Depuis vingt-cinq ans, on a rarement vu une série aussi originale et déjantée que Kacho-Ohji. Malgré ses qualités, cet OVNI anime semble oublié – une erreur qu’AnimeLand corrige aujourd’hui !
À l’approche de la quarantaine, Ohji Tanaka est un salaryman comme tant d’autres. Chef de section, marié, un enfant, il vit une vie d’une banalité affligeante. Qui pourrait croire que, quinze ans plus tôt, il déchaînait les foules au sein de son groupe de hard rock Black Heaven, sous le nom de scène Gabriel ? C’est d’ailleurs grâce à ses riffs de génie à la guitare qu’il avait séduit sa future femme Yoshiko. Mais l’ancienne groupie semble avoir tout oublié de ce passé rock n’roll… au point de jeter aux ordures la guitare des exploits de son mari, la Gibson Flying V. Sur le point de tirer un trait sur cette époque révolue, Ohji est pris à part par son assistante, la splendide Layla Yuki. Elle lui révèle être une extra-terrestre chargée de le ramener avec elle pour aider son peuple dans une guerre qui semble perdue d’avance. Leur seule chance de survie ? L’Arme Ultime, un son que seul Ohji peut créer en jouant de la guitare avec Black Heaven !
À l’origine de Kacho-Ohji, on retrouve Hiroki Hayashi, créateur de Tenchi Muyô et El-Hazard. Est-ce parce que, en cette fin de vingtième siècle, il s’apprête à devenir quadragénaire ? Toujours est-il qu’il se décide à explorer la crise de la quarantaine, un thème rarement abordé en animation. Kacho-Ohji tacle ainsi avec un humour décomplexé la société japonaise et ses carcans condamnant à un quotidien morose quiconque entre dans la vie active et fonde une famille. Pour ce faire, il s’encadre de collègues de confiance, avec qui il a déjà travaillé sur des productions précédentes, et qui partagent avec lui ce rejet des conventions. Le metteur en scène d’El-Hazard, Yasuhito Kikuchi, s’occupe ainsi de la réalisation des treize épisodes de la série, tandis que le character design est confié à Kazuto Nakazawa, qui occupait le même poste sur… El-Hazard ! En revanche, c’est sur Bubblegum Crisis 2040 que Hayashi avait rencontré le compositeur Kôichi Korenaga, en charge de la bande-son de Kacho-Ohji.
On s’en doute, la musique joue en effet un rôle majeur dans la série. D’ailleurs, chaque titre d’épisode renvoie à un classique du rock, de Stairway to Heaven à The End en passant par Space Child et All Right Now. Mais les références se font également plus subtiles, à travers le nom de certains personnages (Layla renvoie directement au titre d’Eric Clapton) ou de certains vaisseaux (le Zappa), sans oublier les techniques de jeu de notre héros avec une pièce de monnaie comme médiator, à la manière de Brian May ! Diffusée entre le 8 juillet et le 7 octobre 1999 sur la chaîne WOWOW, Kacho-Ohji débarque en France deux ans plus tard en VHS via Dybex. Étonnamment, malgré son atmosphère ancré dans la culture occidentale, la série passe sous les radars à l’époque. Et il ne faut pas compter sur la TV pour l’aider : les chaînes câble ou satellite Fun TV, MCM ou W9 diffusant uniquement le premier épisode dans le cadre d’émissions spéciales. Toujours autant d’actualité, Kacho-Ohji mérite donc une session de rattrapage… notamment auprès d’otakus qui, à leur tour, découvrent la crise de la quarantaine !
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