#TBT : Rokudenashi Blues

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Le manga furyo de Masanori Morita crée l’événement en France en revenant enfin en librairie. Mais il fête également un anniversaire au Japon : les trente ans de son adaptation en film d’animation !

Quelle rentrée pour Taison Maeda ! Il l’entame avec une grande torgnole en travers de la tronche d’un professeur, sous prétexte que le lycée Teiken, qu’il vient d’intégrer, a modifié son règlement concernant les uniformes féminins. Il faut dire que l’adolescent de 16 ans a la main leste, passionné par la boxe et le combat de rue. Il ne cache d’ailleurs pas son ambition : devenir en trois ans le boxeur le plus célèbre de Tokyo. Bête de combat sur le ring, Taison se fait pourtant mettre au tapis dans la vie civile par les réparties cinglantes de la jolie Chiaki Nanase, pour qui il en pince. Mais pour commencer, avec ses comparses Katusji et Yoneji, il lui faut régler les embrouilles qui opposent le club de boxe à celui des supporters. Il pourra ensuite affronter selon les règles de l’art Hatanaka, le bad boy charismatique de son lycée, puis les talents en devenir des autres établissements, notamment le démoniaque Onizuka

Apparu vers la fin des années 60, le genre furyo se popularise durant la bulle économique des années 70-80. Les « mauvais élèves » refusant de rentrer dans le rang se retrouvent facilement enrôlés dans des gangs, et évacuent via la castagne leur frustration face à la réussite capitaliste des golden boys spéculateurs. Kôdansha se fait une spécialité dans le domaine, avec des séries comme Gakuran Hachinengumi, Bari Bari Densetsu, Bats & Terry, Chameleon, Young GTO ou, dans un registre plus seinen, Akira. Évidemment, les éditeurs concurrents refusent de céder le monopole et surfent sur la vague ! C’est ainsi qu’en 1988 débarque dans le Shônen Jump Rokudenashi Blues, qui, sous son vernis de baston à tout va, décortique avec humour et tendresse la personnalité de ses héros et comment ils ont choisi la voie des poings. Sublimé par le graphisme hors pair de Masanori Morita, le manga qui s’étalera sur dix ans et 42 volumes reliés ressort aujourd’hui aux éditions Pika.

Bourré de détails, le trait splendide et raffiné de Morita est en contrepartie un véritable cauchemar pour les animateurs. Malgré sa popularité, Rokudenashi Blues ne connaît donc pas d’adaptation en série TV. Néanmoins, en 1992, un film de 30 minutes se retrouve produit chez Toei Animation. C’est à Takao Yoshizawa, qui s’était fait la main en assistant la réalisation de films tirés de l’univers de Leiji Matsumoto (les deux fims Galaxy Express 999, L’Arcadia de ma jeunesse…), que revient la mission de transposer à l’écran le début du manga. Si le graphisme des personnages est simplifié, le réalisme de l’œuvre originale est préservé grâce à des décors extrêmement soignés évoquant des photographies. Bercé par la chanson-générique inoubliable Wild side of R&R de Diamond Yukai, ce film qui sort le 11 juillet 1992 dans un festival Jump profitera surtout d’une exploitation vidéo qui permettra de savourer son incroyable animation. Un second métrage de 50 minutes sortira l’année suivante, consacré au voyage de nos héros dans le Kansai… et marquera la fin des adaptations animées de Rokudenashi Blues, toujours inédites en France,  pour privilégier le live-action (deux films en 1996 et 1998 et un drama en 2011). À moins qu’un éditeur ne profite de son revival en manga ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon