Depuis ses débuts, AnimeLand rappelle que l’animation japonaise ne se cantonne pas à la violence et au sexe. Mais parfois, ce sont les socles d’œuvres délicieusement régressives, comme Genocyber.
Alors que tous les pays commencent à former un gouvernement mondial unique, la société japonaise Kuryu, leader dans la recherche militaire, développe une arme de destruction massive. Diana et Elaine sont des jumelles ayant subi des expérimentations in utero qui ont causé des séquelles irrémédiables : la première, privée de membres, possède un corps cybernétique et la seconde a des pouvoirs psychiques hors normes. Quand elles fusionnent, les deux sœurs se transforment en Genocyber, monstre humanoïde à la puissance illimitée et capable de se régénérer. Alors qu’Elaine a réussi à s’échapper du laboratoire de Hong-Kong, elle est pourchassée par des agents de Kuryu qui ne laissent aucun témoin sur leur passage…
À l’origine de Genocyber se trouve un manga signé Tony Takezaki. Un nom connu des fans d’animation des nineties, puisqu’on lui doit A.D. Police, série de 3 OVA parues en 1990, dont l’univers donnera naissance à d’autres licences, de la mythique Bubblegum Crisis à la plus obscure Parasite Dolls. Publié au Japon entre 1991 et 1992, Genocyber sortira en tome relié en France en 1996, dans la collection Samourai de L’écho des Savanes – un déferlement de violence graphique qui alimentera la levée de boucliers anti-mangas. Bien qu’inachevé, ce manga devient la matrice d’une série d’OVA reprenant son ambiance délétère de fin du monde. À la manière de films comme Mad Max, l’anime multiplie les séquences violentes pour renforcer cette impression d’un monde déshumanisé, où ne comptent plus que l’argent, la technologie et le pouvoir, au détriment même de l’innocence. En témoigne, parmi les centaines de morts des cinq épisodes, le massacre à la sulfateuse d’enfants ultra-gore en ouverture du deuxième épisode.
Produite par Artmic et Artland, la série d’OVA marque la première réalisation de Kôichi Ôhata, alors connu en tant que mecha-designer (Borgman, Gunbuster), qui marquera ensuite les esprits avec d’autres séries B bien plus funs (Burst Angel, Ikkitousen). Il est soutenu par des producteurs plus expérimentés, mais qui varient d’un épisode à l’autre (on notera la présence de Shinji Aramaki sur le premier). Genocyber semble ainsi constitué de trois histoires distinctes, qui ont du mal à garder une cohérence. Ainsi, dans les épisodes 2 et 3, Elaine, qu’on croyait morte, est pourtant bien présente… mais avec un corps cybernétique – aurait-elle fusionné avec sa sœur sans qu’on le sache ? De même, les jumelles sont quasi absentes des épisodes 4 et 5, conclusion apocalyptique où les morts s’enchaînent par dizaines. Sortis au Japon entre le 24 mai et le 21 juillet 1994, les OVA arriveront en France deux ans plus tard via Manga Vidéo, avant d’intégrer la collection Manga Mania l’année suivante. Incarnation du jusqu’auboutisme de l’animation japonaise dans ses concepts violents et sans concession, Genocyber est le fruit de son époque, il y a trente ans. Aujourd’hui, aucun éditeur ne se permettrait de sortir un titre aussi transgressif. Pour le meilleur ou pour le pire ? Chacun se fera son avis…
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