David8m

8-options, un nouveau concept de manga interactif

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Comment est né le concept de 8-options ?
Le concept de 8-options m’est apparu il y a environ deux ans. Je souhaitais proposer un scénario qui intègre directement le lecteur dans l’histoire. Avec les méthodes de publication traditionnelles, les retours des lecteurs arrivent une fois le livre/le film effectué. Le but est donc d’impliquer le lecteur, il a une vraie responsabilité sur l’avenir des héros.

On songe aux Livres dont vous êtes le héros. Qu’en est-il ?
J’en ai lu quelques-uns il y a une dizaine d’années. De nombreux lecteurs/journalistes ont fait le rapprochement avec ces livres. J’espère avoir le même succès (sourire, NDR). Néanmoins, dans les livres dont vous êtes le héros, vous devez trouver le bon chemin parmi d’autres pour arriver en un seul morceau à la conclusion. Dans 8-options, il y a autant de chemins possibles que de choix donnés… et ils sont indépendants les uns des autres. Il n’y a donc pas de bon ou de mauvais choix et toutes les options pourraient se dérouler en parallèle.

D’où vient ce nom ?
J’ai choisi d’appeler cette œuvre 8-options car le 8 rappelle l’infini. Il s’agit donc plus d’une infinité de choix différents plutôt que 2 ou 8 en particulier.

Quels objectifs t’es-tu fixé avec 8-options ?

Tout d’abord de divertir et de partager avec le plus de gens possible ! Mes autres métiers sont l’événementiel et la production, j’ai toujours profondément souhaité que les gens s’amusent grâce à mes créations, mon organisation. D’autre part, je pense que le monde de l’édition est actuellement à un tournant et qu’il faut ouvrir la voie à de nouveaux modes de publication. J’essaye donc modestement de proposer un nouveau mode d’édition qui soit intéressant et équitable pour les lecteurs, l’éditeur mais aussi surtout pour les auteurs.

Quelle place occupe Dara dans la conception du projet ?
Dara est sans aucun doute la pierre angulaire du projet ! Sans lui, pas de 8-options ! Si j’ai attendu si longtemps avant de me lancer, c’est que je n’avais pas trouvé le bon dessinateur avec qui travailler. Je cherchais quelqu’un de très doué en dessin, ouvert à de nouveaux projets, capable de tout dessiner avec un style pouvant satisfaire tant les fans de manga, de bd et de comics. Ça c’est pour la partie technique. D’un point de vue comportemental, Dara est une des personnes les plus émouvantes qu’il m’ait été donné de rencontrer, le courant est tout de suite passé. Finalement, le projet reposait sur le respect des délais et là encore, le passé de Dara (dans le jeu vidéo) lui a permis d’acquérir une rigueur bienvenue compatible avec une créativité éblouissante. C’était donc lui.

Pourquoi signes-tu le storyboard avec Dara ? Souhaites-tu ainsi avoir un contrôle plus sûr concernant le récit ?
Il ne s’agit pas vraiment de contrôle mais plutôt de travail à quatre mains. C’est le plus sûr moyen de transmettre une information. Le texte c’est bien, mais on est avant tout dans un roman graphique, l’image est donc essentielle. Bien sûr, je n’ai pas le talent de Dara pour le dessin, mais je me débrouille en infographie. J’utilise donc d’autres moyens comme le graphisme ou la 3D en supplément du texte pour transmettre ma pensée le plus fidèlement possible. Malgré tout, il s’agit vraiment d’un dialogue, je lui propose des constructions de page et des plans et on discute, il change des choses, en garde d’autre et je valide la grande majorité de ses modifications. D’un point de vue purement technique, cette méthode permet aussi de gagner du temps et d’éviter trop d’incompréhensions et de retour en arrière, vecteurs de frustrations et de temps inutilement gâché. Et 8-options nous impose une vraie course contre la montre.

Comment es-tu entré en contact avec lui ?
Lors d’une séance de dédicaces en Suisse. Le courant était bien passé, j’ai alors souhaité travailler avec lui sur différents projets (notamment Polymanga et Art to Play). J’ai été plus que satisfait de ces 2 premières collaborations et j’ai donc décidé de lui parler de 8-options.

Dans quel genre se déroule 8-options ?
8-options se déroule dans un futur proche, en 2025. L’idée était de pouvoir rattacher l’univers de l’œuvre dans le présent tout en se permettant de ne pas coller à la réalité immédiate. On peut donc s’amuser à inclure des éléments de pure création narratifs dans le monde actuel. Concernant la thématique, le concept va nous permettre de faire évoluer les sujets abordés au fur et à mesure des souhaits des lecteurs. Si les deux premières pages ressemblent à une BD d’action virile, l’œuvre variera au gré des choix dans différentes thématiques sentimentales, sportive, d’aventure, de SF, d’intrigue etc. Ce format nous laisse un choix rafraîchissant qui j’espère plaira aux lecteurs.

Comment avez-vous imaginé les deux premières pages du manga ?

Il a fallu d’abord installer un univers ainsi que des personnages et les connecter ensemble, une fois l’intrigue générale établie. Le but avoué est de responsabiliser le lecteur. Chacun se crée des choix de vie, chaque jour. Vos décisions ont un impact sur votre destin, mais aussi sur celui de tous vos voisins. J’ai donc voulu parachuter le lecteur dans l’intrigue, sans ménagement, tout comme il y serait confronté dans la vie réelle. Demander au lectorat de faire ce qu’ils convient de faire en de telles situations, interroger leur inconscient ou leur conscience. Car le bien des uns peut devenir le mal des autres, il n’y a donc pas de considération bonne ou mauvaise, juste une conséquence. Vous voyez Shun se faire frapper alors que le téléphone est subtilisé, comment réagiriez-vous ?

On peut influer sur l’évolution du récit. Mais avez-vous déjà produit le canevas général ?
Globalement, j’ai 4 coups d’avance sur le choix du public. Je donc imaginé 16 scénarios différents (2 x 2 x 2 x 2). Je dois en renouveler 8 toutes les 2 semaines, puisqu’une branche est coupée par les choix des lecteurs. Il y a une trame générale globale, un univers et différentes réflexions déjà établies. Mais il n’est pas improbable que celle-ci évolue au fur et à mesure des choix du public, je ne demande qu’à être surpris.

À terme, est-il envisageable d’imaginer que le public puisse directement imaginer sa suite sans passer par un choix entre deux options ?
Il s’agit plus là d’une construction de jeu vidéo ou de visual novel où tout est prédéfini à l’avance. Ce n’est pas exclu, mais cela requiert d’y travailler non-stop pendant plusieurs mois, ce qui n’est pour l’instant pas compatible avec nos deux emplois du temps.

Et concernant les personnages, sont-ils là-aussi prédéfinis ?

Les premiers le sont, de nouveaux arriveront régulièrement. Il ne fallait pas créer trop de personnages à l’avance. Etant donné que l’histoire est interactive, de nombreux protagonistes auraient pu passer à la trappe et nécessiter du temps de travail gâché. Dans votre vie, vous manquez probablement de belles rencontres. Fort heureusement, par vos choix, vous en rencontrez de toutes aussi belles.

Concrètement, vous avez deux semaines pour produire une nouvelle planche. Sur le temps imparti, comment s’organisera le travail entre Dara et toi ?
Toutes les deux semaines, nous produisons une à deux planches avec un nouveau choix. De mon côté, cela me prend environ un à deux jours de travail. Je pense qu’il en est de même pour Dara. J’imagine d’abord les huit scénarios supplémentaires à l’écrit. Je travaille ensuite la disposition des cases pour les deux pages en cours et la façon de l’aborder de manière graphique. Dara apporte ensuite toute son expérience, sa créativité et sa bonne humeur pour améliorer mon travail avant de passer au dessin des deux pages en cours. J’accepte sans problème ses critiques et vice-versa. Le but étant de fournir les meilleurs pages possibles au public en optimisant au maximum le temps passé sur l’œuvre.

La BD étant gratuite, comment allez-vous financer le projet ?
Tout d’abord en évitant les dépenses secondaires. Bien qu’appréciant le toucher du papier, je reste persuadé que ce support n’est pas indispensable dans un premier temps. On peut passionner des lecteurs sans papier. Il n’y a donc pas de logique à dépenser 40 % du budget d’un projet dans l’espoir que des gens l’achètent. Il suffit de regarder les taux de piratage élevés qui gangrènent les éditeurs traditionnels. Mais si c’est gratuit, ce n’est plus du piratage, c’est un simple partage. On en revient au fondement même de ma volonté. Malgré tout, en tant que producteur, il faut bien payer le dessinateur, la publicité, la technique… et moi en dernier recours. J’ai donc décidé de ne pas me verser de salaire et de faire de l’investissement pur dans ce projet. À terme, en parallèle de la gratuité, les lecteurs pourront décider s’ils veulent nous aider financièrement par micro-transaction, acheter des produits dérivés ou même un livre papier… Mais du début à la fin, ils auront le choix ! En bref 8-options est gratuit, mais si tu apprécies notre travail, tu peux nous donner un euro ou deux ou acheter un produit dérivé qui nous aidera à continuer.

As-tu un message à transmettre à tes futurs lecteurs ?
J’espère que 8-options vous plaira et saura vous surprendre, souligné par le travail artistique fantastique de Dara. Merci d’avoir lu avec attention cette interview, et à tout de suite pour votre prochain vote !

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A propos de l'auteur

Nicolas-Penedo