Ong-Bak

Bienvenue à Muay Thaï Land !

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Depuis toujours, les meilleurs films d’arts martiaux nous viennent de Hong Kong,
seul territoire ou le genre excelle depuis près de 50 ans. Tous les fans de cinéma
HK ont en tête des chefs d’oeuvre tels que Fist Of Fury, Fist Of Legend, Drunken Master 2, la saga des Il Etait une fois en Chine ou encore
Iron Monkey. Bien sûr, il ne faut pas omettre les stars martiales qui
ont largement contribué au succès du genre : Bruce LEE, Jackie CHAN, Samo HUNG,
YUEN Biao, Jet LI, Michelle YEOH et Donnie YEN sont les plus connues. Peu de pays
ont tenté de rivaliser dans ce domaine, préférant même importer les spécialistes
hongkongais tant leur expérience et leur savoir-faire en la matière sont supérieurs
! Aujourd’hui, alors que le film de kung-fu   tout comme le wu xian pian
(1)   semble passé de mode à Hong Kong, la surprise pourrait venir d’un pays auquel
personne n’avait pensé, et qui pourtant parait évident : la Thaïlande ! Eh oui,
la Thaïlande, l’autre pays du coup de tatane dans la poire, berceau d’un art martial
redoutable et réputé pour sa brutalité, appellé muay thaï
(nommé plus communément boxe thaïlandaise en France ou, à tort, kickboxing). Les films commençant à s’exporter
en Europe, c’est l’occasion de découvrir un pan de cinéma qui a l’air tout récent
chez nos amis thaïlandais.

Ong-Bak est un film d’arts martiaux tourné en 2002 par le jeune réalisateur
Prachya PINKAEW, dont c’est le premier long métrage. Si le film a rapidement acquis
la réputation d’être spectaculaire et très violent,
c’est surtout grace sa vedette Panom YEERUM (ou Tony JA en occidental)   déjà comparé
aux meilleurs combattants HK pour ses prouesses   que Ong-Bak bénéficie
d’un buzz des plus favorables.

Le pitch…

Dans un petit village de province, la tête d’un bouddha a été dérobée par
un trafiquant de la capitale. Les villageois décident d’envoyer Ting (Panom YEERUM),
un jeune homme expert en muay thaï, pour récupérer l’objet volé. Pendant son périple,
il fera la connaissance de deux escrocs qui lui prêteront main forte…

Vous l’aurez compris, le pitch ne brille pas par son originalité. Mais est-ce
vraiment ce que l’on cherche dans un film faisant la part belle aux combats martiaux
? Bien sûr que non ! Et Prachya PINKAEW ne s’embarrasse pas d’un scénario au twist
improbable et va droit à l’essentiel : l’action ! Pourtant, il faudra attendre
près d’une demi-heure avant de voir notre héros passer véritablement à l’oeuvre,
dans une mémorable course-poursuite à pied dans les rues de Bangkok. Le jeune
Panom fait montre de capacités athlétiques tout simplement exceptionnelles,
qui nous rappellent celles d’un Jackie CHAN de la grande époque (Project A
par exemple) ! On retiendra particulièrement le passage où Ting glisse en position
grand écart sous une voiture, et celui où, piégé dans un marché bondé, il va littéralement bondir d’épaule
en épaule pour s’échapper ! Et le tout sans le
moindre câble s’il vous plaît ! Après cette course effrénée, les premiers combats
font enfin leur apparition et vont s’enchaîner sans temps mort.

C’est du bourrin qu’on vous dit !

Il faut bien l’avouer : Ong-Bak est à la hauteur de sa réputation. Le
réalisme des coups portés est saisissant, à tel point que l’on se surprend à faire
la grimace lorsque les combattants mordent la poussière ! Là encore, Panum YEERUM
nous prouve que les quatre ans qu’il a passé à s’entraîner pour le film n’ont
pas été vains. Ce garçon pourrait en effet s’imposer comme la relève des Jackie
CHAN, Jet LI et autre Donnie YEN. C’est avec maestria qu’il distribue coups de
pieds acrobatiques dans les gencives, joue des coudes (qui finissent souvent au sommet
du crâne des méchants), et balance coups de genoux bien placés, pour le malheur de ses adversaires
! Ne cherchez pas une quelconque philosophie ou dramaturgie lié à l’art martial
comme on en trouve dans les films HK : il n’y en a pas ! C’est du bourrin qu’on
vous dit !

Il est difficile de croire que le tournage se soit déroulé sans incident,
vu la brutalité qui se dégage des nombreux affrontements. Les protagonistes encaissent
les coups, se télescopent, retombent très lourdement sur le sol…
et se prennent même des coups de pieds enflammés en pleine figure !

La bataille finale atteint d’ailleurs un degré de violence rarement montré à l’écran.
Cette brutalité inhérente au muay thaï, art martial misant avant tout sur l’efficacité,
contraste avec les chorégraphies
gracieuses made in Hong Kong auxquelles bon nombre de cinéphiles sont
habitués. Si pour vous, muay thaï rime avec les « van dammeries » du plus
« aware » des belges, vous risquez fort d’être surpris !

Ong-Bak aurait pu devenir le metre-étalon du film de baston, si sa réalisation
n’était pas aussi plate. En effet lors des combats, Prachya PINKAEW utilise trop
souvent les plans larges, laissant certes une grande lisibilité de l’action, mais
manquant de dynamisme. On regrette aussi que certains passages soient un peu trop
sombres pour bien distinguer l’action (le combat dans la grotte). Les chorégraphies
sont assez réussies bien que parfois sommaires, et entrecoupées systématiquement
de ralentis soulignant une technique de combat particulière. Cet effet de style a son charme au début,
mais finit véritablement par lasser.

Quand à ce bon Panom YEERUM, s’il est un brillant combattant et dispose d’un certain charisme naturel,
en revanche, force est de reconnaitre que le bonhomme n’a rien d’un Charlton HESTON ! C’est
un peu le cas pour le reste du casting qui fleure bon l’amateurisme, pas aidé il
est vrai par un scénario usant de grosses ficelles.

Néanmoins, malgré les défauts que comporte Ong-Bak, Prachya PINKAEW prouve
qu’il faudra désormais surveiller la Thaïlande en ce qui concerne le cinéma d’action. Le film
n’est pas l’actioner ultime tant attendu (à l’instar d’un Versus) et
ne peut rivaliser avec les meilleures productions hongkongaises, mais il comporte
suffisamment de combats spectaculaires pour plaire aux aficionados.
C’est aussi l’occasion de découvrir un nouvel artiste martial aux capacités
physiques hors du commun et qui, si jamais il était exploité par les ténors
du genre, ferait à coup sûr un malheur ! En tous cas, Panom YEERUM fait là un
début très prometteur.

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