#TBT : Téléchat

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Il y a quarante ans, débutait sur les écrans un OVNI télévisuel qui a marqué toute une génération de manière indélébile. Sans chichi et sans waw a wa, y a qu’une télé c’est Téléchat !

Groucha, chat noir avec un bras dans le plâtre, et Lola l’autruche présentaient leur journal télévisé jusqu’à ce que l’animatrice, en plongeant la tête dans le trou de son bureau, n’y découvre une particule microscopique : un gluon ! Ces êtres minuscules donnant leur vie aux objets de notre quotidien étant une ressource journalistique hors du commun, le duo développe alors le concept de Téléchat, la télévision des objets. Malgré la popularité de l’émission, le patron des produits Nul, qui veut rajeunir son antenne, limoge Groucha pour le remplacer par son neveu, Grégoire de la Tour d’Ivoire, un lapin égocentrique et condescendant. Mais les exactions de ce dernier le pousseront vers la porte, et Téléchat reprendra son rôle de télévision des poils, des plumes et des choses…

Au début des années 1980, deux créatifs belges souhaitent renouveler l’offre dans les émissions jeunesse. Pour développer leur concept de « télévision des objets », le producteur Eric van Beuren et le réalisateur Henri Xhonneux se tournent vers Roland Topor, artiste touche-à-tout qui a scénarisé La planète sauvage pour René Laloux. Après plusieurs années de tâtonnements, le trio finit par accoucher de l’idée de Téléchat, la télévision des objets. Les personnages récurrents, le téléphone Durallô, le fer à repasser/huissier de justice Maître Duramou, la fourchette Raymonde du Tiroir de la Salle-à-manger et son amie la cuillère Sophie Dur-à-Avaler remportent très vite l’adhésion des enfants… mais pas autant que Pub-Pub, singe maladroit vedette des jingles publicitaires pour les produits Nul, ou que Léguman, héros du feuilleton du Frigo-Palace parodiant les séries tokusatsu comme X-Or.

Malgré un budget dérisoire, Téléchat fait très vite mouche auprès du jeune public, grâce au talent des designers, des marionnettistes, et des comédiens de doublage (en particulier Jean-François Devaux en Groucha et Maria Laborit en Adélaïde)… sans oublier l’efficacité des musiques et chansons composées par Pierre Papadiamandis, complice habituel d’Eddy Mitchell. C’est surtout l’intelligence des textes de ces épisodes courts (5 minutes) qui conquiert la Belgique où l’émission est diffusée à partir du 19 septembre 1983, et la France où elle débute le 3 octobre de la même année. Téléchat se retrouve ainsi primée dans de nombreux festivals dans ces deux pays mais également en Espagne, en Italie, voire aux États-Unis ! En effet, derrière son vernis enfantin, le programme critique l’univers de la télévision tout comme la société de consommation, s’offrant ainsi des degrés de lecture pour un public plus mature. Grâce à ce ton gentiment corrosif, la série étalée sur trois saisons reste, quarante ans plus tard, d’une actualité remarquable, et se savoure avec délectation avec les nouvelles générations !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon