Le Tour de France vient de s’achever, et vous êtes en manque de course cycliste ? Malgré ses vingt ans, Nasu, un été andalou reste le titre de référence dans le domaine aujourd’hui !
Pepe Benengeli se souviendra longtemps de ce Tour d’Espagne. Les étapes de la Vuelta passant dans son village natal d’Andalousie, le cycliste doit faire face à un drame familial : son ex-fiancée, Carmen, s’apprête à épouser son frère aîné, Angel, durant l’avant-dernière épreuve de la compétition ! Un malheur ne venant jamais seul, la situation est particulièrement tendue au sein de son équipe, mise sous pression par leurs sponsors. Quand il apprend, par hasard, que ces derniers envisagent de le licencier à la fin du circuit, Pepe décide d’agir comme bon lui semble. Son rôle supposé est de soutenir le leader de son écurie ? Il passe outre, et met tout en œuvre pour remporter l’étape afin de, lui aussi, briller dans la lumière !
Depuis la série de Chié la petite peste, en 1981, Kitarô Kôsaka est devenu un animateur privilégié de Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Formé notamment par Yoshifumi Kondo, pour qui il dirige l’animation de Si tu tends l’oreille en 1995, il supervise en partie l’animation de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro, entre autres. Mais, depuis qu’il a pris son indépendance en 1986, Kôsaka travaille également régulièrement pour le studio Madhouse, notamment sur les adaptations des œuvres de Naoki Urasawa telles que Monster. Alors que l’équipe de Ghibli montre une affection particulière pour le vélo (ils se sont lancés dans un cross-country cycliste après la production de Princesse Mononoké), il suggère à Miyazaki l’idée d’un anime sur ce sujet… que rejette le réalisateur, persuadé qu’il ne sera pas rentable. Il fournit néanmoins à Kôsaka le manga Nasu, un été andalou de Iô Kuroda. Aussitôt, l’animateur propose à Madhouse de l’adapter !
Durant 47 minutes, Nasu, un été andalou (disponible en DVD chez Dybex) multiplie les tours de force pour représenter la course cycliste, avec notamment des gros plans sur les pignons lors des changements de vitesse, ou l’intégration d’images de synthèse encore peu répandues en ce début du 21e siècle. Le film explore également la culture andalouse : la chaleur étouffante de l’été, le flamenco, la cérémonie de mariage, la paëlla… Autant d’influences européennes qui évoquent Ghibli, auquel le film est trop souvent associé à tort ! Pourtant, Kotarô y développe des séquences tranchant radicalement avec le studio de Miyazaki et Takahata, notamment le sprint avec des traits griffonnés amplifiant la tension du passage. Les connaisseurs reconnaitront également un ou deux caméos, comme la caricature de Rintarô, grand fan de cyclisme devant l’éternel. Sorti au Japon le 26 juillet 2003, Nasu, un été andalou aura eu l’honneur d’une avant-première à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes. Une première pour l’animation japonaise, à qui il a ouvert la voie en bon éclaireur. Que pouvait-on espérer de mieux de la part d’un titre sur le cyclisme ?
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