#TBT : Astro le petit robot

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Le 1er janvier 1963 est une date cruciale dans l’animation japonaise, puisqu’elle a a vu naître la première série TV hebdomadaire. Célébrons les 60 ans d’Astro le petit robot pour bien débuter 2023 !

Dans le futur, en 2003 (sic), le docteur Tenma (Baltus en VF), à la tête du ministère de la science, est inconsolable : son fils Tobio vient de périr dans un accident de la route. Ce génie conçoit alors un robot à l’image de son enfant, Atom (Astro en VF), doté de pouvoirs extraordinaires : une puissance de 100 000 chevaux, des sens ultra-développés, la capacité de voler, un arsenal caché et surtout la possibilité de ressentir des émotions ! Cependant, le robot n’évolue pas avec le temps et le docteur Tenma finit par l’abandonner. Recueilli par le professeur Ochanomizu (Caudrine en VF), Atom met en œuvre ses compétences hors norme pour protéger la Terre mais également jouer le médiateur entre les humains et les robots discriminés au point d’en devenir parfois violents…

Avec le lancement de la chaîne publique NHK, la télévision japonaise fait ses premiers pas le 1er février 1953. En 1959, six chaînes sont déjà disponibles ! La diffusion du mariage du prince héritier en 1959, l’apparition de la couleur en 1960 et les J.O. de 1964 font grimper les ventes de postes en flèche… et la demande de programmes inédits de la part des Japonais. L’offre en animation étant limitée à des productions américaines, Osamu Tezuka décide d’occuper ce créneau encore libre : il semble inimaginable de produire 26 minutes d’animation chaque semaine ! Pour atteindre le degré d’exigence technique des longs métrages de Toei, il faudrait cinq fois plus d’animateurs qu’on ne comptabilise au Japon ! L’unique moyen d’atteindre cet objectif est donc de sacrifier la qualité de l’animation, réduite à sa plus simple expression : 8 images par seconde, voire 6 uniquement… quand il ne s’agit pas de plans fixes dynamisés par des mouvements de caméra (zoom, travellings, décors défilant derrière un personnage immobile…) !

Dans ses studios Mushi Pro érigés en avril 1962, Tezuka pose ainsi les bases de « l’animation limitée ». Chaque séquence diffusée est répertoriée et archivée avec soin afin que, alors que la production avance, on puisse recycler ces éléments dans les épisodes suivants ; le montage privilégie les plans courts et les gros plans sur des visages expressifs ; le storyboard est privilégié au script comme base de travail… Bref, Astro, le petit robot pose les fondations de l’industrie de l’animation encore en cours aujourd’hui, soixante ans après sa création. Diffusée du 1er janvier 1963 au 31 décembre 1966 sur NHK, la série en noir et blanc connaîtra deux remakes, en 1980 (la première série à avoir été diffusée en France, à partir de 1986, dans l’émission Temps X) puis en 2003. L’impact sur la société japonaise est sans équivalent : tous les enfants veulent voir Astro, et les produits dérivés s’arrachent ! Le générique, sur toutes les bouches en 1963, est devenu iconique au Japon. La preuve, soixante ans plus tard, il sert de mélodie pour le métro à la station Takadanobaba, où étaient situés les studios Mushi Productions qui ont fait naître l’ancêtre de l’animation télévisée nippone !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon