5e anniversaire de GURREN LAGANN

L’esprit de l’escalier

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En France, Gurren Lagann a en effet plus connu un succès critique qu’un véritable engouement commercial. La faute peut être à des apparences très trompeuses ? Les détracteurs ou ceux qui n’ont voulu y voir qu’un énième anime de mecha arguent souvent que les créateurs de Gainax n’ont rien inventé et n’ont fait que reprendre des éléments classiques. Pourtant, il est plus vraisemblable de considérer cela dans l’autre sens. Plutôt que d’y voir un manque d’inspiration, on décèle un flamboyant hommage au genre.

Fight the power !
Pas la peine de se lancer dans de grands débats rhétoriques sur le concept de l’invention : si on y regarde de plus près, Gurren Lagann n’est même pas vraiment une série de Super Robot. Le célèbre studio japonais nous refait finalement le coup de Gunbuster (Top o nerae !) qui commençait aussi de manière éhontément clichée avant d’aborder des thèmes plus graves et de véritables idées de science fiction. On se souvient aussi de Neon Genesis Evangelion et de ses deux niveaux de lecture. Une fois de plus, Gainax utilise des codes prémâchés ainsi qu’une bonne grosse dose de fan service pour appâter le chaland, mais seulement pour mieux détourner le tout. Ainsi, derrière les bastons homériques et les décolletés plongeants, la toile de fond suinte d’une réflexion sur l’évolution et d’une critique acerbe envers l’industrialisation à outrance et les dérives du pouvoir politique.
Mais pour ce qui est du principal fil rouge, ici, l’idée n’est pas de verser dans des théories scientifiques à la Gunbuster ou dans de la psychologie / philosophie à la Evangelion (quoique de manière beaucoup plus discrète et légère, un petit laïus sur l’enfermement de l’otaku est à nouveau présent à la fin). Non, le programme du jour est : “Leçon de courage et de vie”.

Break the unbreakable !
Plus qu’une histoire de bien contre le mal, plus que des robots géants qui se foutent dessus, Gurren Lagann est le récit d’une quête initiatique, d’un chemin de croix. Là où nombre de séries nekketsu s’attardent sur un héros qui parvient à écraser l’adversité grâce à ses tripes, il est plutôt question de savoir comment trouver les tripes en question et comment se trouver tout simplement soi-même. Certes, là aussi, on reconnait des éléments classiques de narration : le guide spirituel, l’apprentissage par la douleur, l’amitié et l’amour, la recherche de la figure paternelle, etc. Mais la qualité d’écriture, l’univers original, la mise en scène magistrale, la dramatisation parfaite et surtout un incroyable sens de la démesure transcende l’ensemble. Le studio ne refait pas l’erreur de la fin d’Evangelion et n’oublie pas de divertir jusqu’au bout. Rarement (jamais?) final ne fût aussi épique et excessif que celui de Gurren Lagann ! Un certain équilibre semble être trouvé : l’accessibilité ne pâtit plus du fond et Gainax offre ses idées, sans se prendre au sérieux. Le résultat est tour à tour jouissif, drôle et émouvant (très très émouvant même…) mais parvient surtout à insuffler un vrai sentiment positif, un vrai souffle humaniste et nous donne envie plus que jamais, à l’instar des héros, de nous surpasser nous aussi. Non, Gurren Lagann n’est pas une série de Super Robot mais de super humains.

NOTES : L’intégrale de la série TV de Gurren Lagann est encore disponible en 3 coffrets DVD édités chez Beez Entertainment.
Des bandes annonces des épisodes sont également accessibles en streaming sur le portail d’Ankama (cliquez ici).
Enfin, une version manga est actuellement publiée par Glénat.

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A propos de l'auteur

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  1. GON

    + 1 Xanatos
    j'ajouterai que si les Français boudent les animes de robots géants, c'est aussi et surtout à cause de la piètre qualité scénaristiques des séries en question, créées la plupart du temps à la chaine pour vendre des jouets. Les exemples que tu cites de titres qui marchent en France sont des titres de grande qualité, bien au dessus du lot, et soit dit en passant, bien au dessus des dernières séries Gundam. Ceci explique celà.

    Pour ce qui est du manque de succès de Gurren Lagan, il est clair que Beez a été franchement nul en communication. Pire, Bandai a été très agressif à l'encontre du fansub international : Gurren Lagan est quasi-introuvable en fansub, et c'est à mon avis la raison principale du désintérêt du public : on convoite ce que l'on a sous les yeux ; on n'achète pas un titre dont on n'a jamais vu un épisode. Bon, ça ne m'a pas empêché d'acheter sur le tard l'intégrale dvd sans avoir vu un épisode, mais ce titre était loin de faire partie de mes priorités d'achats.
    Au final, c'est une très bonne surprise.
    Je reproche à Beez d'avoir passé quasi sous silence une autre excellentissime série comme Crest of the Stars, chef d'oeuvre ignoré, et de ne jamais avoir sorti la suite, Banner of the Stars, sous prétexte de mauvaises ventes.
    Beez ne savait pas mettre en valeur ses titres, et les vendaient au prix fort : ça leur a été fatal. Reste à savoir si Beez voulait être autre chose qu'une grosse vitrine Gundam.

  2. Yotadelatisane

    je l'ai découvert en fansub mais j'ai vite arrêté car j'ai compris que ce titre ne pouvait que sortir en France… Et j'ai donc acheté les coffrets collector ^^ Je ne le regrette pas ! une tuerie, un fin totalement inoubliable mais qui m'a laissé un grand regret (oui j'ai pleuré et j'ai trouvé celà injuste !!! noooon !!!!).. J'ai aussi aimé la manière que Gainax à voulu démontrer le fait "du culte de" en détruisant un mythe que nous-même, spectateur ne pouvons supporter. Vraiment, une oeuvre atypique mais totalement jouissive, boudé aussi par un marché ou trop d'oeuvres sont proposés et parfois à des prix pas si attractifs pour une jeune génération trop habituée au gratuit du net…

  3. Pa-Ming

    @Xanatos : Merci pour ton commentaire et ton analyse! smile.gif
    Pour précision: Je n'avais pas pour intention de critiquer la fin d'Evangelion mais de souligner qu'elle portait à controverse, et ce à juste titre. Bien qu'aimant énormément cette fin aussi, je peux comprendre ceux qui l'ont trouvé frustrante.

  4. Xanatos

    Attention, je tiens à apporter une petite précision: On pouvait effectivement voir légalement et gratuitement sur le site d'Ankama les épisodes de Gurren Lagann (en laissant le choix aux Internautes de les voir en VF ou en VOSTFR), mais ce n'est plus le cas à l'heure actuelle.
    Ankama rendait un épisode visible pendant une semaine… puis il était remplacé par l'épisode suivant la semaine d'après et ainsi de suite jusqu'au tout dernier.
    La série y fut diffusée de fin 2009 à mi 2010, à l'heure actuelle, seules les bandes annonces des épisodes sont disponibles sur le site.

    De plus, l'auteur de l'article risque de s'attirer les foudres des fans d'Evangelion, car, bien que très controversé, le dénouement a tout de même été acclamé par beaucoup de fans.
    Pour ma part, j'ai considéré cette fin comme originale, audacieuse et réussie, mais je comprends parfaitement qu'on puisse ne pas l'apprécier.

    Quant aux éditions DVDs, si Gurren Lagann est effectivement sorti à l'origine en trois coffrets, la série est ressorti plus récemment dans un coffret anime legends réunissant l'intégralité des épisodes vendu à un tout petit prix.
    Les néophytes souhaitant découvrir l'oeuvre ne devraient d'ailleurs pas trop tarder, car quand ces coffrets tomberont en rupture, ils ne seront plus réedités, Beez ayant hélas fait faillite.

    Sinon, il s'agit là d'un bon article qui met bien en valeur les qualités techniques et narratives exceptionnelles de ce chef d'oeuvre qu'est Gurren Lagann ainsi que les valeurs humaines prônées par la série.

    Ce titre fut pour moi une véritable claque et est assurément l'une des plus grandes séries animées japonaises des années 2000.

    Une pure merveille traversée de bout en bout par un souffle épique prodigieux et regorgeant d'émotion pure touchant directement le coeur du téléspectateur.
    Et comme le souligne Pa Ming CHIU, la fin est magnifique, monumentale et inoubliable.

    Je trouve aussi particulièrement injuste que cette bombe ait été boudée par le public français, cependant certains éléments pourraient expliquer cet échec commercial:

    – Le manque de communication autour de ce titre, Beez aurait du davantage faire de publicité sur Gurren Lagann.
    On est loin par exemple de Kazé qui met généralement le paquet pour la pub sur les titres forts de son catalogue.

    – Le fansub. A l'instar d'une série comme My Hime, Gurren Lagann a bien marché en fansub mais a été un échec en DVD, bien des sois disant fans se sont contentés de leurs fansubs sans daigner soutenir les créateurs comme l'éditeur en achetant l'édition DVD.

    – L'absence de diffusion sur une grande chaîne. Une diffusion télévisée sur une chaîne accessible à tou(te)s à une heure de grande écoute est la meilleure publicité pour une série animée japonaise.
    Fullmetal Alchemist a été un très grand succès commercial chez Dybex, néanmoins, nul doute que les diffusions de la série sur Canal + en clair qui ont cartonné ont fortement contribué à mettre en lumière la série en France.
    Or Gurren Lagann n'est passé que sur Mangas, qui est une chaîne payante touchant un public bien plus limité que Canal +, France 4 ou Direct Star.

    – Le genre des robots géants est incroyablement mésestimé en France, les seuls ayant percé auprès du grand public dans notre pays ayant été Goldorak et Robotech (la version remonté de Macross).
    Auprès des animefans français, seuls Evangelion et Escaflowne, Code Geass Lelouch of the Rebellion et dans une moindre mesure, Fullmetal Panic! ont cartonné auprès d'eux.

    Les autres animés du genre se sont lamentablement plantés chez nous qu'ils soient anecdotiques comme Dai Guard ou excellents comme The big Ô.
    Que dire des animés de Gundam qui se sont soldés par des échecs commerciaux retentissants, ce classique de l'animation japonaise de mécha étant aussi méprisé par beaucoup d'animefans que Star Trek auprès du grand public français.

    Gundam Wing aurait cependant pu devenir culte si M6 ne l'avait pas stupidement déprogrammé afin d'en faire une vitrine publicitaire pour sa petite soeur naissante FunTV.

    Quoi qu'il en soit, un grand merci à Pa Ming CHIU d'avoir rendu hommage à Gurren Lagann, cette fabuleuse série le mérite amplement. biggrin.gif