Personnalité de la semaine : Makoto Raiku

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Le lancement d’un jeu pour smartphone adapté de Zatchbell rappelle combien la licence est toujours aussi populaire. Une réussite dans le parcours de son auteur ponctué de hauts comme de bas.

Contrairement à la majorité de ses confrères, Makoto Raiku n’envisageait pas de devenir mangaka. Le jeune garçon, né en 1974 dans la préfecture de Gifu, se destinait en effet à la peinture. Mais la découverte de toiles de Picasso perturbe l’artiste en devenir : comment des tableaux si difficilement compréhensibles pour le public ordinaire peuvent-ils coûter si cher ? Il décide alors de dessiner des mangas à la portée de tous, y compris des enfants. Sans rien connaître au manga, Makoto Raiku recopie les auteurs installés et envoie ses manuscrits à Shogakukan… mais n’obtient aucune réponse. Loin de se décourager, le lycéen décide d’aller porter ses planches en main propre chez l’éditeur, quitte à effectuer des trajets de quatre ou cinq heures.

Cette opiniâtreté impressionne les responsables éditoriaux, qui fournissent des conseils précieux au débutant. Il peut ainsi publier en 1991, à 17 ans, sa première nouvelle, Bird Man. Alors que beaucoup d’aspirants mangakas se réjouissent de leur première parution, Raiku réalise manquer cruellement d’expérience en se comparant aux autres titres du magazine. Une fois sorti du lycée, il s’installe donc à Tokyo où il devient assistant de Kazuhiro Fujita. Il se souvient encore aujourd’hui du premier travail qu’il y a effectué : dessiner une fleur ! Grâce à l’expérience acquise auprès du maître, il parvient à publier sa première série, Newtown Heroes, en 1999. L’expérience tourne court, mais lui permet de se préparer à attaquer un titre au long cours. Lancé en 2001, Zatchbell s’impose rapidement comme une locomotive du Shônen Sunday. La série est un tel succès qu’une adaptation animée de 150 épisodes est produite chez Toei à partir de 2003 ! Hélas, fin 2005, alors qu’il veut pointer une erreur à un de ses assistants, Makoto Raiku percute le coin d’une table et se fracture la main. Bilan : trois mois d’arrêt. Quand il reprend la publication du manga, la série animée s’arrête ! Face à ces coups du sort, le mangaka met un point final à sa saga au 33e tome fin 2007.

L’an suivant, Raiku porte plainte contre Shôgakukan pour la perte de plusieurs de ses originaux en couleurs. L’affaire scelle le divorce avec sa maison d’édition, et le mangaka s’essaye avec plus ou moins de succès à de nouveaux genres chez la concurrence en 2009 : Classroom flirte avec l’horreur dans le Jump SQ alors qu’avec Aosora, il explore le mélodrame dans la version mensuelle du Shônen Magazine. C’est justement chez Kôdansha qu’il entame sa nouvelle série en septembre 2009, dans le numéro de lancement du Bessatsu Shônen Magazine. Malgré toutes ses qualités, Animal Kingdom se retrouve noyée dans l’ombre d’une série entamée dans le même numéro, L’Attaque des Titans ! Malgré l’absence d’une adaptation animée, Animal Kingdom remporte néanmoins un succès d’estime jusqu’à son 14e volume en 2013. Makoto Raiku prend alors deux ans de congés, et revient en 2016 avec Vector Ball… mais le succès n’est pas au rendez-vous. Bien que ses éditeurs lui proposent plusieurs développements pour le relancer, le mangaka préfère tout simplement arrêter le titre avant l’échec. Il disparait alors des magazines pendant plusieurs années, pour travailler sur la suite de son plus grand succès, Zatchbell, distribuée électroniquement depuis 2022. Un revival inespéré pour les fans, qui s’accompagne d’une adaptation en jeu smartphone opportuniste… en attendant un nouveau titre ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon