Pour célébrer le retour du printemps qui affole nos hormones, pourquoi ne pas évoquer un titre fripon ? Mais sous son apparence coquine, Le journal intime de Sakura s’avère aussi sombre…
Tôma Inaba rêve d’intégrer l’université Keio, un des plus prestigieux établissements de Tokyo. Le jour de l’examen d’entrée, il rencontre une étudiante rousse dont il tombe éperdument amoureux, Mieko Yotsuba. En découvrant que celle-ci a réussi le concours mais pas lui, Tôma prétend avoir intégré la faculté, bien qu’il doive prendre une année de cours particuliers… jusqu’au jour où son imposture est révélée ! Désespéré, Tôma finit par coucher avec sa colocataire (et cousine) folle de lui, Urara Kasuga, ce qui rend jaloux son professeur particulier qui le renvoie de l’école… avant de revenir sur sa décision, suite à des faveurs sexuelles d’Urara. Quand Tôma découvre ce chantage, il rompt avec sa cousine pour enfin finir dans les bras de Mieko. Mais, entretemps, Urara apprend qu’elle est enceinte, alors que Mieko se prépare à épouser un autre homme…
En 1988, U-Jin s’était fait connaître pour Angel, parodie décomplexée de Kimagure Orange Road dans laquelle des lycéens parfois peu dégourdis et des lycéennes souvent déjà très bien formées se laissent aller à des séances de gouzi-gouzi plus hilarantes les unes que les autres. Malgré la légèreté de cette comédie friponne, le manga s’était retrouvé supprimé des pages du Young Sunday suite aux plaintes d’une association contre la pornographie – que le dessinateur fustigeait dans des bonus au vitriol. Sa mauvaise réputation avait suivi le manga jusqu’en France, où il avait purement et simplement été interdit d’exposition en librairie ! Est-ce par esprit de revanche ? En attaquant Le journal intime de Sakura en 1995, U-Jin décide de prendre tout le monde à contrepied, ses fans comme ses censeurs. On lui reprochait de dire que les lycéens ont des relations sexuelles (breaking news : c’est toujours le cas) ? Il fait de ses personnages des étudiants majeurs, mais pour qui le sexe, passée la partie de plaisir, n’a quasiment que des conséquences néfastes !
Grossesse non désirée, fausse couche, adultère, chantage sexuel, prostitution… Même quand les héros ne découchent pas, U-Jin en rajoute des couches pour assombrir encore plus son intrigue : drogue, leucémie et tentative de meurtre seront aussi au rendez-vous ! Ce qui n’empêchera pas le mangaka de terminer Le journal de Sakura sur un vingtième tome optimiste – un parfait aïeul de Nozokiana, en quelque sorte. C’est le studio Shaft qui adapte le manga en 12 OAV éditées en cinq mois, entre le 21 mai 1997 et le 22 octobre 1997. Pour son unique incursion dans le domaine érotique, le réalisateur Kunitoshi Okajima, plus habitué aux productions pour enfants (Samourai Pizza Cats, La légende de Blanche-Neige…) doit ménager la chèvre et le chou. L’anime est en effet prévu à la fois pour une sortie vidéo qui mise tout sur les scènes explicites, et une diffusion TV qui doit au contraire rester convenable – un subtil travail de montage avec des scènes propres à chaque support. Assumant parfaitement ses vingt-cinq ans (format 4/3, couleurs vives), Le journal intime de Sakura, distribué à une époque par Dybex sous le titre Sakura Mail, semblerait presque désuet en comparaison des productions érotico-pornographiques actuelles. Mais il garde toutefois le charme d’une intrigue certes « too much », mais qui ne se contente pas d’aligner les séquences de jambes en l’air !
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