[Entretien] Kiyotaka Oshiyama : « J’ai animé la moitié des plans de Look Back »

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Le mangaka Tatsuki Fujimoto a suscité l’émoi au moment de la préublication de Look Back sur Jump+. L’œuvre, touchante, est portée à l’écran par Kiyotaka Oshiyama, l’un des designer de Chainsawn Man, et profite d’une sortie exceptionnelle dans nos cinémas les 21 et 22 septembre grâce au distributeur Eurozoom.

AnimeLand : Look Back est une adaptation fantastique, mais pour tout vous dire, nous avons l’impression que votre style et celui de Tatsuki Fujimoto sont presque incompatibles  : votre style est très rond et lumineux, tandis que le trait de Fujimoto, dans Look Back en particulier, est très détaillé, les lignes sont très fines…

Kiyotaka Oshiyama : Tout d’abord, je dois dire qu’en tant qu’animateur, je fais des dessins adaptés à l’animation. Si je devais faire du manga, mon style changerait sans doute. En fait, ce qu’on attend d’un animateur et d’un mangaka en termes de dessin est totalement différent. Sans même mentionner les styles des uns et des autres, il faut prendre en compte à quel point ces différences d’environnement jouent. Pour ce qui est de Tatsuki Fujimoto en particulier, je trouve que son style est parfaitement adapté au medium du manga. Mais pour être honnête, au début, j’ai pensé qu’il n’était pas du tout fait pour l’animation. Son dessin est un peu raide. Non seulement le trait, mais aussi son approche de l’anatomie sont très difficiles à passer en animation. Mais on m’a laissé faire des changements dans les designs et aussi dans le style d’ensemble. Même si les plans sont les mêmes, je n’ai certainement pas recopié les dessins de Fujimoto.

AL : Pour parler de votre propre travail, d’où viennent la rondeur et la douceur de votre trait ?
KO : J’ai été influencé par tellement de gens, je dirais que c’est impossible de répondre… En tout cas de dire quelque chose comme “c’est untel qui m’a le plus influencé”.

AL : Entre autres références, on trouve que le trait très rond de Miyazaki est assez proche du vôtre…
KO : Ah, c’est sûr que j’ai passé beaucoup de temps chez Ghibli ces dernières années, et que le style du studio est particulier au sein même de la production japonaise. En fait, on ne peut pas arriver sur un film du studio en se disant qu’on va dessiner comme d’habitude, c’est se vouer à l’échec. Il faut donc passer en “mode Ghibli”, mais c’est quelque chose qui demande pas mal d’énergie. Et quand on passe un an ou un an et demi à travailler là-bas, évidemment que votre style s’en voit modifié. Même après avoir quitté la production, c’est comme si je n’arrivais pas à me débarrasser de tous les éléments du style Ghibli que j’ai absorbé. J’ai beau travailler sur beaucoup de choses dans des styles très différents, il n’y a qu’avec Ghibli que ça m’arrive, et donc je garde sans doute quelque chose de Ghibli-esque dans mon dessin. Cela a ses bons et ses mauvais côtés. Après chaque production au studio, j’essaie de ne garder que les bons éléments et de me débarrasser de ce dont je n’ai pas besoin. C’est aussi ce qui rend le style du studio si mémorable. Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup travaillé avec M. Miyazaki, pendant pas mal de temps, et je pense qu’il est un animateur d’exception qui m’a évidemment influencé.

,AL : M. Oshiyama, sur les œuvres que vous réalisez vous n’êtes jamais seulement réalisateur, mais vous êtes aussi souvent scénariste, character designer, et sur Look Back on dit même que vous avez fait une grande partie de l’animation vous-même. Pourquoi aller si loin ?
KO : Tout d’abord, c’est probablement parce que je ne sais pas travailler avec les autres. (rires) Et puis, mes goûts sont assez spécifiques, on pourrait dire que j’ai une portée de frappe assez réduite. Autrement dit, je suis moi-même un gros fan d’animation : je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas, ce qui joue beaucoup dans mon travail. En bref, il y a plusieurs raisons à ça. Pour ce qui est de savoir pourquoi je travaille autant, peut-être que je n’ai simplement pas d’autre manière de passer le temps ! (rire amer)

