Personnalité de la semaine : Ryûichi Sakamoto

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Entre musique électronique, albums acoustiques et musiques de film, Ryûchi Sakamoto a connu mille carrières… y compris la création de B.O. d’anime. AnimeLand.fr rend hommage au compositeur parti trop tôt.

Dès ses débuts, Ryûichi Sakamoto fait preuve d’un éclectisme remarquable. Né en 1952, il grandit avec les Rolling Stones et les Beatles, mais c’est également l’œuvre de musiciens classiques comme Claude Debussy qui l’incite à se tourner vers le piano et la composition. Durant ses études à l’université des arts de Tokyo, il se spécialise dans l’ethnomusicologie, avec un intérêt pour les musiques d’Okinawa, mais aussi venues d’Inde ou du continent africain. À cette même époque, le jeune homme expérimente la musique électronique grâce aux synthétiseurs disponibles dans la faculté – des instruments encore peu accessibles au grand public à l’époque, ne serait-ce qu’en raison de leur prix. Une fois diplômé, il travaille comme musicien de session avant d’enregistrer son premier album en 1978.

À la fin des années 1970, Sakamoto fonde avec Haruomi Hosono et Yukihiro Takahashi le groupe Yellow Magic Orchestra, surnommé YMO par les fans. Pionniers de la musique électronique (leur impact au Japon sera le même que celui de Kraftwerk en Europe), ils se feront connaître au-delà des frontières de l’archipel. Mais c’est avec le film Furyo de Nagisa Oshima, en 1983, que Sakamoto obtient la reconnaissance internationale. Plus que sa performance en tant que comédien donnant la réplique à David Bowie, le thème qu’il compose pour la bande originale devient un tube planétaire. À tel point que le musicien japonais sera réclamé par des réalisateurs de toutes origines pour signer la musique de leurs films : citons en vrac Bernardo Bertolucci pour Un thé au Sahara, Little Buddha et Le dernier empereur (qui lui vaudra l’Oscar de la meilleure musique), Pedro Almodovar pour Talons Aiguilles, Brian de Palma pour Snake Eyes ou Alejandro Gonzalez Iñarritu pour Babel et The Revenant.

Son intérêt pour les musiques électroniques lui vaudra également de travailler pour le jeu vidéo, qu’il s’agisse du jingle de démarrage de la console Dreamcast ou les musiques de jeux telles que L.O.L : Lack of love (qu’il scénarise), Seven Samurai 20XX ou Dawn of mana. On ne sera donc pas surpris à ce que ce compositeur éclectique ait contribué à plusieurs productions animées, à commencer par Les ailes d’Honneamise en 1987 : il assure la direction musicale de ce long métrage épique, première production du studio Gainax. On le retrouve en 2004 sur Appleseed et en 2007 sur sa suite Appleseed : Ex Machina, longs métrages en 3D avec cell-shading de Shinji Aramaki. Après être devenue une figure de proue des manifestations anti-nucléaire suite à la tragédie de Fukushima en 2011, et avoir survécu à un cancer de la gorge en 2014, il collabore à un projet nippo-coréen destiné au jeune public, My Tyrano : together, forever en 2019. Deux ans plus tard, il annonce être victime d’un cancer colorectal qui l’emportera le 28 mars 2023. Entretemps, Ryûichi Sakamoto aura composé la bande originale de la série animée Exception diffusée sur Netflix, et de Monster, prochain film de Hirokazu Kore-eda, et ultime partition du compositeur.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon