En marge de ses grosses annonces, à commencer par la réédition de l’excellent Sidooh de Tsutomu Takahashi, Panini lance plusieurs curiosités. Parmi elles, Sarissa of Noctilucent Cloud, ou Yajou Kumo no Sarissa en version originale. Au moment de ce lancement, la série continue son chemin au Japon avec 5 tomes parus à ce jour depuis son lancement en 2017 chez Tokuma Shoten.
SARISSA of Noctulocent Cloud Vol. 1 Miki Matsuda. Kome 2018/ Tokuma Shoten Publishing Co, LTD
Panini a mis le grappin sur un titre nommé au dernier Prix Culturel Osamu Tezuka, aux côtés de l’excellent Blue Period mais aussi du prometteur Robo Sapiensu Zenshi (à venir chez Noeve Grafx). Un vrai choix donc, qui vient symboliser la reprise du catalogue par M. Choya, la nouvelle tête interne de Panini (et ancien de Viz). Pourtant, il n’est pas certain -rien n’est acquis dans le marché du manga- que la thématique de l’aviation passionne dans l’hexagone. L’exemple du très sympathique Tenjin de chez Kana le prouve. Sauf qu’ici, ce n’est pas vraiment un shônen mais un vrai titre de SF qui est proposé (publié sur le Comic Ryu, qui avait accueilli Un Pigeon à Paris, Princess Principal ou encore Monster Musume). Et ce premier tome est plutôt convainquant en la matière.
Ce titre prend place au Japon, à notre époque (on apprend que “l‘attaque américaine eut lieu il y a 70 ans“) mettant en scène la tristesse de la petite Shinobu, dotée du pouvoir d’invisibilité*. Sauf que ce pouvoir devient un fardeau (Chris Claremont n’aurait pas renié l’idée). En effet, la jeune fille est tellement ignorée par ses amis et même sa famille, qu’elle devient tout simplement transparente à leurs yeux (cela fat échos au titre éponyme, disponible chez Kurokawa). On peut même dire qu’elle se fait invisibiliser, pour reprendre un terme moderne. Malgré sa peine, Shinobu va trouver son chemin et une raison de vivre via l’intervention de l’armée de l’air qui, alertée par sa capacité d’invisibilité, l’enrôle pour passer renforcer ses défenses. Notre société et notre monde subit, dans Sarissa of Noctilucent Cloud, les attaques d’immenses créatures volantes. En étant logée dans le cockpit et en activant son pouvoir, Shinobu peut donc rendre l’appareil invisible et éviter des attaques. La voilà devenu ce qu’on appel une Fireball, soit une combattante de l’air aux capacités spéciales (et elle ne sera pas la seule).
Si on peut être surpris par l’enchainement très rapides des évènements au moment de l’ouverture, Sarissa prend ensuite le temps de poser son propos. La série oppose l’humain à des créatures, mai elle met aussi en exergue l’humain contre sa propre bêtise, entre des enfants délaissés par leurs parents ou un évident racismes (pour le coup, avec une vraie opposition de race puisque d’autres créatures pilotent), le titre se dote d’un peu d’épaisseur alors qu’un grand conflit éclate. Matsuda Miki (voir son Twitter), au scénario, semble avoir des choses à nous dire. Graphiquement, la série a du cachet grâce au talent de Kome (voir son compte Twitter). Le travail sur les différents avion se veut plutôt réaliste, tandis que le reste offre une certaines variété qu’il s’agisse du monster design ou des personnages. Ca semble baver un peu, c’est spécial comme line (volontairement irrégulier) mais ca a le mérite de ne pas être générique. Il y a de l’expressivité. Et si tout cela se porte très bien en phase de combat, le duo s’en sort à merveille pour illustrer l’opposition ou le rapprochement entre personnages, que ce soit par le cadrage ou les mots. Un vrai point fort.
Sarissa se présente donc comme un titre très intéressant de SF. Servie par dessin alerte, la série préfère mise sur le mal-être de ses personnages et leur quêtes de rédemption, de chaleur, pour ne pas dire d’Humanité, plutôt que de nous assommer d’informations concernant les combats aériens (il ne faut pas nécessairement être un fan d’Ace Combat), au demeurant réussis. Panini ne semble pas s’être trompé, espérons que la suite lui donne raison. D’ailleurs, on apprécie de voir les bonus de fin de tome, avec PLEINS de croquis et une tonne d’explications données par les artistes sur les avions et autres (quasiment 12 pages) ! Ça, c’est vraiment une plus-value !
Bruno de la Cruz
*Et non Shinobi, comme indiqué dans une première version !
Pas un titre d'avion à proprement parler. Sarissa est une vraie œuvre de SF plaçant davantage le curseur sur la quête identitaire de ses personnages. Un titre à surveiller, tant pour ce qu'il va raconter que pour son cachet artistique assumé.
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Dessin
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Scénario
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Originalité
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Audace
- AuteursMatsuda Miki (scénario) Kome (dessin)
- Editeur VFPanini
- Editeur VOTokuma Shoten
- GenreSF
- Typeseinen
- Date de sortie03.02.2021
- Prix7.99 euros €
- Lien d'aperçuhttps://www.facebook.com/media/set?vanity=PaniniMangaFrance&set=a.3968057436559525
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