Transformice, c’est le projet ambitieux de jeux vidéo initié par Mélanie Christin et Jean-Baptiste Le Marchand, formés à l’écurie Ankama. Avec plus de 64 millions d’inscrits parmi lesquels deux millions de joueurs actifs, il a renouvelé le jeu sur navigateur !
Le principe est simple : sous la forme d’une souris, le but de ce jeu de plate-formes est d’atteindre le morceau de fromage. Pour y arriver, le seul mot d’ordre est l’entraide entre joueurs, notamment grâce à l’aide de la souris chaman qui dispose des obstacles qui facilitent l’accès au Saint Graal.
Aujourd’hui, Transformice n’est plus qu’un jeu vidéo : il a franchi les frontières du transmedia pour être adapté en dessin animé ! La série est donc devenue une websérie de 78 x 7 min diffusée sur Youtube, en association avec le studio de production Cross River.
Pour comprendre le phénomène, une interview de Mélanie Christin et Jean-Baptiste Le Marchand a été réalisée pour Animeland 209. En exclusivité, voici le complément de ce reportage !
Vous avez créé votre société de jeux vidéo. Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres éditeurs ?
Nous sommes assez atypiques comparé au paysage vidéoludique français, dans le sens où nous faisons du jeu à la fois massivement multijoueur et sur navigateur. Cela demande des compétences totalement différentes par rapport aux autres studios, notamment dans la gestion de communauté et le game design.
Nous sommes un petit studio (10 personnes) comparé à certains confrères, mais la taille de notre communauté nous permet d’avoir une place de choix dans l’industrie.
Est-ce difficile pour un studio français de se faire une place sur la scène jeu vidéo internationale ?
Techniquement il n’est pas plus dur pour un Français que pour un Espagnol de percer dans l’industrie du jeu vidéo, mais la France souffre d’un très mauvais niveau en anglais, ce qui empêche certaines structures de se développer correctement à l’international. Nous sommes encore très fermés sur une image d’Épinal du jeu vidéo, comme quoi seuls les pays les plus industrialisés (soit nos voisins) jouent, or ce n’est pas le cas. Il y a énormément de pays dans lesquels il est possible de se faire une place, il suffit d’aller les chercher.
On argue souvent que le Canada écrase toute concurrence par ses subventions en faveur des jeux vidéo, et c’est vrai pour une partie de l’industrie, mais pas pour son ensemble. La France offre aussi des subventions pour accompagner à la fois la création d’entreprise, et le jeu vidéo plus spécifiquement avec le FAJV (Fonds d’Aide au Jeu Vidéo) et le CIJV (Crédit d’Impôts Jeu Vidéo).
Votre entreprise est installée à Marcq-en-Barœul près de Lille. Cette région semble se dynamiser de plus en plus avec l’émergence de nouvelles sociétés. Vous a-t-elle soutenus ?
Tout à fait ! Nous ne savions pas vers qui nous tourner lors de la création de notre société, nous nous sommes alors rendus à la Chambre de Commerce et d’Industrie qui a su nous conseiller gratuitement. Nous avons ensuite intégré le réseau des Ruches d’Entreprises du Nord, qui est un système d’accompagnement très complet pour les jeunes entreprises : on y trouve des bâtiments aux loyers et à l’infrastructure avantageux, un accompagnement professionnel de la part du Directeur de Ruches avec qui plusieurs rendez-vous trimestriels sont programmés, et l’on profite de tout son réseau business. Cela nous a vraiment permis de nous structurer et de prendre notre envol sereinement, et nous en sommes très reconnaissants.
Nous avons aussi profité du Contrat Création spécifique à la région Nord, qui subventionne chaque création d’emploi à hauteur de 2000 €, afin de pouvoir acheter tout le matériel nécessaire.
Vous êtes très actifs et présents pour vos joueurs, que ce soit sur les réseaux sociaux ou IRL dans le monde entier. Pouvez-vous nous parler de ces rencontres ?
La communication avec nos joueurs est vraiment un pan primordial pour notre studio. Nous dévouons 20 % de notre effectif uniquement à cela, et nous engageons continuellement le dialogue avec notre communauté car nous estimons que cela est essentiel pour un jeu en ligne, et encore plus pour un studio indépendant. Les grands studios font intervenir tellement de monde qu’il est compliqué de tisser un lien d’humanité entre le studio et ses joueurs, or aujourd’hui les joueurs sont demandeurs de plus de lien humain avec les créateurs.
Nous avons rencontré beaucoup de joueurs dans différents pays, en Allemagne, en Pologne, Biélorussie, Turquie… Ils ont tous leur manière différente d’exprimer leur attachement au jeu ! Mais à chaque fois, ce sont de magnifiques rencontres, ils sont toujours très enthousiastes et les étoiles dans leurs yeux sont le meilleur carburant pour continuer à faire ce que l’on fait !
Remerciements : Mélanie Christin, Jean-Baptiste Le Marchand et Marietou Diakho.
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