AL : En fait, vous n’avez surtout pas envie d’abandonner le dessin, n’est-ce pas ?
KO : En effet, je ne veux pas complètement arrêter de dessiner. Mais je n’ai pas non plus envie de gâcher ma vie à le faire. Quand je vois le magnifique paysage d’Annecy, je me dis qu’une vie à ne rien faire serait aussi pas mal…

AL : Il ne vous reste plus qu’à faire un film à grand succès, devenir riche, et c’est bon ! (rires)
KO : J’aimerais bien ! Mais je sais que l’envie de dessiner va me reprendre. Je dois avoir une sorte de maladie bizarre. Je ne pourrai pas mourir en paix si je prends trop de vacances.

AL : Est-ce que vous ne pourriez pas aussi en finir avec l’industrie de l’animation, et passer complètement en indépendant ?
KO : Quand j’ai réalisé Shishigari, j’avais en effet cette envie de travailler totalement en indépendant. Mais je n’ai pas particulièrement l’ambition de devenir un “artiste indépendant”. Je veux surtout pouvoir faire des œuvres de ce type quand j’en ai envie, et travailler sur autre chose si j’en ai aussi envie. Pour le dire plus clairement, je ne suis pas non plus attaché à un style particulier : je souhaite simplement suivre mes désirs et adopter les méthodes qui m’intéressent à un moment donné.

AL : Pour revenir à Look Back, combien de plans avez-vous animé vous-même ?
KO : Le film dans sa totalité compte environ 700 plans, et je dirais que j’en ai animé la moitié – je veux dire, j’ai fait l’animation-clé de la moitié des plans.

AL : Et vous connaissant, vous avez complètement redessiné l’autre moitié ?
KO : Alors… (rires) C’est dur à dire mais oui, comme d’habitude j’ai pas mal mis la main à la pâte.

AL : Désolé si c’est trop direct, mais vous ne vous faites pas détester par vos animateurs en faisant cela ?
KO : Si, bien sûr. Je suis sûr que j’y ai perdu beaucoup d’amis. Mais heureusement pour moi, les animateurs qui m’ont fait l’honneur de travailler sur Look Back ont beau être certains des meilleurs du Japon, ils sont tous très modestes et semblent avoir bien pris les choses. J’espère qu’ils ne m’en veulent pas ! 

AL : Puisqu’on parle d’animation, pouvez-vous expliquer le système apparemment inédit que vous avez utilisé, qui ne fait pas de distinction entre animateurs-clé et assistants animateurs ?
KO : Dans le processus habituel de production d’animation au Japon, les dessins réalisés par les animateurs-clé sont ensuite remis au propre par les assistants animateurs puis envoyés à l’équipe de colorisation. C’est comme cela qu’ils apparaissent à l’écran. Mais sur Look Back, il n’y a pas d’étape intermédiaire : les dessins-clé sont envoyés tels quels aux coloristes, ce sont donc les dessins-clé qui constituent intégralement l’animation que vous voyez à l’écran. Dans ce qu’on appelle “animation tout en poses-clé” au Japon, les assistants animateurs repassent quand même sur les dessins originaux pour les mettre au propre. Sur Look Back, les dessins clé sont traités comme produit fini de manière automatique. La manière de voir les choses est donc totalement différente. C’est pour ça qu’au générique, je n’ai pas voulu créditer les artistes seulement en tant qu’“animateurs-clé” mais aussi mettre en avant le fait que ce sont leurs dessins qu’on voit à l’écran, sans distinction entre dessins d’origine et dessins mis au propre. Habituellement, si les dessins des animateurs-clé sont trop brouillons, ce n’est pas grave car les assistants sont là pour combler les trous. Ce n’était pas le cas ici, et les animateurs ont dû faire des efforts pour réaliser des dessins pouvant être mis en couleur tels quels. D’où ce terme étrange au générique, “animation clé-animation” [gendôga, NDLR].

© TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners

AL : Malgré ce système, il y a bien des gens crédités au générique en tant que seconde animation-clé [dai-ni genga, NDLR], il y a donc bien eu un travail de retouche des dessins originaux ?
KO : L’approche est la même que pour les autres dessins, dans le sens où les dessins réalisés lors de la phase de seconde animation-clé sont visibles tels quels à l’écran : ils n’ont pas été mis au propre non plus. En ce sens, le travail de seconde animation-clé dans Look Back est le même que dans toute autre production japonaise : il ne s’agit pas de mettre au propre les dessins originaux, mais bien d’un travail de soutien. Ces derniers sont intervenus à la fin de la production de Look Back, quand les animateurs-clé n’avaient pas le temps d’achever leurs séquences entièrement seuls. Aujourd’hui au Japon, les conditions sont telles qu’on intègre la seconde animation-clé dès le début de la plupart des productions. Mais sur Look Back, l’ambition était de laisser les animateurs-clé tout faire eux-mêmes. Cela s’est révélé impossible, et ce n’est qu’à la fin, pour achever ce qui devait l’être, que nous avons eu recours à cette aide.

AL : Pour rester sur la couleur, pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Maya Kusumoto, responsable des couleurs sur Look Back ?
KO : C’est la première fois que je travaillais avec Mme Kusumoto, et je l’ai rencontrée par hasard. Au départ, je pensais recourir aux services de Yasuko Suenaga, qui avait été responsable de la couleur sur ma série Flip Flappers, mais elle n’était pas disponible pour toute une variété de raisons. Il fallait donc trouver quelqu’un d’autre, et un de ses collègues m’a parlé de Kusumoto. Je l’ai rencontrée, et en discutant avec elle j’ai trouvé que nous étions assez compatibles, donc je lui ai demandé de travailler sur Look BackKusumoto a une belle carrière derrière elle (elle est intervenue sur My Hero Acadelia et Wonderland de Keiichi Hara, NDLR), mais je lui ai demandé de déconstruire tout ce qu’elle avait appris à propos du format traditionnel de l’animation. Je lui ai donné des instructions assez précises, en lui disant qu’habituellement on ferait de telle manière, mais qu’avec moi on ferait tout le contraire. Elle a été très réceptive, et je suis extrêmement satisfait du résultat.

© TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners

AL : Qu’en est-il du directeur artistique, M. Sameshima ?
KO : Avec lui aussi, c’était ma première fois. Je ne savais pas qui nommer aux décors, et j’ai commencé à regarder sur X et j’ai découvert le compte de Sameshima (intervenu sur Lettre à Momo, Mirai no Mirai, La chance sourit à madame Nikuko…). J’ai trouvé que son style correspondait très bien à l’atmosphère de Look Back, alors je l’ai contacté. Tout a commencé comme ça. J’ai vraiment été très déraisonnable, en ne demandant que des choses qui ne se font pas habituellement, et étant donné que Sameshima n’avait jamais eu d’expérience en tant que directeur artistique, on pourrait dire que c’était assez risqué. Mais il n’y avait personne d’autre pour le poste, donc je lui ai proposé de le devenir. Ça a été assez difficile, et je préfère ne pas entrer dans tous les détails, mais je trouve qu’il a très bien répondu à mes attentes.

© TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners

AL : Je passe à une question peut-être tout aussi pointue, mais sur le contenu du film cette fois. Lorsque Fujino et Kiyomoto vont au cinéma, on voit dans un coin de l’écran un spectateur qui ressemble beaucoup à l’animateur Toshiyuki Inoue…
KO : (Il rigole) Vous êtes très fort ! Pour tout dire, cette scène où les deux héroïnes se rendent à Yamagata a été animée par M. Inoue. Dans ce plan à l’intérieur du cinéma, Inoue avait dessiné des personnages parfaitement anonymes, mais c’est moi qui ai fait des changements et ajouté quelqu’un lui ressemblant

AL : Je me disais, M. Inoue n’est pas le genre à mettre son autoportrait dans un film !
KO : N’est-ce pas ! (rires) Il n’y a pas que ça. Dans cette même scène, Fujino et Kiyomoto vont dans une librairie, et parmi les livres qu’on voit sur les meubles, il y en a un titré Dennô Motor [référence à la série Dennô Coil, NdT] et un autre dont la couverture ressemble fortement à un des livres écrits par Inoue. Au départ, je lui avais dit de dessiner un livre ressemblant au sien, mais de changer le nom de l’auteur, de sorte à laisser le spectateur dans le doute. Mais Inoue a très clairement et très correctement écrit son propre nom sur la couverture ! J’étais vraiment content quand j’ai vu ça. (Rire)

AL : Parmi les manuels de dessin qu’on voit Fujino utiliser, il y a aussi le vôtre, non ?
KO : Quand Fujino commence à vraiment travailler son dessin, elle achète plein de manuels et ils s’empilent dans sa chambre. Mais elle baisse les bras après avoir vu le niveau de Kiyomoto, et décide de tout jeter. C’est là que j’ai mis mon propre livre. La raison à cela, c’est que ça aurait été un peu insultant de mettre le livre de quelqu’un d’autre ! Tandis que si c’était le mien… Dans la toute première version du storyboard, elle jetait carrément le livre dans une poubelle. Mais j’ai trouvé que ça ne se fait pas, de traiter un livre comme ça, et donc cela a abouti au plan que vous avez désormais dans le film.

© TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners

AL : Quelque chose d’autre que votre trait très rond mais aussi très libre me rappelle, c’est les artistes dits de la “web-generation” : Shingo Yamashita, Ken’ichi Kutsuna et Ryo-chimo, avec lesquels vous avez d’ailleurs travaillé. Vous sentez-vous particulièrement proche d’eux en termes de style ?
KO : Je dirais que, parmi les artistes de ma génération, j’en suis en effet assez proche. Ceux qu’on appelle les artistes web-gen sont un peu plus jeunes que moi, mais ce sont eux qui m’ont initié aux logiciels d’animation sur ordinateur, notamment Flash, lorsque je commençais à m’y intéresser. Cela a été très important pour moi : je pense que notre proximité vient aussi du fait que nous utilisions les mêmes outils. A travailler pareil, on dessine aussi un peu pareil. Je dirais donc que c’est par l’apprentissage de l’animation numérique que ça s’est fait – je ne les ai pas copié ou chercher à faire comme eux de manière consciente. Mais il y a probablement une influence réciproque entre eux trois et moi-même.

© TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners

AL : Duquel vous diriez-vous le plus proche ? Kutsuna, Yamashita ou Chimo ?
KO : Bonne question… Peut-être Yamashita ? Même si c’est Kutsuna qui m’a appris à utiliser Flash. En 2007, j’ai travaillé sur le film Doraemon, La Légende du Géant Vert, suite à quoi j’ai rejoint l’équipe de Bokurano au studio Gonzo. J’étais assis à côté de Yamashita et Kutsuna, et c’est là que ce dernier m’a montré comment animer sur Flash. On s’amusait beaucoup – on était un peu les trois petits jeunes insolents du studio ! 

AL : Vous travaillez en numérique depuis cette époque ?
KO : À l’époque, il y avait peu de productions qui laissaient les gens dessiner en numérique, donc je m’adaptais – quand je le pouvais, j’étais en numérique, et dans les autres cas je passais sur papier.

AL : Et aujourd’hui ?
KO : Aujourd’hui, je dessine à peu près tout le temps en numérique. Look Back a été fait presque entièrement en numérique.

AL : Vous êtes sur quel logiciel ?
KO : TV Paint. Quand il faut, je passe sur Clip Studio, mais dès qu’il s’agit de modéliser un mouvement, j’utilise TV Paint.

AL : On se trompe peut-être, mais le logiciel standard au Japon est plutôt Clip Studio, non ?
KO : C’est ça, Clip Studio est le plus utilisé au Japon actuellement. En France, il paraît que c’est TV Paint, non ? C’est peut-être pour ça que, bien que je sois japonais, je dessine plutôt comme un français… Je dessine avec un logiciel français, alors je dois remercier la France !

