Ce film a obtenu le Prix du Public à Anima Festival 2010.
Comme il est de Sunao Katabuchi, dont Dans un recoin de ce monde est sur nos écrans, j’ai eu la curiosité de revisionner mon DVD de Mai Mai Miracle, son long métrage antérieur. Tout comme l’autre film c’est en fait une adaptation assez libre d’un roman féminin, ici celui de Nobuko Takagi “Mai Mai Shinko”.
Shinko est une fillette de 10 / 12 ans qui vit dans une maison traditionnelle et campagnarde près de la petite cité de Hôfu en Yamaguchi (au Sud-Ouest d’Hiroshima). Une immense plaine de champs de blé vert est l’essentiel du paysage, mais mille ans plus tôt c’était une capitale régionale bien plus active qui occupait toute la plaine. L’originalité du film est dans ces étonnants courts-circuits où par fondus-enchaînés l’époque Heian se substitue à l’époque moderne. Moderne façon de parler, car Shinko et son entourage vivent en 1955, dix ans après la guerre, dans un Japon qui s’en relève difficilement, encore marqué par un niveau de vie très bas. Toutefois une nouvelle élite aux moeurs “étrangères” est peu à peu dispatchée depuis Tokyo dans les zones rurales, et c’est ainsi que débarque du vieux train à vapeur un médecin veuf plutôt prospère et sa fille Kiiko, bien habillée, dotée de force jouets mais extrêmement timide. Elle est considérée avec stupéfaction par les élèves de la rurale école en bois, juste parce qu’elle possède une boîte d’une douzaine de crayons de couleurs avec autant de nuances. Elle est totalement déprimée par son premier jour d’école, mais la pétulante, joyeuse et farfelue Shinko va décider de l’approcher et de l’initier à une vie “paysanne” et simple ; petit à petit elles vont devenir les meilleures amies du monde, et le film montre habilement et de façon très vraie cette évolution. Mais une autre “pauvre petite fille riche” vit au même endroit, mille ans plus tôt : Nagiko, fille du préfet qui en l’an 955 vient s’installer en un palais (disparu sous les champs de blé). Sous ses vastes kimonos elle souffre d’une grande solitude et aspire à une amie de son âge qui viendrait jouer avec elle. On a là de s passages tout à fait émouvants. Heureusement à la fin une petite pauvresse sera son amie. Donc on a une construction parallèle assez frappante et un jeu temporel malgré les digressions en 1955, même si les rares “miraculeuses” interférences entre les deux époques auraient pu être plus fortes.
Un passage se trouve à la limite du plagiat de “Totoro”.
Un bon film, à voir vraiment, bien qu’un peu imparfait (je trouve la fin assez artificielle).
Le DVD contient un bonus, interview de Sunao Katabuchi que j’avais zappée la première fois. On y apprend beaucoup de choses intéressantes, et notamment que la petite noble Nagiko a réellement existé, car plus tard elle prendra le nom de plume de “Sei Shônagon” pour écrire les célèbres “Notes de l’oreiller”, inventant en 970 le premier journal intime du monde !
Quant à Sunao, il a été scénariste sur les épisodes “Sherlock Holmes” de Hayao Miyazaki, ce qui l’a amené à travailler chez Ghibli, sur “Kiki la petite sorcière”. Puis il a cofondé le Studio 4°C, créant son premier film, “Princesse Arete”.