Citation (veggie11 @ 18/09/2015 21:06)
Yupa, as-tu déjà vu les précédentes adaptations, en particulier celle de 1985 ? Car celle que tu cites est la plus récente, pas vrai ?
PS : encore Mimi cité en référence ?! Ça commence à être lourd…
Non, désolé, pas vu celle de 1985… 😢
Hé oui, c'est lourd, mais c'est sur la jaquette : “Une fable initiatique à la Miyazaki” LE MONDE
Et juste en dessous : “Un nouveau Royaume des Chats… Comme un Miyazaki sous champis” GEEK LE MAGAZINE
Et je ne suis pas d'accord du tout ! D'autant que j'ai revisionné “Le Royaume des Chats” il y a 2 semaines, film du Studio Ghibli qui n'est point de Miyazaki et dont l'argument n'a strictement rien à voir avec “Budori”.
Quant à ce film, il est bien difficile à cerner. Je ne voudrais en décourager personne, mais j'ai dû le visionner en deux fois, lassé par “les problèmes du paysannat” du milieu du film ; ça finissait par ressembler à “Enquêtes de régions” ou “Envoyé Spécial”.
Les plus belles qualités sont dans les superbes décors, tantôt de la montagne japonaise et des effets climatiques, tantôt de la grande ville “Steampunk / Jules Verne”, très réussie ! De plus Budori est très kawaii, joli petit chat d'un bleu profond. De nombreux plans sur ses regards étonnés donnent envie de lui dire “T'as de beaux yeux, tu sais.” Ce qui fait passer le temps et compense ses dialogues et idées, minimalistes au possible, ainsi que le rythme euh… pas du tout échevelé.
Car enfin, les personnages paraissent fades, peu fouillés, et surtout le film entier hésite entre réalisme “scientifique” et fantasmagories, en particulier à la fin. Personnellement elle m'a déçu. Budori sniffe t-il sa moquette ? Comment accomplit-il un auto-sacrifice efficace ? Qui est le “méchant” chat ? Quid de Neri disparue ? Notre problème écologique n'étant pas le froid, qu'est-ce que ça nous apporte ?
Il faut bien sûr replacer certains points dans leur contexte.
Kenji Miyazawa est décédé (prématurément, à seulement 37 ans) en 1933. Il écrivit des contes poétiques remarquables (et j'espérais davantage de poésie dans “Budori”) et des textes illustrant, révélant, dénonçant la misère paysanne (cette fois bien restituée dans le film). La crise de 1929 ayant frappé de plein fouet les exportations du Japon, qui reposaient alors surtout sur la presque monoculture de la soie, les paysans sombrèrent dans la pauvreté extrême. Justement, dans “Budori” on voit un paysan s'acharner à produire massivement des cocons de soie, puis échouer. On le sait peu ici, mais la dictature militaire nipponne qui prit le pouvoir total en 1936 fit son succès en proclamant d'une part que le Japon “ne pouvait plus nourrir ses 100 millions d'habitants” (c'était faux, à l'époque la population n'était que de 70 millions) et que d'autre part elle offrirait à tous les producteurs des terres dans l'immense Chine (sans expliquer comment elle les libérerait des Chinois vivant dessus, petit “détail” comme dit l'autre… 😢 ). Les autres régimes fascistes guerriers, Italie, Allemagne, aimaient beaucoup aussi insister sur leur “dramatique surpopulation” rendant l'expansion indispensable ; ce qui présentait également l'avantage de résigner d'avance leurs peuples respectifs à subir des pertes…
Est-il nécessaire de préciser que le général Tojo (lire sa biographie par Courtney Browne) était un lecteur passionné de Kenji Miyazawa ? Ce qui eût bien déprimé ce dernier à coup sûr !