Le décalage entre son design coloré et son ultra-violence avait désarçonné les animefans français en son temps. Vingt ans plus tard, Elfen Lied reste dans toutes les mémoires.
Au large de Kamakura, une île désaffectée abrite un laboratoire top-secret qui étudie des êtres mutants, les Diclonius. Malgré la sécurité, un sujet parvient à s’en échapper ! Entièrement nue à l’exception d’un casque intégral métallique, la jeune Lucy massacre sans pitié quiconque se met sur son chemin. Seul un sniper, d’un tir à la tête, parvient à l’étourdir en brisant son casque, et la fait chuter dans la mer. Le lendemain, Kota emménage dans un ryokan tenu par sa cousine Yuka à Kamakura, afin d’y poursuivre ses études. Lors d’une promenade sur la plage, ils découvrent Lucy, qu’ils recueillent. L’impact de la balle a perturbé sa mémoire et la jeune femme, à la psyché quasi-enfantine, ne sait prononcer qu’un mot, Nyu, qui lui servira de prénom. Mais dès que des escouades lancées à sa poursuite la menacent, elle ou ses amis, sa personnalité meurtrière reprend le dessus…
C’est en 2002 que Lynn Okamoto débute la publication d’Elfen Lied dans les pages du Weekly Young Jump. Très vite, le manga (disponible chez Delcourt/Tonkam) se distingue des autres titres à destination du lectorat de jeunes adultes masculins : s’il propose une bonne dose d’érotisme et de violence, le contenu n’est jamais gratuit, et cherche plus à déstabiliser qu’à plaire. Intrigué, le public lui réserve un tel accueil qu’une adaptation animée est rapidement mise en chantier. C’est le bien nommé Studio Guts, jusqu’ici habitué à la sous-traitance sur des blockbusters (Pokémon, One Piece…), qui récupère la licence pour sa première production. Réalisateur polyvalent qui s’est déjà fait remarquer avec des titres adultes sur le fond (Nana toshi monogatari) comme sur la forme (Ninja Revolution, Psycho Diver), Mamoru Kanbe est retenu pour diriger cette adaptation. Le futur réalisateur de The promised neverland demande au chara-designer et directeur de l’animation Seiji Kishimoto de conserver les tons vifs qu’il exploite habituellement sur des comédies (Akihabara Dennô-gumi, Pia Carrot).
Le premier plan de la série donne le ton, avec son bras arraché qui flotte sur l’eau. Malgré son aspect coloré, Elfen Lied enfile les scènes de violence graphique (démembrements, décapitations et gerbes de sang) comme psychologique (des gamins martyrisant un chien avant d’être à leur tour abattus). Dès sa diffusion sur AT-X le 25 juillet 2004, la série est interdite aux moins de 15 ans au Japon. Elle se termine au bout de 13 épisodes, en octobre 2004, soit presque un an avant le manga, en proposant donc une fin différente. En France, seule une version censurée, interdite aux moins de 12 ans, sera diffusée à la télévision à partir de 2008 dans Manga Trash sur Virgin 17. La version intégrale, elle, est proposée uniquement en DVD aux spectateurs de plus de 16 ans (chez @Anime). Jouant toujours le contrepied (les sentiments exacerbés malgré un ton désabusé, le gore malgré les couleurs vives, un mix comédie romantique/science-fiction/horreur/action inclassable…), Elfen Lied marquera les esprits, y compris pour son générique lui aussi hors des clous puisqu’il rappelle les adagios en latin avec des références visuelles à Gustav Klimt. De quoi rester encore, vingt ans plus tard, une œuvre à part qui marquera, à n’en pas douter, les futures générations à leur tour.
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