Personnalité de la semaine : NISIOISIN

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Son manga Cypher prendra fin cette année, vient-on d’apprendre. Mais on ne s’inquiète pas pour NISIOISIN, auteur stakhanoviste à la tête d’une carrière prodigieuse depuis vingt ans.

Est-ce un signe du destin ? Nishio Ishin est né en 1981, année des débuts de Hirohiko Araki (avec Armed Poker dans le Weekly Shônen Jump), l’auteur de JoJo’s Bizarre Adventure, son manga favori. L’enfant grandit dans les années 1980, décennie qui voit le marché du manga se développer comme jamais auparavant. Il envisage donc durant un temps de devenir lui aussi mangaka… mais il doit se rendre à l’évidence : malgré ses efforts, son niveau de dessin ne s’améliore pas pour atteindre le standard minimum requis par les magazines de prépublication. D’ailleurs, il le reconnaît lui-même encore aujourd’hui, il n’y a pas qu’en dessin qu’il est malhabile puisque son écriture manuscrite est digne de celle d’un médecin ! Qu’à cela ne tienne, Nishio Ishin ne se laisse pas abattre, et réoriente son choix de carrière vers le métier d’écrivain.

Hyperactif, le jeune homme n’attend pas la fin de son cursus à la faculté de sciences politiques de Kyoto pour entamer sa carrière. Écrivant plus vite que son ombre, il envoie ainsi plusieurs manuscrits à une même édition du concours Mephisto – organisé par le magazine du même nom, il récompense des œuvres non publiées. Il le remporte en 2002, à vingt ans, avec le premier roman du Cycle Kubikiri. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud, et l’auteur, désormais connu sous le pseudonyme-palindrome NISIOISIN, rédige le deuxième tome en trois jours seulement ! Très vite, il impose son style, qui multiplie les jeux de mots et les réparties cinglants – un héritage du manzai, selon cet originaire du Kansai, région de prédilection de cet humour nippon. De même, il confesse ne pas réfléchir à l’intrigue quand il rédige, mais cherche avant tout à développer ses personnages : leurs (ré)actions et leur personnalité génèrent naturellement les rebondissements de l’histoire.

C’est dans le magazine Mephisto qu’il entame en 2006 son cycle littéraire le plus connu, Monogatari, bien que plusieurs de ses déclinaisons soient également parues dans d’autres revues de l’éditeur Kôdansha (Faust, Pandora) – plusieurs titres sont disponibles chez Pika Roman. La majorité de ces titres seront adaptés en animation par le studio Shaft à partir de 2009, Bakemonogatari ayant même les honneurs d’une transposition en manga en 22 tomes sous les pinceaux de Oh !Great entre 2018 et 2023 (disponible chez Pika). C’est sur le site web Kodansha Box que l’auteur inarrêtable réussit le tour de force de publier douze romans en douze mois pour réaliser le cycle Katanagatari en 2007, qui sera adapté trois ans plus tard en série animée par le studio White Fox. Grâce à son statut de best-seller (il sera meilleur vendeur du Japon en 2012 et 2014), NISIOISIN peut réaliser son rêve de gosse, créer des mangas en s’associant avec des dessinateurs. Et pas des moindres ! Il mutliplie ainsi les one-shot avec Takeshi Obata (pour qui il signe également une adaptation de Death Note en roman disponible aux éditions Kana), Hikaru Nakamura ou Posuka Demizu avec qui il rend hommage à JoJo’s Bizarre Adventure dans Cool Shock Old B.T. Pour des travaux au long cours, il collabore avec Akira Akatsuki, avec qui il développe les 22 tomes de Medaka Box (disponible aux éditions Delcourt/Tonkam) entre 2009 et 2013, puis les trois volumes de Shônen Shôjo, ou encore Yûji Iwasaki qui dessine Cipher Academy depuis 2022 dans le Shônen Jump. Un manga qui atteindra sa conclusion cette année, donc… ce qui laissera encore plus de temps à NISIOISIN pour créer de nouveaux univers !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon