#TBT : Alive Last Evolution

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En phase avec les enfants de la génération perdue au Japon, Alive Last Evolution attaquait frontalement il y a vingt ans le rapport à la vie, sous les pinceaux de mangakas débutants, Adachitoka.

Depuis le décès de ses parents, l’existence de Taisuke Kanô gravite autour de trois personnes. Sa grande sœur, Yôko, qui travaille dans le lycée où il étudie. Son meilleur pote, Yuichi Hirose, victime de brimades, qu’il défend avec ardeur… même si, la plupart de temps, c’est lui qui prend le plus de coups. Et enfin son amie Megumi Ochiai, avec qui il développe une relation ambiguë saupoudrée de prises de bec. Alors que le ciel s’assombrit étrangement, Taisuke est pris d’une étrange vision où il flotte dans l’espace. Peu après, une jeune femme se jette d’une fenêtre pour mourir sous ses yeux, un grand sourire aux lèvres. C’est la première victime d’une étrange épidémie aux dimensions mondiales qui pousse les humains à se suicider

Très vite, Alive Last Evolution dévoile l’origine de cette pandémie. Une entité extra-terrestre, Akuro, est venue vers la Terre en ayant détecté une forme de vie sur cette planète. Elle est constituée d’âmes immortelles souhaitant pourtant mettre un terme à leur existence. Pour cela, elles se détachent d’Akuro et entrent dans un corps humain qu’elles poussent au suicide. Celles et ceux résistant à leur influence obtiennent alors des pouvoirs, comme Taisuke et Yuichi, qui vont s’affronter inexorablement… Oscillant entre fantastique et science-fiction, Alive Last Evolution s’intéresse au sens de la vie et à sa préciosité. Ce thème est particulièrement d’actualité pour les lecteurs de la version mensuelle du Shônen Magazine de Kôdansha : nés à la fin des années 1980, ils n’ont connu qu’une crise économique durant toute leur jeunesse. On comprend mieux pourquoi, dès la sortie de son premier tome le 17 novembre 2003, Alive Last Evolution trouve un écho auprès des adolescents nippons.

Un écho d’autant plus fort qu’à mi-chemin de sa publication, le scénariste Tadashi Kawashima apprend être victime d’un cancer du foie. C’est depuis sa chambre d’hôpital qu’il rédige les derniers chapitres du manga avant de décéder à 42 ans, le 15 juin 2010, un mois à peine après la parution du 21e et ultime volume. Alive Last Evolution marque, à l’inverse, la révélation auprès du grand public d’un duo de dessinatrices, Adachitoka, qui obtiendra ensuite un succès mondial avec Noragami. Malgré ses qualités indéniables, Alive Last Evolution n’aura, pour sa part, guère marqué en dehors du Japon. Le titre accuse en effet un handicap cruel, l’absence d’adaptation animée : pourtant envisagée en 2008, elle se retrouve abandonnée deux ans plus tard, suite à la disparition de Tadashi Kawashima. Vingt ans plus tard, savoir que ce titre a vu à la fois émerger ses artistes et périr son auteur lui donne une aura supplémentaire en phase avec son univers, comme si la réalité avait rattrapé la fiction…

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon