Charmant et sucré : Fruits Basket

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Editée par Delcourt, Fruits Basket n’est sans doute pas révolutionnaire, mais pourquoi bouder notre plaisir ? Cette série toujours en cours de parution au Japon fait réellement battre les coeurs là-bas ; signe de succès, une série TV de 26 épisodes réalisée par le studio Deen, a été diffusée en 2001. Son auteur, TAKAYA Natsuki, n’est pas une débutante. Après ses débuts en 1992 (Hana to Yume), cette gauchère, amatrice de jeux vidéo et de musique celtique, enchaîne histoires courtes et séries (Tsubasa o motsu mono, Ankoku Hime, notamment), et commence Fruits Basket en 1998. Furuba (abréviation de Fruits Basket) lui permet de recevoir le 25è Prix Manga de Kodansha pour la catégorie shojo. Marqué par la maîtrise graphique et narrative de son auteur, ce manga kawaï à souhait a des petits plus qui le rendent particulièrement attachant.

L’intrigue est très classique dans le genre shojo à coloration fantastique : Honda Tohru, lycéenne aux longs cheveux souples, est orpheline depuis peu. En attendant de pouvoir vivre chez sa famille éloignée auprès de son grand-père, elle campe dans un champ. Et comme si ça ne suffisait pas à son malheur, elle doit travailler le soir pour vivre. Mais courageuse et déterminée, elle garde sa bonne humeur et sa situation secrète. Comment fait-elle ? Eh bien, en tant qu’héroïne, elle se doit d’être forte, courageuse, mais aussi gentille, serviable, douce, sensible et manquant de confiance en elle malgré les nombreuses qualités que toute lectrice (ou lecteur) lui envie instantanément. Au lycée, Tohru retrouve ses deux amies, Uo et Hana, terreurs de leur établissement, mais aussi le charmant Soma Yuki sur lequel toutes les filles louchent (sauf Uo et Hana). Yuki vit dans une somptueuse maison de style japonais en compagnie de son tout aussi charmant cousin Shiguré. Incroyable mais vrai, Tohru campe sur un terrain leur appartenant. Ayant découvert la précarité dans laquelle vit Tohru, Yuki et Shiguré lui proposent de venir loger chez eux en attendant qu’elle puisse aller vivre avec sa famille. En échange, Tohru n’aura qu’à leur préparer de bons petits plats et s’atteler aux diverses tâches ménagères.
Voilà qui arrange tout le monde… Pourtant, lors de sa rencontre avec un autre membre de la famille Soma, l’impulsif mais évidemment charmant Kyô, Tohru découvre le secret qui unit les membres du clan : chacun est maudit par l’esprit d’un des animaux des douze signes du zodiaque asiatique. Au contact d’une personne non maudite, ils se transforment en l’animal dont ils incarnent l’esprit. A chaque geste maladroit, Tohru est entourée d’une ménagerie qui va en s’agrandissant au fil des pages.

Le cocktail est parfaitement dosé pour faire de ce manga une série à succès. Aucune prise de risque, que du solide. On tombe vite sous le charme de son héroïne, entre rêve et identification. Sont égrenés les fantasmes ciblés pour la jeune fille adolescente. Les situations sont purement rêvées, telle celle, de départ, d’une ado livrée à elle-même secourue par une pléiade de jeunes mâles tous plus prévenants les uns que les autres, et quasiment contrainte de vivre sous le même toit qu’eux, la pauvre. Il en est de même concernant les personnages, surtout masculins, qui nous entraînent dans un vrai concours de beauté, ces garçons associant une silhouette gracile et des traits fins à une puissance physique non dénuée de vulnérabilité… Histoire, personnages, dessin sont charmants, même si déjà vu, jusqu’aux animaux dont on pourrait craindre qu’ils ne soient pas toujours mignons a priori, et dont le transformisme évoque évidemment Ranma ½. La mystérieuse astrologie chinoise apporte la touche fantastique. Deux originalités viennent renforcer la petite touche très sympathique : les copines marginales, rigolotes et anti-potiches, Uo (blonde et mature) et Hana (brunette néo-gothique sensible aux ondes psychiques), et la maman disparue de Tohru, elle aussi rebelle dans ses jeunes années. Des personnages qui sortent un peu des archétypes habituels. Quant au propos principal du manga, il est contenu dans le titre même : la corbeille de fruits est un jeu, sorte de chaises musicales où chaque enfant se trouve désigné par un nom de fruit afin d’être appelé par la suite. Tohru, elle, recevait le nom de ” boulette de riz ” et en conséquence n’était jamais appelée. Devenue adolescente, va-t-elle enfin trouver un groupe au sein duquel elle aura sa place? Ce thème du rejet par les autres, et de l’intégration dans un groupe, l’une des préoccupations de l’âge adolescent (mais pas seulement), est lui aussi parfait pour nous émouvoir.

Tout ça est très agréable, et bien fait. Fruits Basket se lit comme on mange une barquette de fraises. Comme les fruits, c’est sucré, mais ça ne fait pas grossir. On peut donc s’empiffrer sans retenue.

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