Depuis deux décennies, la mangaka fraîchement quadragénaire fait tomber les barrières entre les genres et impose sa patte, reconnaissable entre mille… et toujours d’actualité !
Le manga a toujours été une passion dévorante pour Yana Toboso. Durant toute sa scolarité, elle a ainsi rempli de dessins une vingtaine de carnets par année ! Si l’adolescente a toujours maintenu cette énergie créatrice, c’est grâce au soutien de sa plus grande fan, sa grand-mère, qui l’a toujours encouragée dans cette voie. Y compris quand, à la fin du lycée, Yana Toboso démarche les éditeurs de mangas, tout en travaillant à mi-temps, au lieu de s’orienter vers des études supérieures comme tous ses camarades. Un parcours impossible financièrement pour la jeune fille, issue d’une famille extrêmement modeste. Privée de l’accès aux sociétés les plus réputées, elle investit donc tous ses efforts dans le seul talent qu’elle se connaisse : le manga.
Ce talent, elle l’a développé en s’inspirant des plus grands mangakas. Aujourd’hui encore, elle cite Rumiko Takahashi et Mitsuru Adachi comme les deux modèles qui lui ont tout appris de ce média. En particulier pour développer des histoires que chacun, du plus jeune au plus âgé, peut apprécier à défaut d’en saisir toutes les nuances. Paradoxalement, c’est dans une sous-branche hyper pointue du manga qu’elle fait ses débuts dans le fanzinat, le shotacon – pendant masculin du lolicon, centré sur l’attrait envers de très jeunes garçons. Elle publie ainsi ses premiers récits érotiques sous le pseudonyme Yanao Rock à partir de 2005… année qui la voit également s’ouvrir au grand public. Elle intègre en effet les pages de GFantasy avec Rust Blaster, une courte histoire de vampires dans le Tokyo contemporain, qui colle à merveille à la ligne éditoriale mixte du magazine de Square Enix. C’est l’occasion pour elle d’étrenner un nouveau nom de plume, Yana Toboso, sous lequel elle connaîtra enfin le succès dès l’année suivante, 2006, avec Black Butler.
Respectant les codes du shônen, l’ambiance victorienne de ce manga qui se teinte de shotacon dans la relation ambiguë entre le jeune Ciel Phantomhive et son majordome diabolique Sebastian conquiert le public féminin. Quinze ans après son lancement, le titre franchit les trente millions d’exemplaires et s’est imposé comme une référence connue aussi bien des filles que des garçons. Notamment grâce à sa déclinaison animée, qui sait s’adapter à la longueur des différents arcs scénaristiques, oscillant entre série TV, OAV et longs métrages. Sept ans après le film Book of the Atlantic, elle revient à la télévision en avril 2024 avec la partie Public School, remettant son autrice sur le devant de la scène. Yana Toboso ne l’avait pourtant pas quittée, en s’attaquant cette fois à la barrière entre pop-cultures américaine et japonaise ! Elle signe en effet en 2020 les designs des personnages du jeu vidéo Disney : Twisted-Wonderland qui met en scène essentiellement des vilains issus des plus célèbres films de la firme de Burbanks. Un jeu décliné en manga, qui vient de sortir en France aux éditions nobi-nobi ! Une double occasion de remettre en avant cette mangaka, donc, d’autant plus qu’elle a soufflé ses quarante bougies en janvier dernier !
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