour répondre aux requêtes de clients fortunés. Elle se retrouve ainsi avec une mission cruciale : rapporter le Rag, un objet qui serait à l’origine de la catastrophe ayant submergé Tokyo ! Devant dans un premier temps affronter son concurrent et courtisan Guts, Aika doit ensuite faire face à une plus grande menace : Rudolf Hagen compte mettre la main sur le Rag pour détruire l’humanité et la remplacer par des jeunes filles entièrement dévouées à la procréation. Car, sous ses airs efféminés, Rudolf est un chaud lapin qu’Aika ne laisse pas indifférent…

Malgré la licence Captain Tsubasa, ô combien populaire dans les années 80, à son catalogue, la société Tsuchida Production a fait faillite en 1986. Trois ans auparavant, un de leurs coloristes, Tomohiko Iizuka, sentant le vent tourner, fonde sa propre société de production, le studio Fantasia, dont il décrit la politique en quelques mots : « montrer des sous-vêtements féminins ». Du pain bénit pour le réalisateur Katsuhiko Nishijima, spécialiste devant l’éternel des anime gentiment fan-service (Project A-ko) ou explicitement érotiques (Lingeries, G-Taste…). Il prend donc au pied de la lettre les consignes du studio et met tout en œuvre dans Aika pour laisser apparaître les dessous de ses héroïnes. Ainsi, contre toute logique, Aika pilote son bathyscaphe en mini-jupe ultra-serrée afin de favoriser les plans en contre-plongée sur sa petite culotte. Et que dire de son bustier qui se transforme en bikini de combat ?

On assiste donc à un festival de jeunes femmes plus ou moins vêtues (surtout moins) et un défilé de lingerie que n’aurait pas renié Victoria’s Secrets pour satisfaire les hormones des otaku. Cette débauche d’efforts finit pourtant par en devenir amusante, tant les recours au fan-service sont systématiques, au point d’en oublier une intrigue qui, à défaut de grande originalité, propose pourtant quelques audaces, à commencer par des antagonistes particulièrement cruels. La série de sept OAV sera distribuée directement en vidéo au Japon, entre le 25 avril 1997 et le 27 avril 1999. Le succès sera au rendez-vous, et engendrera un épisode bonus en 1998, Aika Special Trial, un prequel relatant la jeunesse de l’héroïne, Aika R-16 en 2007, agrémenté d’une suite en 2009, Aika Zero, pour un total de six épisodes. L’équipe ira même jusqu’à exploiter cet univers pour une série TV tout autant consacrée à la gloire des culottes, Najica Blitz Tactics, en 2001. Un quart de siècle plus tard, dans notre époque post-#MeToo, deux clans s’affrontent quand on aborde Aika, autrefois distribuée en France par Dybex puis Beez : ceux qui n’y voient qu’une œuvre atrocement sexiste, et ceux qui rient de sa démarche outrancière. Une chose est sure, dans les deux cas, on en parle au passé.

 

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon