Ce manga a beau fêter ses vingt-cinq ans, il n’a pas pris une ride ! Titre le plus expérimental de CLAMP, Trèfle impressionne toujours autant par ses audaces novatrices de mise en page.
Grâce à leurs pouvoirs magiques, les Wizards sont à la tête de leur pays. Mais ils ne sont pas pour autant les plus puissants ! Les enfants doués des mêmes capacités sont rassemblés, éduqués, mais surtout jaugés en fonction de leur potentiel : selon l’estimation, ils sont tatoués d’un trèfle d’une à quatre feuilles. Les Trèfles à trois ou quatre feuilles dépassant en puissance les Wizards, ils sont coupés de l’extérieur et testés comme des cobayes. Seule Trèfle à quatre feuilles, Suh rêve de quitter sa cage à oiseau géante… ce qui lui accordent les Wizards, qui réquisitionnent un ancien militaire, Kazuhiko, pour l’escorter jusqu’au Parc Féérique. Mais leur trajet ne sera pas de tout repos…
Inauguré en 1954, le magazine mensuel Nakayoshi est au sommet de sa popularité dans les années 90, avec un tirage dépassant le million d’exemplaires. Puisqu’il cible avant tout les collégiennes (entre 8 et 14 ans), son éditeur Kôdansha décide de créer une nouvelle revue, plus mature, pour conserver les plus âgées des lectrices. Destiné aux lycéennes, le mensuel Amie débute donc sa publication en janvier 1997… mais peine à se vendre. Kôdansha fait donc appel au quatuor CLAMP, qui a assuré le succès de Nakayoshi avec Card Captor Sakura, pour créer un titre qui tirera ce nouveau magazine vers le haut. Puisqu’elles s’adressent à des lycéennes, les autrices fournissent un manga plus nostalgique et mélancolique, dans lequel elles expérimentent les possibilités offertes par la bande dessinée, notamment avec une mise en page déstructurée. Porté par une esthétique empruntant aussi bien à l’Art Nouveau qu’au steampunk, Trèfle désarçonne au premier abord par sa narration en apparence décousue, mais impose son rythme lancinant et captive les lectrices.
Hélas, la série, lancée en juin 1997 ne suffit pas à faire décoller les ventes d’Amie, dont la publication stricto sensu est arrêtée en 1998. Le magazine survit encore pendant une année en tant que supplément à Nakayoshi, mais s’éteint définitivement en juillet 1999. Trèfle en fait les frais : l’intrigue, prévue pour s’étendre en quatre chapitres (un par feuille de trèfle) n’en couvre au final que trois, et le manga s’interrompt au bout de son quatrième tome, alors qu’il en aurait fallu six pour que CLAMP boucle son histoire en intégralité. Tel un chant du cygne, il aura droit à une adaptation animée de cinq minutes, clip produit chez Madhouse et réalisé par Kitarô Kosaka, directeur de l’animation de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro. Réclamées par d’autres publications, les membres de CLAMP n’ont d’autre choix que laisser Trèfle sur le côté, en espérant toutefois offrir à cette série hors du commun la conclusion qu’elle mérite. Puisque le titre fête ses 25 ans et vient de ressortir en France chez Pika, ce serait le bon moment, non ?
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