Personnalité de la semaine : Hirokazu Kore-eda

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Le trailer du drama tiré de La maison des maiko a de quoi enthousiasmer. Normal avec un réalisateur aussi prestigieux de Hirokazu Kore-eda, qui n’en est pas à sa première adaptation de manga…

Le parcours de son père, envoyé au front en Manchourie à 20 ans, capturé en camp de travail par les Russes, et incapable de trouver du travail à son retour au Japon, lui donnera son goût pour les œuvres sociales et politiques. La cinéphilie de sa mère, qu’elle partage avec lui dès son plus jeune âge, éveillera sa vocation de cinéaste. On comprend donc pourquoi Hirokazu Kore-eda commence sa carrière dans le documentaire à 30 ans en 1991, avec une œuvre poignante, Mais… à l’ère de la protection sociale, centrée sur les femmes malades sans moyens de subsistance. Aujourd’hui encore, alors qu’il est devenu un réalisateur de fiction reconnu à travers le monde, Kore-eda continue de tourner des documentaires.

En 1995, il franchit le cap de la fiction avec Maborosi, adapté d’un roman de Teru Miyamoto. Le film teinté de fantastique séduit les festivals, notamment la Mostra de Venise où il est primé. S’ensuit After life, fable sur l’importance du cinéma (les personnes récemment décédées doivent produire le film de leur vie, qui leur servira d’ultime et perpétuel souvenir) consacre le réalisateur à travers le monde. Distance (sur les sectes), Nobody knows (tiré d’un fait divers tragique) et Still Walking (le deuil d’une famille ayant perdu un enfant) rappellent ensuite combien Kore-eda est en prise avec le réel. Il s’en émancipe en 2009 avec Air Doll, relecture du mythe de Pinocchio avec une poupée gonflable qui révèle Donna Bae, adapté d’un manga de Yoshiie Goda. Le réalisateur entame ensuite un cycle sur la famille avec Tel père, tel fils, Notre petite sœur et Après la tempête. Là encore, le deuxième de ces films est adapté d’un manga, Kamakura Diary d’Akimi Yoshida (édité chez Kana).

Après le thriller The third murder, Kore-eda triomphe avec Une affaire de famille, qui remporte la Palme d’Or à Cannes en 2018. Il n’en fallait pas plus pour le cinéaste japonais affronte un nouveau défi : tourner hors de son pays, dans une langue étrangère. Il choisit la France, réunissant trois générations d’actrices (Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ludivine Sagnier) dans La Vérité. Il prolonge cette démarche en 2022 avec un film tourné intégralement en coréen, Les bonnes étoiles, qui sort le 7 décembre en France. Pour son retour sur une production japonaise, Kore-eda sort également de ses habitudes, en tournant une série TV pour Netflix, The Makanai, adaptée du manga La maison des maiko d’Aiko Koyama (disponible aux éditions Noeve Grafx). Malgré ses trente ans de carrière, le cinéaste ne cesse donc de se renouveler, et grâce à sa réputation, prouve à une élite intellectuelle parfois condescendante que manga et chef-d’œuvre peuvent aller de pair.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon