La convention est le lieu idéal pour communier avec votre public (amen). Mais c’est aussi l’endroit rêvé pour faire connaissance avec les autres fanzines, rencontrer de nouveaux collaborateurs potentiels, ou mettre au point vos idées pour le prochain numéro. Mais parfois, le public n’est pas au rendez-vous : il ne ment pas et s’il n’aime pas votre fanzine, il ne vous l’achète pas. Il est donc très important de prendre un peu de recul après la convention, et de combler les éventuelles lacunes. Tout d’abord, si ce n’est pas déjà fait, il faut compter le nombre de fanzines vendus. Inutile de s’affoler si vos ventes ne dépassent pas la trentaine. Vous débarquez dans l’univers du fanzine, et on vous connaît à peine. Ça viendra avec le temps. Ensuite, remettez en cause votre fanzine, remaniez les choses qui vous paraissent mauvaises ou sans intérêt, voyez ce qui peut être ajouté ou enlevé. Vous pouvez par exemple développer la nouvelle rubrique “Special Guest”, ou au contraire supprimer le fan art Naruto que vous avez pu voir 350 fois dans les autres zines.
De notre côté, après avoir versé toutes les larmes de notre corps, le bilan avait été révélateur d’au moins une chose : il nous restait 60 fanzines invendus et les caisses de l’asso étaient vides. Mais nous avions une foule d’idée pour faire un numéro 2, et il n’était pas question de tout lâcher maintenant !
Le dépôt vente
Quelques années de recherche savamment menées nous ont montré que si les fanzines restent bien rangés à la maison durant toute l’année, la chance de vous faire connaître d’un public, autre que vos parents ou vos amis, se rapproche du zéro absolu. Il faut donc aller vers votre public en dehors des conventions. Un proverbe togolais dit : « si tu chasses le fourmilier, trouve d’abord les fourmis ». Bon, ça ne veut pas dire grand-chose comme ça, mais ça perd beaucoup à la traduction. Une chose est sûre, c’est que pour trouver les fans de BD, mangas ou anime il faut aller à la source : chez Dédé et sa boutique spécialisée dans la BD, le manga et l’anime :
« – Bonjour Monsieur Dédé ! On aimerait savoir si on pourrait envisager la possibilité de laisser éventuellement en dépôt-vente notre fanzine dans votre boutique, s’il vous plaît, monsieur Dédé ?
– Ah non non non, moi j’fais pas dans le fanzine, c’est trop d’emmerdes !
– Mais ne vous inquiétez pas, on s’occ…
– Nan ! D’toutes façons, on n’en vend jamais d’vos manga-trucs !
– Mais, on…
– Allez, au revoir les enfants ! »
Le réfractaire de base, limite fanzinophobe. Mais ce n’est pas la pire des espèces. Nul n’est à l’abri du commerçant qui vous propose un deal obscur consistant à retenir systématiquement un petit pourcentage (du genre 50 %) des ventes faites dans sa boutique. Le voleur de base. Notons qu’un fanzine coûte en moyenne moins de 4 euros, et que le commerçant qui cherche à faire une marge sur 4 euros est vraiment un tordu. Méfiez-vous. Cependant, tous les deals ne sont pas à délaisser.
En effet, les gérants de boutique ne sont pas tous des voleurs ou des réfractaires. Heureusement, la majeure partie des gens de ce métier sont des passionnés. Ils seront d’ailleurs vos premiers lecteurs (l’avis d’un pro ne fait pas d’mal). Certains vous proposeront gratuitement, ou en échange d’une page de publicité dans votre fanzine, de mettre votre zine en dépôt-vente. Vous laissez ainsi quatre ou cinq zines en dépôt. S’il en vend, il vous reverse l’argent et s’il n’en vend pas, vous récupérez vos zines.
Ainsi, après un samedi entier de démarchage dans la ville, nous avons déposé trois-quatre zines dans quelques librairies BD-manga et boutiques de jeux vidéo, accompagnés d’un magnifique présentoir à notre effigie. Présentoir bricolé dans une boîte à chaussure façon atelier Disney, mais toujours utile pour se dissocier des BD pro (et pour avoir du style même si l’on se retrouve au fin fond de la boutique, tout en haut de l’étagère, à coté des vieux mangas hentaï d’occase aux pages collées).
Par la même occasion, il ne faut pas oublier de noter le nombre, l’endroit et la date de chaque dépôt. Car avec une vingtaine de fanzines éparpillés dans la nature, il faut être un minimum organisé. Il est aussi indispensable d’aller vérifier fréquemment l’évolution des ventes, afin de réajuster le nombre de zines en dépôt et de récupérer l’argent. Cela permettra également de montrer que le fanzine n’est pas laissé à l’abandon dans la boutique et d’entretenir de bonnes relations avec le responsable de la boutique qui pourra, du coup, parler de vos oeuvres à sa clientèle.
La VPC
Une autre solution pour vendre vos fanzines restants est la Vente Par Correspondance (VPC) : c’est très facile à mettre en place, et il suffit ensuite d’attendre qu’on vous écrive ! En effet, les fans de votre fanzine en parlent généralement à des potes, qui veulent ensuite à leur tour se procurer un numéro et donc, vous le commandent ! Pour augmenter vos chances de réaliser une VPC, vous pouvez créer des flyers (ou “tracts” pour les vieux) que vous déposerez dans les lieux qui correspondent le plus à votre concept (boutiques, facs, asiles). Au point de vue graphique, les flyers doivent être à l’image de votre fanzine, et surtout y faire apparaître le nom du zine, le prix, une adresse fixe, le site Web et une adresse mail, sans oublier les frais de port. Notre conscience professionnelle nous rappelle aussi qu’on se doit d’y ajouter la mention « Ne pas jeter sur la voie publique », au cas où quelqu’un la respecterait. D’un point de vue technique, on dispose 4 petits flyers sur un A4, on en photocopie un bon tas, on coupe en quatre, une pincée de sel, une olive et basta !
Autre détail qui a son importance : il faut des coordonnées bancaires pour les chèques. Et oui, difficile de faire de la VPC avec des pièces de monnaie (surtout si le zine est à 2,57 ? ). Pour rester en contact avec votre public, vous pouvez créer une mailing list, afin de tenir régulièrement au courant vos lecteurs de l’évolution de votre zine. Mais attention, vu qu’il est quasiment aussi facile de prédire la sortie de son prochain numéro que les résultats du Loto, il est vivement déconseillé de s’engager sur un abonnement de 6 numéros par an sur 3 ans.
Internet est également un bon moyen de pouvoir discuter directement avec vos fans. Alors pourquoi ne pas créer un petit site avec un forum pour présenter l’activité de l’équipe, et en profiter pour y dénicher de nouveaux talents à faire participer au prochain numéro (et oui… ça ne sert pas qu’a trouver des partenaires sexuels, les forums). Mais cela demande un investissement en temps assez conséquent, alors pour ceux qui n’auraient pas le courage (ou les compétences techniques) de faire leur propre site, il reste les forums ou les blogs.
Et pour celui qui ne comprend vraiment rien à l’informatique, il y a le site www.meluzine.org, qui « souhaite référencer tous les fanzines, morts ou vivants, et ainsi aider tous ceux qui souhaitent se faire connaître ailleurs que dans leur région. Ainsi le lecteur pourra retrouver à chaque instant l’actualité des fanzines qu’il préfère et savoir si un nouveau numéro est paru et le cas échéant, où le commander. » Donc, très pratique pour être présent sur le web facilement et gratuitement.
Dans le même esprit, l’association Méluzine peut aussi vous représenter sur les conventions auxquelles vous ne pouvez pas participer. Une simple petite participation de quelques euros pour les frais de stand (20 % des ventes sans dépasser 8 ?), et votre zine se retrouve en vente sur le stand de Méluzine dans quasiment toutes les conventions de France et de Navarre.
Le Sponsoring et la prostitution
Bon, maintenant qu’une partie de vos zines sont placés en dépôt vente, il faut continuer à renflouer vos caisses. Il ne vous reste plus qu’à bien vous laver et à vendre votre corps, ou pire, à faire appel aux subventions. Le plus important lorsque l’on demande une subvention, c’est d’avoir une association 1901 (chose faite si vous avez suivi les étapes du premier article de notre série), et surtout d’avoir un projet à défendre.
En effet, la plupart des possibilités de subventions sont présentées sous forme d’aide à la réalisation d’un projet. Il faut donc bâtir un dossier complet qui regroupera vos motivations, votre expérience et la somme d’argent dont vous aurez besoin. Vous serez ensuite amenés à passer, parmi une centaine d’autres, devant un jury pour présenter de vive voix votre projet.
Vous pouvez ainsi démarcher les collectivités locales (Mairie, Conseil Général, Conseil Régional), ou, si l’un d’entre vous est étudiant, les services Culture et Initiatives Etudiantes du CROUS, ou directement les entreprises qui proposent des subventions pour financer divers projets (vous pouvez commencer par les Comités d’Entreprise de vos parents ou amis, par exemple). D’ailleurs, le KSKrew se propose de subventionner, à une hauteur de 2,70 ?, tout fanzine qui mentionnera sur sa couverture, en caractère gras, souligné en rouge : « AnimeLand.com est le plus beau et le plus intéressant de tous les sites du Web. Les gars du KSKrew sont les plus beaux, les plus forts et les maîtres du mondes. » Faisable, non ? À vous de voir.
Vous pouvez également proposer aux conventions ou festivals locaux de vous impliquer dans l’organisation d’animation, concours de BD ou autre en échange d’un stand gratuit. Sinon, il ne vous reste plus qu’à bien vous laver de partout et… euh… Non, on l’a déjà dit ça.
Voilà, avec cette dernière série de 5 articles Comment qu’on fait pour faire un fanzine, vous avez toutes les clefs en main pour financer, concevoir, réaliser, imprimer et vendre votre fanzine. Alors au boulot ! Et si vous avez besoin d’aide ou de conseils, nous effectuons même les Sévices Après Vente. Posez-nous toutes vos questions (« Dois-je utiliser un crayon HB ou 2B ? Comment se recoudre les doigts après l’usage d’un massicot ? Pourquoi personne ne veut faire de fanzine avec moi ? Comment gober un sumo ? ») sur le forum d’AnimeLand.com ou par mail à [email= komiskstrip@hotmail.com” class=”lienvert]komiskstrip@hotmail.com[/email]. Stay tuned…
Retrouvez l’actualité du KSKrew (Ex – Pouchbi Mag) sur www.KSKrew.fr.st, ou www.KomiskStrip.fr.st, ou www.PouchbiMag.fr.st.
Contact Meluzine : Association MéluZine – Gérald GALLIANO – [email= info@meluzine.org” class=”lienvert]info@meluzine.org[/email] – www.meluzine.org
.
Accéder aux précédents articles de la série “Comment qu’on fait pour faire un fanzine…” :
Part 1 : l’administration.
Part 2 : le making of.
Part 3 : la fabrication.
Part 4 : les conventions.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.