Alors qu’elle célèbre ses trente ans, Les enquêtes de Kindaichi continue de fasciner les Japonais ! Retour sur une saga policière dont le principal défaut est… de ne pas s’exporter.
Ne vous fiez pas aux apparences ! Certes, Hajime Kindaichi est un cancre qui cumule les mauvaises notes, y compris en sport. Certes, il passe son temps à glander et à chercher à mater les sous-vêtements des filles. Mais c’est avant tout une façade que se crée l’adolescent, qui cultive sa mauvaise réputation dans son lycée avec talent puisque tous ses camarades tombent dans le panneau. Tous, sauf son amie d’enfance Miyuki, qui ne peut masquer son béguin pour Hajime. Elle découvrira ainsi sa véritable personnalité : ce génie au Q.I. de 180 parvient, grâce à un extraordinaire don d’observation, à trouver la solution aux crimes irrésolus par la police ! Quoi de plus normal quand on est le petit-fils du célèbre enquêteur Kôsuke Kindaichi ?
Après avoir connu deux siècles d’isolationnisme, le Japon s’ouvre au monde extérieur durant l’ère Meiji (1868-1912). Il découvre ainsi de nombreuses spécialités occidentales, comme les romans policiers, et plus particulièrement les histoires de détective tels Sherlock Holmes ou Hercule Poirot. Ce nouveau genre littéraire, adopté sous le terme « misuteri » (prononciation nippone de mystery) prend de l’ampleur durant la première moitié du 20e siècle, et trouve un nouveau souffle après la seconde guerre mondiale. Chef de file de ce roman policier japonais post-guerre, Seishi Yokomizo crée en 1946 le personnage de Kôsuke Kindaichi dans Le meurtre dans le Honjin, considéré comme un des meilleurs livres du genre. Le détective apparaîtra en tout dans 77 romans qui se vendent au total à plus de 55 millions d’exemplaires. Figure populaire par excellence, Kôsuke Kindaichi se retrouve adapté au théâtre, au cinéma comme à la télévision.
Au début des années 90, trois artistes décident de moderniser ce mythe pop-culturel, en lui attribuant un petit-fils confronté, à son tour, à des enquêtes retorses et apparemment impossibles à résoudre. Pour assumer jusqu’au bout leur hommage, c’est dans les pages du Shônen Magazine qu’ils lancent Les enquêtes de Kindaichi puisqu’à ses débuts, l’hebdomadaire de Kôdansha avait accueilli des feuilletons de Seishi Yokomizo. La série connaît son premier volume relié le 17 février 1993 et dure 27 tomes jusqu’en 1997, pour repartir sur une suite de dix tomes dès 1998. En supplément de ces deux séries principales, Kindaichi connaît de nombreux spin-off, pour atteindre un total de 76 volumes ! Meneuse du projet, la dessinatrice Fumiya Satô s’associe à deux scénaristes : Yôzaburô Kanari gère les deux séries principales, tandis que Seimaru Amagi conçoit les crimes des titres dérivés. Écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires, la licence se décline également en séries animées (148 épisodes entre 1997 et 2000, 47 épisodes entre 2014 et 2016), drama (le plus récent est disponible sur Disney +), jeux vidéo… Malgré son succès, ce mythe nippon ne parvient pas à s’exporter. Ainsi, Tonkam tente l’aventure au début des années 2000 mais, suite aux ventes calamiteuses, doit jeter l’éponge au tome 22 ; alors qu’en Amérique du Nord, Tokyopop abandonne la licence au tome 18. La nouvelle série conçue par Yuki Saito dans les pages du magazine seinen Evening pour fêter les 30 ans de la franchise permettra-t-elle enfin à Kindaichi de s’exporter ?
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