AL : N’hésitez pas non plus à travailler avec des artistes français à l’avenir !
KO : (rires) Pour tout dire, j’ai proposé à un animateur français passé par les Gobelins de travailler sur Look Back. Je l’ai contacté moi-même, mais il n’était pas libre… C’est quelqu’un d’assez populaire, alors…

AL : Pour revenir à la web-gen, malgré les proximités dans votre approche du mouvement, je trouve vos approches du cinéma d’animation assez différentes. Quand on regarde le travail de M. Yamashita par exemple, on sent qu’il essaie de dépasser les limites de l’“animation” à travers son utilisation du compositing, de la 3D… Tandis que vous, vous me semblez penser l’animation avant tout comme du dessin.
KO : En effet, peut-être que pour Yamashita, le dessin n’est qu’une technique parmi d’autres – en d’autres termes, il a adopté un style visuel où le dessin en tant que tel n’est pas le plus important. Moi, j’aime dessiner, mais peut-être que ce n’est pas tant le cas pour Yamashita : ce qu’il aime, c’est produire des images en mouvement [eizô, NDLR], et le dessin n’est qu’un moyen pour les réaliser. C’est pour cela que son intérêt se porte plus vers le compositing et ce genre de choses. Moi-même, je ne pense pas qu’au dessin, et je reconnais qu’il y a d’autres moyens d’expression lorsqu’on fait des images en mouvement, mais je dirais que le dessin a une place plus importante chez moi que chez lui. Tout est affaire d’équilibre, quoi.

AL : Vous vous attachez aussi beaucoup à la couleur. Pour ce qui est de votre approche de la couleur et du compositing, j’ai l’impression qu’un des points de départ de l’esthétique de Look Back est le clip Heikôsen, sur lequel vous avez été chargé de la création des couleurs, du character design et de la direction de l’animation.
KO : Je n’ai pas réalisé Heikôsen, c’est le travail du réalisateur Nobutaka Yoda, et donc… Je ne dirais pas que c’est ma propre création visuelle, ni qu’il y a un lien direct avec Look Back. En bref, il me semblerait incorrect de dire que Look Back existe parce qu’il y a eu HeikôsenSi je devais identifier un point de départ, ce serait Shishigari. Sur Heikôsen, je n’étais qu’un membre de l’équipe, c’est avant tout l’œuvre de Yoda. Mais il est vrai que l’atmosphère ou les motifs peuvent être proches de ceux de Look Back.

AL : Je pensais par exemple aux couleurs très en aplat, ou à l’utilisation assez prononcée du rim lighting.
KO : Evidemment c’est toujours moi sur les deux, donc il y a des ressemblances, mais je considère que Shishigari reste le plus important. Sur Heikôsen, j’ai beau avoir pas mal utilisé le rim lighting, j’ai conçu les couleurs et les lumières de manière assez normale. En d’autres termes, j’ai suivi la méthode standard. De même pour l’animation : ce n’est pas du tout la même méthode que Look Back, où les dessins originaux sont utilisés tels quels. Alors que sur Shishigari, j’ai fait toute l’animation moi-même selon cette méthode. Idem pour la lumière et les couleurs, il y a beaucoup de rim lighting. La philosophie derrière les deux films est vraiment la même.

AL : En parlant de votre projet Shishigari :  va-t-il sortir un jour ?
KO : J’aimerais bien, mais quand je revois ce sur quoi j’ai travaillé précédemment, j’ai trop honte et cette envie disparaît à moitié ! (rires)

AL : Ah non, on veut le voir !
KO : Je comprends bien. A l’origine, le producteur exécutif était une personne extérieure et, à cause des conditions de notre contrat, il était impossible de sortir Shishigari, quel que soit mon avis sur la question. Mais ce contrat n’a pas été renouvelé, donc le film peut désormais être diffusé, mais j’ai encore du mal à me décider de mon côté… J’ai beaucoup de mal à revoir mes anciens travaux, donc s’il n’y a pas d’occasion pour m’y pousser, je n’en ressens pas l’envie actuellement. Peut-être que ça va changer. Cependant, quand je pense au reste de l’équipe, je me dis que je ne peux pas ne pas le sortir. Je veux quand même le faire, pour moi comme pour tous ceux qui ont participé, donc je suis sûr que vous pourrez le regarder un jour ou l’autre.

Entretien mené et traduit par Matteo Watzky

(c) © TATSUKI FUJIMOTO/SHUEISHA ©2024 Look Back Film Partners
Photo : Matteo Watzky
Remerciements appuyés à Amel Lacombe et toute l’équipe d’Eurozoom pour l’organisation de cet entretien

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A propos de l'auteur

Bruno

Défendre les couleurs d'AnimeLand était un rêve. Il ne me reste plus qu'à rencontrer Hiroaki Samura et je pourrai partir tranquille.